Rob Chiméric - Episode I

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Rob commençait à peine à trouver le sommeil.

Il était couché sur son matelas, à même le sol, dans le salon de son studio. Il avait passé sa journée à regarder la télévision, des programmes pas très intéressants, mais qui lui avaient permis d'oublier. D'oublier quoi, me direz-vous ?... Il avait déjà oublié ! Il devait bien avoir fumé deux paquets de Coca-cola et bu deux litres et demi de cigarettes. Les bouteilles vides reposaient encore à côté de lui et les mégots s'entrelaçaient dans le cendrier, certains fumant encore, détail sans grand intérêt, mais je tenais à vous en faire part !...

Sa tête lui semblait lourde, et un discret bourdonnement y bourdonnait discrètement. Il pensait qu'il allait réellement s'endormir, mais ce bourdonnement s'amplifiait, prenant toute la place dans sa caboche. Il se sentait comme un avion sur le point de décoller. Il allait décoller. Ce bruit devenait insupportable. Il avait ouvert les yeux pour vérifier s'il dormait... Non, il ne dormait pas. Il était allongé sur le dos, sur ce matelas, et face à lui, la fenêtre, qui dominait une petite impasse, ondulait. Elle se tordait, se retordait, semblable à des volutes de fumée de cigarettes, voire même de cigares, oui, oui, n'ayons pas peur des mots ! Non, il ne dormait pas. Si, il dormait. Non, il ne... oh, il ne savait plus !

Il se leva, enfila un pantalon et un t.shirt, et sortit de son petit appartement en prenant soin de refermer la porte derrière lui. Il descendit les marches de l'escalier, trois étages, et sortit de son immeuble. Je sais, vous allez me dire que je donne des détails sans importance, et vous aurez bien raison. Mais gardez-vous bien de me reprendre, j'ai horreur de ça ! Il faisait nuit, il était très tard, et pas grand monde ne circulait dans les rues, pour ainsi dire personne. Rob prit machinalement la direction du haut de sa petite ruelle dans laquelle il vivait maintenant depuis six mois, et gravit les marches du grand escalier de pierre qui semblait interminable et qui débouchait sur le grand boulevard. Quelques rares voitures passaient, sans le remarquer, ce qu'il remarqua. Il longea le boulevard et s'introduit un peu plus bas dans le grand parc.

Comme le portail de fer forgé était fermé à clef dès la nuit tombée, il l'escalada et se rendit compte que ce soir-là, le gardien avait oublié de le fermer à clef. Il se dit alors qu'il avait inutilement escaladé le portail mais bon, ce qui était fait était fait... Il s'aventura dans le noir au milieu des arbres hostiles. C'était là bien la première fois qu'il faisait une chose pareille. Pourtant, il lui semblait qu'il savait pertinemment où il allait. Une fois bien engagé dans le bois, il se dirigea vers une énorme masse rocheuse, comme un rocher, la contourna avec élégance, et s'approcha d'un petit buisson. Assuré que personne ne l'avait suivi, il en écarta les branches. Il poussa alors un chétif rocher qui n'opposa aucune résistance mais qui ne se gêna pas pour dire à Rob qu'il était très tard mais que pour cette fois "ça va"!... Et là, devant lui... un passage ! Il s'y engouffra, sans hésiter !

Un tunnel, un long tunnel, gigantesque et bien éclairé. Derrière Rob, le chétif rocher se referma dans un grand bruit, comme une porte qui claque - il faut dire qu'il avait quand même les boules d'avoir été dérangé à une heure aussi tardive ! Rob ne sursauta même pas... Na !... Il s'élança aussitôt et se mit à patiner tranquillement. Oui, oui, il était soudainement doté d'une paire de rollers - oui je dis des rollers et pas des patins à roulettes parce que ça me fait plaisir - comme par enchantement. Il avançait dans le tunnel et se joignit à d'autres patineurs, une petite dizaine si je me souviens bien. Et tous ensemble, en se donnant la main et en chantant "touf touf qu'elles soient douces" de Mylène Farmer, en chœur, s'il vous plait, il patinèrent et patinèrent sur des centaines de mètres, dans ce tunnel qui semblait interminable... tiens, comme le grand escalier de pierre !... Je vous passe les détails, d'autres patineurs se joignirent à eux, si bien qu'ils partirent à onze mais par un prompt renfort ils se virent des milliards en arrivant au bord, etc, etc...

Les aventures oniriques de Rob ChiméricOù les histoires vivent. Découvrez maintenant