EMILIE: quand on perd son amour

189 32 11
                                    


Ses bras autour de mes hanches, ses lèvres contre les miennes, sa langue qui caresse la mienne, je ne veux plus jamais me réveiller ! Mais ce n'est pas un rêve et je grimace intérieurement quand Neil interrompt notre baiser.

- Pimprenelle, ne dis rien. Tu es bouleversée ce soir et je ne t'aide pas, là.

La pluie a enfin cessé. Nous sommes dans un sale état mais il réussit quand même à être beau, lui ! Moi, quand il pleut, je ressemble à un caniche !

Mes pensées partent dans tous les sens. La preuve que je suis effectivement bouleversée !

Quelle journée: Madame Irma, Madame la reine et Monsieur Ours réunis...ça fait beaucoup!

Je reprends mes esprits et lève l'index devant son nez.

- Neil, il va falloir arrêter avec cette manie de m'embrasser pour me faire taire!

Il sourit tristement et prend ma main qu'il porte à ses lèvres. Quoi qu'il cache, il ressent quelque chose pour moi et cette certitude me redonne de l'espoir. Je n'ai pas rêvé ce courant qui passe entre nous sur scène ou en dehors. Pendant "feeling good" c'était même si fort qu'il fallait que je prenne l'air.

- Pimprenelle, cette relation qu'on a toi et moi...ça ne peut être que de l'amitié, tu comprends ? J'aimerais beaucoup que tu me laisses être ton ami si tu es d'accord...

- Nous sommes amis, Neil même si, non, je ne comprendrais pas tant que tu ne me l'expliqueras pas. Au nom de notre amitié, je vais accepter tes conditions si tu acceptes les miennes.

Mon espoir s'est effondré avant le mot amitié mais je suis sérieuse, j'accepte si lui aussi accepte. C'est à cause de tout ce que Neil me fait vivre depuis que nous nous connaissons que je veux de cette amitié à défaut de son amour. Des miettes de Neil plutôt que...rien.

Il joue avec le piercing sur sa lèvre inférieure. Il le fait rouler entre ses dents, c'est fascinant. J'en oublierais presque notre discussion.

Presque.

- Je t'écoute. me dit-il enfin, la mine grave.

-Plus de bisous, ni de baisers pour me faire taire, ni de dodos ensemble. En gros, tu évites de me toucher ! Je vais essayer d'oublier mes sentiments, espèce de star super célèbre et on sera amis, ok ?

Neil inspire bruyamment en fermant les yeux.

- Tu as raison chuchote-t-il.

C'est ce moment que choisissent les garçons pour sortir du pub.

-Emi, ça va? demande Gabe en me serrant fort contre lui.

-Oui, ça va mieux.

Je les regarde tous. Gabe, Ethan, Darren, Lorenzo, Jim et Neil.

- Merci infiniment pour ce moment magique. J'ai eu besoin de vous et vous étiez là... sachez qu'à tout moment, je serai là pour vous aussi. Ce n'est pas une promesse en l'air. Et maintenant, pour que je me sente vraiment bien, on se fait un câlin collectif ?

Les P.O.Y. me regardent, incrédules mais "mes" garçons s'avancent en faisant un cercle. Ils ont l'habitude de mes demandes farfelues. Les P.O.Y. se résignent et on se prend tous par les épaules.

Oui, j'ai vécu un moment magique grâce à Neil, grâce à eux.

- Tu es incroyable, Emi tu sais ça, dit Lorenzo, ses dents blanches sont révélés par le large sourire qu'il arbore.

Nous nous lâchons et quittons ce quartier pittoresque.

-Emi, suis-je trop curieux si j'ose te demander pourquoi tu étais si mal ce soir? demande Jim un peu gêné. Signe qui ne trompe pas: il passe sa main sur son crâne.

-Je te le dis, si, toi, tu m'expliques tes tatouages.

Décidément, je fais dans le compromis ce soir !

Je me sens mieux, cette pression sur mes épaules est toujours présente mais moins pesante.

