Chapitre 3

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Le mariage avançait à grands pas. Majida était chaque jour briefée sur sa vie de future épouse et de future sultane. Le jour fatidique, on la revêtit d'une robe blanche et dorée, ainsi que d'un voile assorti, tenu par les plus belles fleurs. Ses pieds étaient chaussés de pantoufles dorées. A ses oreilles pendaient de grandes boucles d'oreilles scintillantes. Son maquillage la mettait également très en valeur. Cependant, quelque chose manquait à cette sublime mariée... Il s'agissait de son sourire...
"-Ma fille, lui dit sa mère, en ce grand jour, faîtes bonne figure.
-Comment voulez-vous, mère, lui répondit-elle, avez-vous donc vu votre futur gendre ?
-Certes, il est, comment dit-on, particulier... Mais savez-vous, je vais vous raconter quelque chose ?
-Quoi donc, mère ?
-Si vous m'aviez vu le jour de mon hymen avec votre père, vous vous seriez payé ma tête !
-Pardon ?!
-J'étais comme vous : d'une tristesse à mourir, comme un agneau sacrifié. Nous étions fiancés depuis notre plus tendre enfance. Mais depuis lors, j'ai découvert ô combien il était charmant...
-Vous voulez dire que la même chose arrivera concernant ma situation ?
-Assurément ma fille. Ne vous faites point de soucis. Tout ira bien. Je vous le promets. " On remit un bouquet à la mariée, avant de l'emmener à la royale mosquée.
Plus les préparatifs avançaient, et plus l'anxiété régnait en Majida. Elle s'avança vers l'autel au bras de son père.
"-Courage mon enfant" lui dit tout bas ce dernier en l'accompagnant.
Plus elle avançait, plus elle voyait sa vie d'antan défiler devant ses yeux. Son voile cachait ses yeux remplis de larmes de nostalgie... Lors de la cérémonie, Majida dut boire un breuvage, en symbole de sa fidélité et de sa dévotion à Mustapha. Lorsqu'elle s'exécuta, elle eut l'impression de mettre fin à ses jours... L'échange des alliances lui donna l'impression de sceller son emprisonnement à vie. Cependant, son coeur allait appartenir à quelqu'un d'autre... Lors du fastueux repas qui suivit la cérémonie, au moment où les invités témoignaient aux mariés leur voeux de bonheur, l'un d'entre eux attira particulièrement l'attention de Majida. Quand il lui prit la main, et qu'il l'embrassa, le coeur de celle-ci s'accélera et elle ressentit une étrange chaleur monter en elle.
"-Ma chère, je vous souhaite une très longue vie, ainsi qu'un magnifique règne. Vous ferez une merveilleuse sultane, lui dit-il d'une chaude voix de velours.
-Je vous remercie infiniment, monsieur, lui répondit-elle, flattée, si je puis me permettre, qui êtes-vous ?
-Mon nom est Jafar, je serais votre futur vizir..."

La sultane oubliéeWhere stories live. Discover now