Ensemble, nous nous battrons

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Quand les élèves de Durmstrang revinrent pour débuter leur second semestre, l'hiver semblait avoir pris plus d'emprise encore sur l'établissement. La nuit semblait sempiternelle quand le blizzard ne plongeait pas l'endroit dans la brume et la neige inamicale. Beaucoup regrettaient déjà le soleil, mais se réjouissaient, autour d'un feu de cheminée, du printemps qui n'allait pas tarder à arriver, d'ici quelques semaines.

Le froid glacial qui régnait en maître dans la bâtisse centenaire ne motivait pas les élèves à suivre leurs cours, tous emmitouflés dans leurs épais uniformes, la cape autour du cou pour conserver un peu de chaleur. Les déjeuners et ses promesses chaudes et délicieuses étaient alors doublement appréciés. Par chance, ce matin particulièrement froid, Emeric et ses camarades n'avaient été concernés par le gel ambiant, confinés dans leur salle de cours de potions. Étouffés par les gaz émanant des chaudrons, certains, comme Marek, avaient les yeux bouffis et rougis.

— Je pensais que ça ne ferait pas de mal, une demi-tige de Tue-Loup en plus, se défendait-il.

— Il aurait fallu que tu recommences entièrement ta potion après ça, répondit Emeric, avec un sourire timide. Le Tue-Loup, ça ne pardonne pas. Surtout avec l'usage qu'on allait devoir en faire.

— Vous aussi, à Poudlard, vos professeurs vous font tester vos potions, Baümchen ?

— Ce n'est pas trop le genre du professeur Slughorn, mais il faut que la potion réponde à ses standards, sur toutes ses caractéristiques. Il est assez pointilleux là-dessus.

— Et c'est la première fois que tu prépares un philtre d'œil spirituel ?

— Oui. Je ne sais même pas si on l'aborde dans nos années supérieures.

Introduite par goutte dans l'œil, le philtre permettait au sorcier de distinguer, pendant quelques instants, les pensées de ceux qui l'entouraient, se manifestant par des images volantes autour de sa tête. Correctement préparée, la potion s'avérait être une arme sournoise, bien que, comme Marek l'avait expérimenté, elle le devait aussi en cas de mauvais dosage en dégénérant en vilaine conjonctivite.

— Tu as réussi à voir quelque chose, Vilma ? lui demanda alors Emeric.

— Ca n'a duré que quelques secondes. Mais j'ai bien vu que Lyov songeait encore à t'égorger.

Assis à côté du jeune sorcier, le russe lui accorda un sourire mauvais, plantant son couteau dans son gigot.

— C'est à cause de l'huile de rose ? grimaça Emeric, pâle.

— Les gens se retournent à mon passage en pensant que j'ai changé de parfum... grogna Lyov.

— Je suis tellement désolé ! Je n'ai pas fait attention à mes gestes et... aïe ! Mais Vilma !

La jeune sorcière venait de lui assener une tape à l'arrière de la tête.

— Je préfère encore m'excuser et recevoir tes frappes plutôt que de me faire éviscérer par Lyov !

— Je dois reconnaître que tu es quelqu'un de sensé, commenta Lyov, amusé.

— Et j'ai vu aussi à quoi tu pensais, Baümchen, avec le philtre.

Cette fois, l'allemande en face de lui le gratifia d'un sourire complice qui le fit rougir. Car en croisant ses yeux de chat dans la salle de potions, Emeric n'avait pas pu s'empêcher de se remémorer leur baiser secret dans la salle au piano.

— Et à quoi il pensait ? s'intéressa Lyov, le sourire fourbe.

— A tes belles petites fesses de russe !

Sum Presentaliter Absens in RemotaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant