Chapitre neuf.

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Erika. En bas. Je me retourne en regardant mon lit: Léonie. Hugo regarde mon air paniqué. Si elle voit ça, elle va me tuer, ça sera fini, elle ne cherchera même pas à comprendre. Hugo comprend.

« - T'as rien fait de mal hein ? me demanda-t-il

- T'es dingue ou quoi, manquerait que ça dans ma vie. On a parlé puis on s'est endormis, je l'ai portée dans le lit, c'est tout.

- OK, alors tu la réveille et moi je rassemble les affaires de Mia pour éviter le retard. »

J'acquiesce et nous rentrons dans la chambre, je me dirige vers le lit. Elle est belle quand elle dort, ses longs cheveux bruns sont en pagaille étalés autour d'elle, je n'avais jamais remarqué ses tâches de rousseurs discrètes sur le nez. Je la secoue gentiment « Léo... Léo ». Elle ouvre un oeil puis s'assit dans un sursaut.

« - Bon Dieu qu'est-ce que je fais encore ici? Il est quelle heure? demanda-t-elle précipitamment en se frottant le visage

- Il est presque neuf heures du mat, on s'est endormis hier. Faut se magner, Erika est en bas, si elle te voit elle nous tue tous les deux. »

Elle se leva rapidement et rassembla ses affaires avant d'aider Hugo à finir le sac de Mia. J'allai me passer un coup d'eau sur le visage quand j'entendis quelqu'un frapper. J'ouvris la porte, c'était Erika. Nous avions signés nos arrêts de mort...

Erika entra dans la chambre en me lançant un regard noir et se dirigea vers le canapé. Hugo et Léonie étaient là-bas, elle avait Mia dans les bras et lui donnait son biberon.

« - Tiens Erika! dit Hugo d'un ton enjoué. Comment vas-tu?

- Salut Hugo, Marine est en bas si tu veux. Pourquoi la baby-sitter est encore ici Antoine? demanda-t-elle en se retournant vers moi en ignorant la question d'Hugo.

- Bah en fait hier, quand je suis sortie de la chambre j'ai croisé Hugo, pas vrai? dit Léo

- Ouais, et puis on a parlé autour d'un café, et puis il était tard et on s'est endormis sur le canap de ma chambre, suivit Hugo

- Et ce matin quand Hugo m'a réveillée j'me suis rendu compte que j'avais oublié mon livre ici, dit-elle en empoignant son livre qui trainait sur la petite table basse.

- Et comme Antoine n'était pas prêt et en retard, tu le connais hein, on a décidé de l'aider. renchérissait Hugo 

- C'est pour ça que ... dit Léo en secouant le biberon vide de Mia pour faire comprendre à Erika la raison de sa présence ici. »

Ils m'avaient sauvés, merci. Léonie donna Mia à Erika.

« - Bon moi j'y vais, c'était un plaisir. Votre fille est adorable. dit-elle en regardant Erika qui l'ignora royalement

- Encore merci Léo, tiens lui dis-je en lui tendant un billet de 50€ alors que je la raccompagnais à la porte

Elle me regarda puis rigola

- C'est même pas la peine d'y penser, j'ai fait ça pour vous dépanner Antoine. »

Je lui fit un sourire et Hugo lui dit « Attends je descends avec toi » avant de la rejoindre. Je me retournai et regardai Erika qui changeait la petite.

« - Tu aurai pu m'envoyer un message lui dis-je »

Elle souffla

« - Mais Erika c'est quoi ton problème en ce moment?

- J'en ai marre de tout ça dit-elle sèchement

- De tout ça quoi? On a enfin ce qu'on voulait, on a fondé notre famille!

- Mais j'en peux plus, des ballons, des déplacements, des journalistes, des filles, t'es jamais là, j'suis épuisée de tout ça. dit-elle en posant Mia dans sa nacelle

- Erika, tu savais que ce que ça serait. Je pensais que c'était du sérieux, que tu étais sure de toi, encore plus avec l'arrivée de la petite.

- Peut être qu'on aurait pas dû Antoine! dit-elle en élevant la voix

- On aurait pas du quoi?

- Avoir un gosse à 24 ans. Mes amies sortent et moi j'suis la à garder la petite pendant que tu cours sur le terrain sans être fichu de décrocher un titre cracha-t-elle en me regardant dans les yeux.

Le venin avec lequel elle venait de me piquer me brûlait le coeur. Les larmes me montaient aux yeux. Tout ça c'était donc ma faute? Pourtant cette famille on l'avait désirée. On avait été heureux.

- Je vais partir Antoine, je vais déposer la petite à Macôn chez tes parents et je rentrerai à la maison. dit-elle en empoignant la nacelle

- Et après? demandais-je la voix tremblante

- Je rassemblerais mes affaires et ça sera tout, lâcha-t-elle froidement

- Mais Erika, tu peux pas me laisser, nous laisser, pense à Mia, dis-je en m'effondrant en larmes

- J'ai quelqu'un Antoine. lâcha-t-elle en sortant de la chambre sans se retourner. »

J'avais tout perdu, l'amour de ma vie m'avait échappé. Elle s'était sauvée en me poignardant d'un grand coup dans le coeur, en prenant soin de bien remuer la lame. J'étais anéanti, adossé au mur de ma chambre d'hôtel que j'allais devoir quitter d'ici quelques minutes, les larmes avaient envahi mon visage. Je me sentais coupable, ma carrière avait gâchée ma vie familiale. Du moins c'est ce qu'elle avait essayer de me faire ressentir en me balançant ces vulgaires mots au visage.

Après une dizaine de minutes au sol, le regard dans le vide, j'inspirai un grand coup puis me levai brusquement. Je devais faire abstraction de ce trou dans ma poitrine au moins pour la matinée. Nous avions rendez-vous à l'Elysée. Je pris une douche rapide avant d'enfiler mon ensemble bleu. Quelle fierté, même après cette défaite. Lorsque je revins dans ma chambre Hugo était assis sur le lit, il se tordait les doigts dans tous les sens, et leva brusquement la tête lorsque je me racla la gorge pour me faire remarquer.

« -Faut y aller mec, dit-il doucement comme pour ne pas me blesser

-T'es au courant pas vrai? dis-je en soutenant son regard

- Je suis désolé mec, elle est partie comme une furie j'me doute de ce qui s'est passé dit-il gêné

- Elle m'a quitté, elle a quelqu'un... dis-je en ravalant un sanglot »

Hugo n'eut pas de réponse à me donner, il me serra dans ses bras quelques instants avant d'empoigner ma valise. Je le suivis jusqu'à l'ascenseur.

« - Je vais passer pour un con devant tout le monde, le cocu de service putain, dis-je énervé

- T'as rien à te reprocher d'accord, il faut te laisser du temps, penser à toi, me rassura Hugo

- Elle devait venir à l'Elysée Hugo, j'vais paraitre ridicule

- Invite Léonie dit Hugo simplement

- C'est pas une bonne idée, et puis faut arrêter de la voir comme celle qui peut toujours nous sauver la vie. Elle va finir par croire qu'on se sert d'elle et de sa gentillesse.

- T'as sans doute raison, t'en fait pas, ce soir tu es de retour à la maison Antoine dit-il en posant une main sur mon épaule »

Hear our hearts beat together  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant