#NoFilter [Rant Book Audio]

20. Le Rêve : prison ou échappatoire ?

Si les péchés sont un fardeau, les rêves le sont aussi. Contrairement aux passions dont le poids n'est pas ressenti, la lourdeur du rêve est pesante. Ne faites pas les étonnés, vous avez tous eu des rêves !

« Les rêves ne sont qu'aspirations désespérées. » - Left Eye.

J'ai toujours pensé qu'avoir des rêves me rendait plus fort que les autres. Plus fort, mentalement. Le rêve formant une barrière hermétique me permettant d'échapper à la dureté de la réalité. Plus fort, physiquement. Le rêve m'obligeant à repousser mes limites physiques sous la menace.

Mais le rêve est un très lourd fardeau. Grandir en se projetant sans cesse dans le futur, c'est livrer son corps nu aux griffes de l'échec. La seule supposition de l'échec peut créer des troubles irréversibles, ou même pousser au suicide.

Le rêve est porté au même titre que le péché, il nous oblige à avoir un regard différent sur le monde, et nous est retiré en fin de vie. Je réalise que la plupart des gens qui sacrifient tout ce qu'ils ont de plus cher pour leurs rêves sont en fait des personnes qui n'avaient que leurs rêve, je ne sais pas si c'est triste..

Le rêveur est taciturne, introverti, carriériste. Il met tout en perspective de sa naissance jusqu'à sa mort. Il mise de l'argent qu'il n'a jamais touché. Il s'assoit sur une chaise sans pieds, mais qui veut bien tenir en place parce qu'il y croit. C'est là où réside toute la magie du rêve, ou devrais-je dire la volonté humaine ?

Une chose est sûre, le rêveur, à un moment ou un autre de sa vie, aurait bien voulu se débarrasser de ce fardeau et profiter de la vie comme tout le monde. Se contenter de peu, de ce qui est proche pour faire son bonheur. Dans le fond, le rêveur est un très grand égoïste, il est persuadé que la façon d'atteindre son bonheur n'est connue que par lui-même, et que par sa singularité, ce moyen permet d'arriver à une plénitude supérieur à celle de la moyenne.

Le rêveur ne perçoit pas son environnement il y est confronté. Il ne rencontre pas il confronte. Il ne désire plus il s'accapare. Il se sent menacé à toute heure, en toute chose.

Si le bonheur qu'un passionné, ou qu'un rêveur obtient en réalisant son fantasme se révèle être supérieur à celui des individus dépourvus de rêves et de passions... Cela reviendrait à dire que la capacité à être heureux varie en fonction des êtres humains. Ce qui est horrible !
Donc que les âmes ne sont pas égales entres elles, que certaines âmes sont supérieur à d'autres. Ce à quoi je ne crois pas, mais je m'interroge quand même.

Je pense que peu importe le procédé utilisé : Passion, Rêve, Sexe, Drogue, Sport ou Ménage, Cuisine, Elevage. Si l'homme décide que par ce moyen il a atteint sa plénitude, alors sa plénitude sera atteinte. Et cette plénitude, sera égale à toutes les autres. Peu importe la noblesse que la société accorde à telle ou telle procédé. Il faut réaliser que tous ces procédés, toutes ces actions, tous ces états, sont des entraves, des prisons psychiques, des formes diverses d'aliénation de l'esprit humain. Les rêveurs sont esclaves de leurs rêve, ils vouent un culte sans fin à cette douce servitude. Ils pensent que leurs rêves détiennent la clef de leurs liberté, la clef de leurs bonheur alors que celle-ci réside au cœur de leur propre volonté.

En sommes, les rêves égocentriques et réputés irréalisables sont semblables à une peine d'emprisonnement à perpétuité. L'idéal serait d'avoir un rêve UTILE, une passion « universalisable » qui permette à l'humanité d'accéder à la félicité universelle, au bonheur. Et bien sûr, de réaliser que nous sommes esclaves. C'est seulement en prenant conscience de cette condition que l'on peut briser ses chaînes et reprendre le contrôle de sa vie.

Alors, toujours prêts à rêver ?

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