Le dernier Train

2. « Il faut souffrir ou faire souffir »

Je me retourne brutalement, mon coeur battant si fort qu'il pourrait sortir de ma poitrine.

Quelqu'un se tient effectivement derrière moi, une jeune fille.

Par pur respect, je lui demande de ne pas s'approcher.

"-Qu'est-ce qu'il se passe?"

Je tente de lui barrer la route mais elle passe habilement à côté de moi. Elle est trop rapide pour que je l'empêche de faire quoi que ce soit.

Un cri brise le silence pesant, et je me mords les lèvres. J'aurais pu empêcher ses cauchemars pour les 3 prochaines années.

Un sanglot s'échappe de sa bouche, et je la prends par les épaules pour l'éloigner du corps.

"-Il faut que tu respires, d'accord? Ne regarde pas par là, regarde-moi juste."

Elle me fixe, désespérée, de ses yeux bleus azur, qui forment un contraste étonnant avec ses courts cheveux bruns. Elle ressemble à Emma Watson...

...Je divague là.

"-Mais... Mais qu'est-ce qui se passe? Il est mort? Par pitié dis-moi que non..."

Je regarde par-dessus son épaule la tête horrifiée du cadavre, les yeux grands ouverts.

S'il est mort? Bien sûr que oui. Si je dois le lui annoncer comme ça? Bien sûr que non.

Je réfléchis un peu et relève la tête vers elle.

"-Uhm... Il va falloir que tu sois forte, et que tu te reprennes. On va avoir besoin du plus grand calme de la part de toutes les personnes présentes dans ce train, toi la première, d'accord?"

Elle essuie les larmes qui coulaient sur son visage et essaie tant bien que mal de garder son calme.

"-Viens, on va essayer de trouver les autres passagers."

Elle essaye de marcher mais manque de tomber. Je la rattrape de justesse.

"-Ça va?"

Elle est toute rouge. C'est là que je me rends compte que j'ai les deux mains sur ses hanches et que je suis collé à elle.

Je rougis également et m'écarte brutalement.

Mais alors que nous passons à côté de ce corps sans vie, je ne peux m'empêcher de le regarder, et je suis pratiquement sûr qu'elle fait pareille, car lorsque je la regarde à nouveau, son visage n'exprime plus aucune émotion. Elle continue de marcher à vive allure, et je comprends que c'est comme si elle s'était mise en mode automatique. Chacun réagit différemment.

J'en sais quelque chose.

Un bruit sourd retentit. Nous nous tournons vers le fond du wagon, qui doit mener aux deux dernières parties du train. Sauf qu'il n'y a plus les compartiments qui s'y trouvaient, car ces derniers sont arrêtés, déjà à une centaine de mètres derrière nous. Nous les regardons, tandis que le train continue sa route.

"-Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel?"

La jeune fille me regarde tout en me posant cette question. C'est alors qu'une pensée traverse mon esprit.

"-J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle."

Elle m'interroge du regard, me priant de continuer.

"-La bonne c'est que le tueur est parti de ce côté." Je dis en pointant les wagons arrêtés sur les rails.

Elle comprend tout à coup, et termine.

"-La mauvaise c'est qu'il y avait des gens dans ces wagons..."