Chapitre 17

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L'insomnie est ponctuelle une fois de plus cette nuit. Mais la raison est autre que d'habitude, je n'arrête pas de ressasser cette soirée dans les moindres détails, remplie de timings parfaits. Je souris et baisse le regard pour admirer cette fille endormie contre mon torse. Elle est si belle. Elle soupire et se retourne, me dégageant de son emprise. Je me redresse et me lève pour me rendre sur le balcon. Je m'assois sur la chaise et jette un rapide coup d'oeil vers elle pour m'assurer qu'elle dorme toujours, puis j'allume une cigarette. Je regarde le soleil se lever à l'horizon et une question me vient en tête. Et maintenant, qu'est-ce qu'il va se passer ? D'habitude je fuis ces questions là, elles ne me viennent même pas en tête. Mais cette fois -ci, c'est différent. Elle est différente. Je sens que pour elle, je pourrais faire des dingueries. J'aimerais lui montrer qu'après tout ce qu'elle a traverser, il y a toujours de l'espoir et qu'il ne meurt jamais. J'aimerais lui montrer qu'on peut y arriver à deux, qu'ensemble on peut tout faire. Mais elle n'a pas cette vision là des choses. Elle a une vision particulière, qu'elle seule peut comprendre. J'ai beau m'efforcer à la comprendre, elle garde ses pensées morcelées pour elle et elle finit par s'y perdre sans s'en rendre compte. Cette nuit, on s'est liés l'un à l'autre d'une façon que je n'avais encore jamais exercé auparavant. C'est comme si cette connivence entre nous avait fait naître des sentiments. J'aime cette fille. En amitié d'abord, mais aussi en amour. Je crois que je deviens fou. Ouais, fou d'aimer une fille que je connais à peine mais qui pourtant occupe chacune de mes pensées, du matin jusqu'au soir. Et je ne sais pas si elle s'en rend compte, je crois que c'est le pire. J'ai peur que pour elle, ça ne soit qu'une amourette de vacances. Et je le comprendrais, puisque je m'en vais dans moins de deux semaines. Qu'est-ce qu'il en adviendrait après ces deux semaines ? Je préfère me concentrer sur le présent, sur cette belle brune qui dort dans mon lit. J'écrase ma cigarette et reste assis, à regarder le ciel rosé remplacer la noirceur de la nuit. Finalement, aux premiers rayons du soleil, je sens la fatigue pointer le bout de son nez. Après quelques bâillements, je décide de rejoindre Aurose, et de m'endormir à ses cotés. 

Je sens un poids s'écraser contre moi. Un souffle s'échappe de ma gorge et j'ouvre les yeux, manquant de m'étouffer. Je repousse Jordan et me redresse précipitamment. 

-T'es malade ou quoi putain ! Dis-je en lui lançant un regard noir.

Il éclate de rire et se relève.

-Sort de ce lit la belle au bois dormant, t'as dormi toute la journée. C'est la nuit qu'il faut dormir mon pote. 

Je soupire et passe ma tête sous l'oreiller en gémissant.

-Dégage.

-Aurose t'attend en bas.

Je me lève immédiatement et me tourne vers lui, peinant à garder les yeux ouverts.

-Pourquoi ? 

Il hausse les épaules.

-Aucune idée. 

Il sort de ma chambre en laissant la porte ouverte et l'envie de lui crier "FERME LA PORTE" est beaucoup trop forte. Je me frotte les yeux et me lève pour aller prendre une douche. Une fois habillé et coiffé, je visse une casquette sur ma tête et descend l'esprit curieux. Je vois Jordan et Lyess sur la terrasse alors je vais m'asseoir avec eux, en continuant de chercher Aurose du regard.

-Elle est où ? demandais-je.

-Elle est partie. Dit Jordan en me regardant.

-Où ça ? 

Mon coeur se serre.

-Elle est partie avec Marco à la plage. Dit en me tendant un paquet de chips.

Je refuse d'un signe de main, mais mon ventre me rappel à l'ordre et me fait comprendre qu'il a faim. Je me lève et cherche quelque de frais dans le frigo. Je retourne avec les garçons et fronce les sourcils en les voyant rire ensemble. 

-C'est bien que vous vous reparliez, même si c'est rester un mystère pour Ben et moi, votre histoire à la con.

-On t'emmerde avec notre histoire à la con. Rétorque Lyess.

-Ah tu parles enfin ! Je crois que c'est la première fois que j'entends ta voix de toute les vacances.

Il sourit en secouant sa tête.

-Tu l'entendrais plus si tu passais plus de temps avec nous plutôt qu'avec elle.

Je le pointe du doigt et penche légèrement la tête sur le coté. 

-C'est un terrain miné sur lequel tu t'engages là. 

-T'as jamais été aussi à fond sur une fille depuis que tu l'as rencontré.

-C'est différent cette fois. Dis-je en haussant les épaules.

-En quoi ? 

-En tout Lyess.

Jordan ricane doucement, ce qui me fait doucement monter en pression. 

-Pourquoi tu ris ? Dis-je froidement.

-Avec Aurose, ce n'est pas différent. C'est ce que tu crois, mais ça te tombera dessus un jour, crois moi.

-Je peux savoir de quoi tu parles putain ? 

-Aurose n'est pas synonyme d'amour. J'ai déjà remballé beaucoup de garçons devant ce portail qui étaient à genou pour la voir. Elle ne fais que jouer. L'amour, c'est un jeu. Les relations, elle y entre et en ressort quand elle veut.

Ma poitrine se serre. Je lui lance un regard noir et me lève précipitamment. Je monte dans ma chambre pour me calmer, je n'ai pas envie d'extérioriser ma colère comme ça, devant eux. Je m'allume une cigarette et sors mon calepin de mon sac et un stylo. Sans m'en rendre compte, les feuilles se noircissent les unes après les autres et je ne m'arrête pas. Je ne sais pas ce qui pourrait m'arrêter dans un de ces moments où je ne répond plus de rien, où je laisse ma noirceur s'exprimer, écrire sur du papier son ressenti avant qu'elle ne s'étouffe et m'empoisonne. Je soupire quand des crampes aux doigts m'empêchent de continuer d'écrire. Je me laisse tomber sur le lit et mon regard  passe du plafond à la porte du balcon. Le ciel s' est assombrit. J'ai écrit si longtemps ? Je ferme les yeux. Je me suis rendu compte d'une chose. Le temps est la seule chose qui peut m'empêcher d'être avec Aurose. Et ce que je veux en ce moment même, c'est être avec elle. Il faut que je lui dise. 


Aurose || NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant