L'Arielda di Colomba

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  Ranessa Anissa Mariana... Ça fait beaucoup de A dans un même nom !  C'est la raison pour laquelle je me fais appeler Ranes par mes amis. J'ai douze ans, des yeux sombres et effilés, mais surtout, de longs cheveux roux frisés.
Dans l'Arielda, où la langue parlée est l'anglais, tout est triste : les maisons, les gens, les paysages...la vie ici, n'est pas ce que l'on pense lorsque l'on imagine la Renaissance. La plupart du temps, on imagine des châteaux colorés, des étoffes soyeuses et des visages souriants, des forêts boisées, une vie faite de soirées étourdissantes et de bals costumés... Rien de tout ça n'est vrai ! Sauf peut-être dans UN milieu social : la noblesse. Je suis issue de ce milieu et pourtant je le méprise aussi bien que si je n'y appartenait pas. Leur égoïsme envers les plus défavorisés par exemple me dégoûte profondément. De même que leur sens de l'honneur démesuré ! Certes il y a des cas qui défendent de belles causes mais certaines sont bien trop ridicules à mon goût. Je ne me suis jamais sentie à l'aise chez moi, dans la grande famille des Cavella (comparez-les aux Médicis et vous aurez une idée assez correcte de notre "rang"). En fait, je suis plutôt sauvage, à l'inverse de ma mere qui tente (sans succès d'ailleurs) de m'enseigner les rudiments de la vie de la haute noblesse. Je m'efforce de passer le plus clair de mon temps dans la forêt ou dans les champs. Je troque en général ma robe de velours et mes souliers confortables contre une veste et des bottes en cuir souple ainsi qu'un pantalon qui me descend jusqu'aux chevilles. Aujourd'hui, je rajoute mes gants de satins et ma cape en coton en raison du vent mordant qui souffle depuis plusieurs jours. Cela doit faire des semaines que je ne suis pas sortie dehors, si ce n'est en compagnie de ma mère. Heureusement, cette dernière est maintenant bien trop occupée par les bêtises de mon frère cadet de cinq ans, Seneca.
  En dépit du vent glacial qui me gifle le visage, un sourire me traverse le visage quand je m'élance dans les bois, à la quête d'un arbre assez haut et fort pour que je puisse m'élever vers les hauteurs. C'est deux heures plus tard que j'en découvre un, magnifique et bien plus haut que la moitié des autres arbres. Je suis presque arrivée à la cime quand une douleur fulgurante me traverse le crâne. Mes mains glissent mais je me retiens à temps à la branche glaciale. Je reste immobile quelques minutes, tente de me calmer mais la douleur ne part pas. Lentement, je redescend et je ne suis plus qu'à trois ou quatre mètres du sol quand je lâche prise. La dernière chose que je vois, ce sont les feuilles qui me fouettent le visage tandis que la branche rendue fragile par le gel tombe avec moi.

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