Un rire heureux ponctue ma réponse et Jim vient vers moi, la main tendue.

- Tope-là !

Si on m'avait dit, il y a un an, que je calinerais les P.O.Y., que je toperais avec le talentueux batteur, que j'organiserais des bagarres avec le bassiste sexy et surtout que je tomberais amoureuse du chanteur mystérieux des P.O.Y....je n'y aurais jamais crû.

-Ok!

Nous tapons des mains, j'adore!

- Alors ces tattoos ?

- Honneur aux dames, dit Jim au même moment.

Je leur fais le récit de mes déboires. Ils sont tous adorables, s'exclamant et s'indignant pendant mon histoire. Ils proposent une contre-attaque mais je ne veux plus jamais revoir la mère de "Jane", Madame la reine qui se croit au-dessus de la moyenne!

-O'Byrne, tu dis ? demande Neil songeur.

- Oui, pourquoi ?

-Non, non je demandais juste...comme ça.

Jim et Lorenzo le regardent, confirmant mon impression. Neil ne parle jamais pour ne rien dire. J'espère qu'il ne va rien faire de stupide.

- C'est triste, je trouve. Cette dame n'était pas au courant de la mort de sa propre fille, commente Ethan. Parce qu'alors qui ton père aurait-il prévenu ?

-Je ne sais pas, je ne sais pas qui ils sont... je ne sais rien. Et, là, je ne veux plus rien savoir !

Je m'énerve mais pas contre eux, contre moi ! C'était vraiment une idée stupide ! Je le savais, en plus! Mais pourtant...je ne m'attendais pas à cette réaction-là... elle avait l'air blessée et choquée par la nouvelle. Que s'était-il passé ? Pourquoi chasser maman ?

Je m'attendais à une réaction plutôt froide où on m'aurait signifié que je n'étais pas la bienvenue. Pas à provoquer un cataclysme chez eux. Et en plus, je me sens coupable de l'avoir annoncé en hurlant.

Une main se glisse dans la mienne et me donne une pression pour m'assurer que je ne suis pas seule. Je jette un oeil et je vois Darren qui me fait un bref sourire.

Je presse sa main en retour et le lâche pour me retourner sur Jim.

-Alors, tes tatouages?

-ahah! Tu es curieuse, hein?

Il enlève sa veste en cuir usé qu'il porte toujours quand il n'est pas sur scène et tend son bras droit. Un magnifique loup sous une lune pleine et au loin, une femme éthérée aux longs cheveux gris. On ne distingue pas ses traits. Je caresse légèrement son bras avant d'attraper l'autre.

Une tête de mort avec des hiboux dans les orbites... étrange et original.

- Ils correspondent à des moments dans ma vie. Mais, comme tu peux le constater, je suis fan d'histoires surnaturelles.

- Si tu veux, Emi, il en a aussi sur la poitrine ! sourit Lorenzo gentiment moqueur.

A ces mots, je rougis violemment et lâche Jim. Tout le monde rit sauf Neil qui m'observe avec son regard le plus sombre que j'ai eu l'occasion de voir. Même à son époque « yeux revolver ».

Nous sommes arrivés. Chaque garçon me salue à sa manière avant de s'éparpiller vers nos chambres. Jim effleure ma tempe de ses lèvres et lance un regard entendu à Neil.

- Il est tard, on devrait se coucher ! Demain concert ! Bonne nuit, Emi !

Il grimpe les escaliers.

-Ça va? demande Neil d'une voix douce.

J'opine de la tête et le laisse me raccompagner jusqu'à ma chambre. Il a les mains profondément enfouies dans ses poches.

- Bonne nuit, Pimprenelle.

Je lui fais un signe de la main, incapable de parler et entre dans ma chambre. Une fois la porte fermée, je m'effondre sur mon lit. Ma tête est vide, mon coeur est lourd mais mon âme chante.

J'ai me suis prise une claque avec les prédictions, j'ai été rejetée et perdu un amoureux. Mais j'ai gagné trois amis en plus, ce soir. Et ça, ça n'a pas de prix.


Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)Where stories live. Discover now