5. « Les yeux sont le reflet de l'âme »

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Je m'arrête à nouveau.

"-Eva... "

Elle se tourne, et me regarde, les yeux pleins de larmes.

Je ne peux m'empêcher d'esquisser un pas vers elle, mais elle recule. Nous continuons notre manège jusqu'à ce qu'elle soit bloquée contre le mur. Je garde tout de même une distance entre elle et moi, me rappelant que dans une autre situation cela pourrait être pris pour une quelconque violence sexuelle.

Mon Dieu, faut que j'arrête de raconter de la merde quand je stress.

Je lève la tête vers ses yeux, et m'aperçois que je ne suis surement pas le seul à avoir vécu trop de choses horribles pour mon âge.

"-Qu'est-ce que tu nous caches?"

Elle me regarde dans les yeux, et d'une voix mal assurée, me répond:

"-R-rien! "

Je me rapproche un peu plus d'elle, et la fixe, comme si je pouvais sonder son âme rien qu'en la regardant droit dans les yeux.

"-Je-Je suis désolé !"

Je me recule brutalement, lorsque je me rend compte qu'elle tremble, et que des gouttes menacent de s'échouer sur ses joues.

Pourtant, elle me retient.

"-Non! "

Elle marque un temps de pause, et fuyant mon regard, me dit:

"-... C'est pas grave... Je... Je ne devrais pas réagir comme ça... C'est, elle souffle, c'est juste que j'ai... tu m'as fait peur."

Nous nous fixons. Ses iris bruns sans émotions autres que la tristesse. Une tristesse infinie, que tout le monde pourrait ressentir.
Mon cur pourrait se décrocher de ma poitrine. C'est donc ça un coup de foudre?
Je louche inconsciemment sur ses lèvres. Je reviens bien vite à ses yeux, le temps de me rendre compte qu'elle a fait la même chose.
Je me rapproche un peu plus d'elle.
Nous sommes à présent collés l'un contre l'autre, nos respirations saccadées se mélangent.

"-Tu ressens la même chose que moi n'est-ce pas? "Elle romps le silence.

Je la regarde, et tout se passe très vite:
Nos lèvres se rencontrent brutalement, passionnément. Je ferme les yeux, ne sachant dire si c'est elle ou moi qui ai embrassé l'autre en premier.
La seule chose qui me rend heureux malgré tout ce qui se passe, c'est qu'elle ne me repousse pas.

Nous nous séparons finalement, à bout de souffle.

"-Ne m'abandonne pas." Murmure-t-elle a mon oreille.

Et elle s'écarte de moi, continuant son chemin sans un mot.

C'est à moi de chuchoter à mon tour:

"-C'est toi qui m'abandonneras la première".

Mes pieds restent collés au sol.
La vieille dame avait raison: ce voyage risque d'être passionnant.

Si nous ne mourons pas tous avant d'arriver à Hendaye.

Le dernier TrainWhere stories live. Discover now