Découverte

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Debout dans le salon vide, Hermione vérifie qu'elle n'a rien oublié. Elle écoute le fracas de la pluie battante sur la baie vitrée. Son regard glisse sur les fauteuils rassemblés autour de la cheminée, chacun le sien. Ron, Hugo, Rose, Albus et elle. Ce demi-cercle n'a plus lieu d'être désormais. Elle ignore ce que l'avenir leur réserve, mais elle ne voit pas comment il pourrait laisser leur quotidien inchangé.

Elle passe le sac de sport en bandoulière et s'attarde devant les photos accrochées au mur. Les livres dans la bibliothèque. L'odeur de leur vie ici. Reviendra-t-elle un jour ? Rien n'est moins sûr. Et elle n'a que ce sac pour emporter quelques objets avec elle, quelques souvenirs.

A vrai dire, au départ, elle était venue pour emporter des vêtements et des affaires de toilette. Depuis la dernière réunion, tous les membres de l'Ordre ont résolu d'emménager à Poudlard. Pour attendre la grande bataille, bien sûr, mais aussi par simple sécurité. Harry sait qui ils sont et pour quel camp ils se battent. Rien ne l'empêche d'envoyer ses brigades de la mort les chercher dans leur lit.

Mais en empilant les affaires de Ron puis les siennes, Hermione était tombée sans le vouloir dans un océan de souvenirs. L'écharpe qu'elle portait quand elle était à Poudlard. Un vieux crayon de maquillage jaune qu'ils utilisaient pour encourager Harry lors des matchs de Quidditch.

En triant les affaires de Ron empilées sur son bureau, elle avait ouvert un tiroir, et puis tous les autres. Enfoui sous les photos de scènes de crime et les articles de presse, elle avait trouvé quelques-uns de leurs vieux devoirs de potion. Des cours d'Histoire de la Magie pris à la volée. Sur certaines pages, Harry avait griffonné un mot dans la marge, de son écriture brouillonne et pointue. Souvent des blagues, des dessins d'adolescent, qui n'éveillaient plus rien en elle, si ce n'était de la peine. Elle avait reconnu sa propre écriture qui tentait maladroitement d'imiter celle de Ron, quand il lui demandait de faire ses devoirs. Des bêtises de gosse. Les vestiges d'une insouciance délicieuse.

Hermione parcourt une dernière fois le bureau du regard. Ron a toujours été désorganisé. Ses affaires trainent partout, exposées au grand jour. Un encrier et une paire de plumes côtoient les restes d'un encas qu'il a dû manger une semaine plus tôt. Les dossiers s'empilent, chacun portant le nom des Mangemorts qu'Harry a assassiné, et de ceux qui sont encore en fuite. Il y a des lettres aussi, une montagne de courrier éparpillé en tous sens. Avec les enveloppes, Ron a confectionné des avions dont certains frétillent encore, agités par magie. Des dizaines d'écriture différentes. Des problèmes tous plus urgents les uns que les autres, où se lisent la panique, la peur, l'angoisse grandissante, et finalement plus rien. Depuis que Kingsley est mort, le Ministère n'a plus envoyé un seul courrier. Pas plus que les Aurors, amis et collègues de Ron, qui ont été tués ou pris en otage au département des Mystères. Des gens qui ont aussi travaillé aux côtés d'Harry, qui parfois ont même été jusqu'à lui sauver la vie...

Hermione soupire. Un vague courant d'air attire son attention au coin du bureau. A côté du bloc-notes, le vent s'infiltre sous la baie vitrée et fait frémir une pile de feuilles lisses et vierges. Du papier à lettre. Hermione caresse doucement le sceau du Ministère, invisible, juste imprimé en relief par le passage des sceaux. Une idée lui vient à l'esprit, et elle n'aime pas ce qu'elle lui dit. Elle prend le papier, le fourre dans son sac et transplane à Pré-au-Lard.

Il ne lui faut pas longtemps pour atteindre Poudlard. La plupart des couloirs sont déserts. Depuis la dernière réunion, la vie de l'école est devenue souterraine. Afin de protéger les élèves, et pour prendre Harry au dépourvu, les cours sont désormais assurés dans les salles les plus profondes du château. Les Serpentards ont dû ouvrir leurs dortoirs au plus grand nombre, et quelques salles de classe ont également été vidées pour accueillir des matelas de fortune. L'Ordre dort auprès des élèves, monte la garde.

L'HéritierWhere stories live. Discover now