Gardénia Tome 2 : Dahlia

Chapitre 10

Il était trois heures du matin. Comme d'habitude, Carmen s'était réveillée en sursaut à cause d'un cauchemar, ce qui signifiait que sa journée commençait. Heureusement, c'était le week-end, elle pourrait donc sûrement récupérer. Lorsque Logan se réveillerait, elle lui demanderait ses pillules miracle, car elle n'allait pas pouvoir continuer comme ça indéfiniment.

La jeune fille avait donc décidé de descendre pour se faire un café. La tasse à la main, elle s'appuya contre le plan de travail et entendit avec surprise quelqu'un descendre les escaliers. Ce n'était autre que Piotr, qui ne paraissait pas surpris de la voir.

_ Qu'est-ce que tu fais là? Demanda Carmen calmement.

_ Je pourrais te retourner la question, répondit-il en se servant lui aussi une tasse de café.

Contrairement à Carmen, qui ne parlait avec aucun accent dans les deux langues, Piotr avait conservé un accent russe, ce qui lui faisait rouler les R. Bien sûr, les deux jeunes gens s'étaient rencontrés en Pologne, mais Piotr était né en Russie. Le russe était donc sa langue natale. Carmen se rappelait qu'à l'école, il n'avait pas beaucoup d'amis, car il ne parlait pas très bien le polonais. Elle avait été l'une des seules à l'aider dans son apprentissage, et à l'apprécier tel qu'il était.

_ Je t'ai entendu descendre les escaliers, et je voulais voir si tout allait bien, expliqua-t-il en buvant sa tasse fumante.

_ J'ai fait un cauchemar, murmura-t-elle.

Le silence se fit dans l'institut endormi.

_ Tu comptes m'expliquer comment tu es arrivé là? Demanda Piotr en regardant Carmen dans les yeux.

Il était tard, mais Carmen lui expliqua tout de A à Z. Elle commençait à être fatiguée de toujours raconter la même histoire, mais il lui semblait important de mettre Piotr au courant. Après tout, il avait pensé qu'elle était morte pendant huit ans de sa vie.

_ Voilà tu sais tout, termina-t-elle, la gorge serrée. J'étais pas comme ça avant. Je sais pas ce qui a eu cet effet sur moi, si c'est le retour de mes souvenirs ou le fait que ce soit peut-être moi qui ai fait exploser cette maison, ou autre chose. Je suis carrément larguée.

Contrairement à tous ceux à qui elle avait parlé, Piotr fut le seul à ne rien dire. Il hocha simplement la tête et posa sa main sur son épaule :

_ Je suis content de te revoir.

_ Moi aussi, répondit Carmen en souriant.

C'était la première fois qu'elle souriait depuis qu'elle était revenue.

_ Que le temps à passé! S'exclama-t-elle. Et toi? Qu'est-ce qui t'es arrivé depuis tout ce temps?

_ Je suis reparti en Russie peu après l'explosion. J'ai eu du mal à me remettre de ta mort. Tu avais été ma seule amie à l'école, tu le savais?

Carmen hocha la tête. Il poursuivit :

_ Contrairement à certains, lorsque j'ai découvert mes pouvoirs, personne ne m'a rejeté. J'ai vécu heureux pendant tout ce temps, jusqu'à ce que le professeur me propose de venir ici. J'ai hésité longtemps, je ne me voyais pas quitter ma famille. Et puis je me suis dit que rien ne m'empêchait de rentrer quand je le voulais. Alors j'ai accepté.

_ Le professeur est quelqu'un de bien, même si nous avons eu des... Désaccords, souffla Carmen en se rappelant de sa réaction violente.

Soudain, un cri retentit dans le manoir silencieux. Le sang de Carmen se glaça dans ses veines.