Abréaction

N o u s

Lui

Et alors, doucement, j'approche mon visage du sien. Je remarque un minuscule grain de beauté près de sa narine gauche, ses pupilles dilatées.

- Est-ce que tu m'aimes ? Murmure-t-elle à quelques centimètres de mes lèvres.
- Tu es aveugle, Victoire.

Elle sourit et je l'imite.

- Je veux te l'entendre dire.

J'approche mes lèvres du lobe de son oreille, sourit un peu plus en la sentant trembler sous mes doigts, et souffle:

- Je t'aime Victoire.

Ses mains poussent mes épaules contre le matelas. Nos bouches se rencontrent dans un souffle rageur, avides et violent. Elle domine jusqu'à ce que je la renverse sur le dos. Le baiser devient plus lent, mais tout aussi passionné. Elle se redresse, croisant ses bras derrière mon dos et enfonçant ses doigts dans mes cheveux. Ses ongles déchirent ma peau. J'attrape ses hanches pour la faire glisser sur mes cuisses. Cependant, je sens quelque chose d'humide et chaud contre ma peau, un goût salé sur ma langue. Je recule un peu et découvre les joues mouillées de Victoire.

- J'ai fait quelque chose de mal ? M'inquiété-je.

Elle colle son front au mien, un sanglot dans la gorge.

- Non, c'est parfait.
- Tu pleures, soupiré-je en essuyant ses pommettes avec le tee-shirt qu'elle m'avait fait enlever.
- C'est juste un trop plein d'émotions, tout va bien. Embrasse-moi, jusqu'à t'en écorcher les lèvres. S'il te plaît.

Je la contemple quelques instants dans la lumière de la nuit avant d'obéir à ses sollicitations. Nos âmes s'emmêlent, m'arrachant un peu de moi pour mieux me nourrir d'elle. Et comme toutes les nuits, on se tue à s'aimer.