19. Indisponible provisoirement mentalement ? Absolument !

2.3K 216 18
                                    

On me propulse contre le mur. Ma tête me fais mal. Est-ce que je délire ? Est-ce le karma qui se venge ? Est-ce réel ?

J'ai perdu toute notion. Mes oreilles bourdonnent. Merde. C'est impossible. Jamais rien ne m'ai arrivé. Je me sens vulnérable. Je le suis. Les deux hommes parlent ou gueulent mais je ne comprends rien. Je suis accroupi et j'encaisse les coups. Peut-être qu'on s'apercevra de mon absence, qu'on me cherchera et trouvera. Peut-être.

Moi qui me pensais forte. Je le suis. D'une main discrète, je cherche un caillou au sol. Je suis rusée et maligne. C'est ma mère qui me la dis. Et je la crois. Je touche quelque chose de dur et rond. Sans hésiter, je le prends et je le jette. Ils crient et j'en profite pour courir. Je ne sais pas où. De temps en temps, je jette des regards derrière moi. Ils me rattrapent. Merde, je ne suis pas entrainer à courir vite ! S'il pouvait y avoir un vélo...

— Fuck.

Je n'ai jamais vu la pauvre héroïne tombée quand elle était poursuivie, dans un film. Jamais. Ça n'arrive qu'a moi, putain. Je me maudis de tous les noms.

J'essaye de me relever mais on me tire les cheveux. Je fais ce dont je sais le mieux faire : gueuler. Combien de temps cela dure ? Aucune idée. Je crie. Je jure. Je gueule.

Je me retrouve à quatre pattes. Très élégant. Mais je ne pense pas à ma position. Je tends l'oreille. J'entends du bruit derrière mon dos et aucun hommes ne me touchent. Des cris étouffés me parviennent tandis que je fixe un cailloux sur le trottoir.

Que s'est-il passé nom d'un chien ?

Je réussi à me mettre sur le côté et je reste accroupi par terre. Je n'ose pas regarder derrière moi. Je n'ose plus bougé. J'ai espoir que personne ne me trouve. Je voudrais devenir invisible.

Une silhouette. Il y a une silhouette à côté de moi. Elle est accroupie et semble reprendre son souffle.

— Cara...

Un souffle. Une voix grave. C'est un homme.

Il me prend doucement par les épaules. Son visage est flou parce que je continue à fixer un point au loin. Je ne sais même plus ce que je fixe.

— Cara, tout va bien.

Non. Tout ne va pas bien. Je pensais pas... Rien... Comment ?

Son visage prend forme. C'est comme si je revenais à la réalité. Comme si avant, je je n'étais plus présente.

Jones est devant moi. Il est beau. Ses traits sont durs et inquiets.

— C'était qui ? parviens-je à murmurer.

— Des ennemis à ta mère, je pense.

Ennemis ? Qui utilise encore ce mot ?

— Pourquoi ?

Au lieu de me répondre, il me force à me lever. La ruelle semble déserte. Je le suis. Traumatisée ? Peut-être un peu. Indisponible provisoirement mentalement ? Absolument.

Je suis dans une voiture. L'instant d'après, je suis chez moi.

Dès que ma mère me voir, elle se précipite vers nous. Son regard...elle me regarde avec pitié et j'ai horreur de ça !

— Cara, est-ce que tu vas bien ? Mon Dieu, que s'est-il passé ?

Je crois que j'ai eu la peur de ma vie. Bordel. Je n'en reviens toujours pas...

Je crois que Jones lui parle et lui raconte sa version. Je n'en suis pas sûre, j'ai dû mal à l'écouter. Je suis encore choquée.

Je me suis disputée avec ma mère. Quelques heures auparavant ! Et si... Il aurait pu m'arriver quelque chose de grave et j'aurais quitté ma mère avec des insultes pleins la bouche.

Je ne dois pas avoir de regrets alors qu'elle me hait. Et elle ne le cache pas !

— Cara, je suis tellement désolée. C'est de ma faute, j'aurais dû...

— Ouais c'est de ta faute. Tout ce que tu fais est de ta faute. Je t'ai dis de me foutre la paix et toi, tu engages un "garde du corps" pour faire quoi ? J'ai été attaqué et...

Mon cri se perd. Je perd les pédales.

— Je ne te permets pas Cara. Monsieur Jones ta sauvé la vie.

— Vraiment ? Pourquoi j'ai été attaqué ? Ces hommes me connaissaient et ils savaient que je suis ta fille, craché-je.

Elle baisse les yeux. Alors c'est ça ? Jones, l'attaque ? Ça à un rapport avec elle ?

— Je ne suis pas idiote, ni intelligente mais je sais que tu traines dans des affaires louches. Toutes le preuves sont sous mon nez et tu continues à me mentir ?

Mon adrénaline augmente. J'ai envie... De la choquée. J'ai envie qu'elle sache à quel point je suis perdue, blessée et mal.

Mon regard se pose sur le cadre photo posé sur l'étagère de l'entrée. La photo. Elle est belle. Nous sommes une famille souriante. À cet instant, elle me démoralise. Il y a mon père dessus. D'un geste rapide, je l'envoie valser contre le mur.

Tandis que Jones me prends par les épaules, ma mère me regarde horrifiée. Puis, elle se baisse pour récupérer les morceaux du cafre ainsi que la photo. Merde, je n'ai peut-être pas assez réfléchie sur le coup... C'était sa photo et son cadre préféré.

Ça lui apprendra. Pour tout ce qu'elle m'a fais enduré.

À cet instant, elle parait si faible et sensible. D'un hochement d'épaules, qui me font atrocement souffrir, je monte dans ma chambre. Je ne prends pas la peine de me doucher ou me changer.

Jade me répète souvent que je suis joyeuse. Si je le suis, en dehors de la maison, c'est pour cacher mon chagrin ou ma colère. Je ne veux pas que les gens se doutent de quelque chose.

Je m'assois sur le rebord de la fenêtre. De loin, j'entends les sanglots de ma mère et Jones qui la réconforte. C'est toujours elle qu'on réconforte. Jamais moi. Parce que j'ai une grande gueule alors on croit que je suis forte ? Je ne le suis pas tant que ça.

Dehors, il pleut. Il fait moche. Rien de mieux pour représenter mon humeur.

Les jours passent. J'essaye de paraître joyeuse au lycée. C'est vendredi, dernier jour scolaire avant les vacances. Noël arrive. Tout le monde aime Noël et tout le monde en parle. Moi, je vais retrouver mes amis et on va s'amuser comme si la vie nous souris.

Il fait de plus en plus froid. Il neige, un peu et de temps en temps. C'est magnifique. Les flocons sont doux et froid. Je ne crois pas à la magie de Noël mais il faut avouer que c'est une belle période.

Jones est parti provisoirement. Ça fait bizarre. J'ai pris l'habitude de l'embêter et, aussi bizarre que cela puisse paraître, je me sentais bien avec lui, rassurée. Mais il reviendra après les vacances, si j'en crois ma mère.

Je me souviens, quand j'étais petite, je jouais dehors avec mon frère. Il neigait et Aaron me mettait de la neige dans le cou. Je détestait ça ! Mes parents nous regardait par la fenêtre en se prenant dans leur bras. Je sais aussi qu'on faisait des anges dans la neige. C'était amusant.

Ça l'était.

Jeune et IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant