III . LE SOUVENIR D'UN ANGE

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Je n'avais pas fermé l'œil.

Elle m'obsédait. Son visage m'obsédait. Je la revoyais encore et encore ; ma mère avec mon père, ma mère fredonnant en cuisinant, ma mère dans sa robe rouge se promenant, ma mère si belle et si délicate, ma mère me souriant tout simplement. Ma mère s'en allant. Un tourbillon d'images qui me dévastait l'esprit.

Je me détestais. Je n'avais pas assez fait rire ma mère pour qu'elle reste. Je lui avais désobéi, j'avais fait trop de bêtises. Je l'avais fatiguée, je l'avais rendue malade. Je n'étais pas assez pour qu'elle reste, et je me détestais. Je ne l'avais pas assez rendue heureuse. Nous n'avons pas réussi à la rendre plus heureuse. Papa, Aylin et moi. Nous avions échoué.

Quand les premières lueurs de l'aube vinrent éclairer notre chambre, je me sentais épuisée. J'avais pleuré toutes les larmes de mon corps et mes yeux me faisaient à présent mal. Le jour se levait, chassant de sa clarté ma nuit éprouvante. Un petit coup d'œil me suffit à voir qu'Aylin dormait encore paisiblement. Bien. Je me levai et partit me laver la figure. Je vis mes yeux rougis et ma mine atroce dans le miroir, et me dis que ce n'était que le début du cauchemar.

- Je m'en contrefiche, retrouvez-la !

La voix de mon père me parvenait alors que je m'apprêtais à descendre les escaliers. Rien qu'à ses mots et le ton avec lequel il les a employés, je compris de quoi il retournait.

- Papa ?

Il reposa violement le combiné du téléphone, et se retourna vers moi.

- Oh, ma chérie, mais qu'est-ce que tu fais levée si tôt ?

- Je n'arrivais pas à me rendormir.

Je m'avançai vers lui.

- Qui c'était au téléphone ?

- Ce n'était rien d'important. Retourne te coucher.

Sa voix était calme mais son expression disait autre chose. Inutile qu'il m'explique, j'ai deviné que la police était au bout du fil, qu'il l'a appelée pour signaler la disparition de ma mère. Néanmoins, je fis comme si je n'étais au courant de rien.

- Dis-moi ce qui se passe, papa.

- Ecoute, Alyssa...

Aylin fit irruption dans la pièce, en bâillant et en se frottant les yeux.

- Coucou ?

Elle nous regardait avec ses grands yeux. La situation en devenait encore plus triste. Je devais parler. Je devais dire ce que j'avais vu dans la nuit. Je le devais, mais hélas ma gorge se serra. Un éclair de tristesse traversa le regard de mon père quand il vint vers nous et nous pris dans ses bras.

- Je vous aime très fort, d'accord ?

Les larmes me montèrent aux yeux et je le serrai un peu plus.

- On t'aime aussi très fort, papa.

Et c'est ainsi que je ne dis rien.

Le lendemain, dans la journée, je fus surprise d'entendre la sonnette de la maison retentir. L'avaient-ils retrouvée ? Je me ruai vers la fenêtre de la chambre, et Aylin lâcha ses poupées pour m'imiter.

- Qui c'est ?

- Je ne vois pas grand-chose. Tu viens ? On descend.

Nous dévalâmes toutes deux les escaliers pour arriver en même temps que notre père dans le hall d'entrée. Ce dernier partit ouvrir.

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