Take Off Your Running Shoes

Chapitre 1

« Ouais, putain, Liam. »

Un petit bruit sourd se fait entendre depuis la chambre, suivi d'un gémissement grave, et Louis ressert l'oreiller qu'il a autour de la tête encore plus près de ses oreilles, essayant d'étouffer les sons provenant de la porte fermée à l'autre bout du couloir, d'où Louis est actuellement assis en tailleur au milieu du canapé, fixant en face de lui le menu du DVD de Clueless sur la télévision.

Un autre bruit et Louis s'affale sur les coussins tout en gardant l'oreiller bien pressé sur ses oreilles et laissant échapper un grognement tandis que Zayn fait la même chose depuis sa chambre. Louis ramène ses genoux jusqu'à son torse et enfouit sa tête entièrement dans l'oreiller. Il se demande combien de temps à rester pressé contre le coussin il lui faudrait pour s'évanouir juste assez longtemps afin éviter d'entendre l'orgasme de son meilleur ami retentir dans leur appartement.

Encore une fois. Pour la troisième fois cette semaine, en fait.

Louis retient sa respiration et essaye de plonger son nez dans l'oreiller. Attendant une, deux, trois secondes avant de relever la tête rapidement, cligner des yeux puis éternuer. Il soupire et essuie un peu son nez sur le côté du coussin, qui est à Zayn de toute façon.

Il ne partira pas, ça Louis en est certain. Il ne va pas être forcé à partir de son propre appartement, il va s'asseoir ici et attendre qu'ils finissent, puis il rigolera avec Zayn à propos de chaussettes hautes ou de Paul Rudd en chemise écossaise et après il ne laissera plus jamais Liam Payne venir à une soirée télé. Ou peut-être même plus aucune soirée, jamais. Louis baisse encore les yeux vers le coussin plein de morve et réfléchit un moment ; Liam n'a pas l'air d'être le genre de personne à se laisser être mise de côté très longtemps.

Son bref sourire s'efface lorsque quelque chose qui ressemble à une forme humaine est projetée contre ce que Louis assume être la tête de lit. Il ne savait même pas que Zayn avait une tête de lit, mais c'est sans aucun doute ça qui est en train de cogner au mur encore et encore.

Louis geint de nouveau. Liam fait de même.

« Vous ne me ferez pas partir, » marmonne Louis pour lui-même en se levant, cherchant ses clés du regard. « Vous ne me ferez pas partir, » chantonna-t-il au petit éléphant en céramique sur le comptoir de la cuisine en décrochant les clés de son petit coffre, lui aussi en céramique. Il cherche autour de lui ses chaussures frénétiquement tandis qu'il entend le rythme de la tête de lit s'accélérer. Pourquoi ne trouve-t-il jamais ses putains de chaussures ?

Et merde, il n'a pas besoin de chaussures. Louis ouvre la porte d'entrée et se rue dans le hall. « Vous ne me ferez pas partir ! » Hurla-t-il en claquant la porte bruyamment, étouffant à peine un son particulièrement grossier qu'on entendait clairement depuis dehors. Bon sang, leur concierge va les foutre à la rue.

Louis marche aussi loin qu'il peut dans la direction opposée à leur immeuble avant de se rappeler qu'il est 22h passées, un dimanche soir. Zayn et lui ont déménagé ici car le loyer est considérablement moins cher que près de la fac de l'autre côté de la ville, mais cela impliquait que leur voisinage était surtout constitué de jeunes mariés, de retraités ou de familles avec enfants. Beaucoup de putains d'enfants.

Cela implique aussi que la plupart des endroits accessibles à pied sont à tous les coups fermés à cette heure-ci.

Avec un soupir, il s'arrête une minute pour réfléchir à ses options. Il n'y en a qu'une seule qui lui vient à l'esprit en fin de compte : sa vieille et fidèle solution de secours, marcher jusqu'à l'aire de jeux à quelques rues de là, s'asseoir sur l'énorme écureuil en plastique dans le bac à sable et réfléchir à sa triste, triste vie jusqu'à être sûr que Zayn et Liam aient fini à l'appartement. Louis commence à partir dans cette direction, même s'il est certain qu'il aura besoin de quelque chose de plus fort que de la méditation ce soir.