Neil: petite soeur

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Son petit visage me hante. Ses yeux se sont vidés de toute substance comme si j'avais soufflé sur la petite flamme pour les éteindre. Bon sang, j'avais envie de lui mettre mon poing dans sa figure à cette journaliste! Mais il fallait que je secoue ma Pimprenelle, elle allait se faire dévorer toute crue. Et pourquoi, Dylan n'a- t-il pas fait son boulot aussi! Il devait les préparer. Car après, Gabe en a pris pour son grade, Darren aussi, Ethan moins étant donné que son histoire est un peu plus paisible.

Je me lève pour observer Paris, illuminée de milles feux. Toute une poésie se dégage de la ville. Hier, après avoir dégagé Luna, j'ai ressenti le besoin d'une balade le long des quais.

J'imaginais le sourire de Pimprenelle si elle avait été là, la chaleur de sa petite paume contre la mienne. J'aurais pu l'embrasser en observant le doux clapotis de la Seine, la serrer contre moi, me repaître de sa tendresse. Et c'est moi qui dit tout cela...

Quelques paroles pour une chanson me sont venues, tout n'était pas perdu finalement.

On frappe à la porte. Je n'ai plus d'espoir quant à l'éventuelle présence de ma Pimprenelle de l'autre côté de cette porte. Je vais ouvrir et vois ma petite soeur. Nous échangeons un long regard avant de tomber dans les bras l'un de l'autre.

- Alors c'est vrai, murmure Meghan, tu es de retour.

Elle me serre très fort contre elle. Je souris dans ses cheveux. Mon moral vient de remonter en flèche.

Nous nous affalons sur le lit pendant qu'elle me relate les derniers potins du monde diplomatique. Je ris car elle me décrit une situation cocasse dont elle a eu du mal à se dépêtrer.

- Pourquoi, n'ai-je pas de mal à t'imaginer ?

Meghan me fait un clin d'oeil. Quand nous sommes un peu calmés, je lui demande où elle en est question études. Elle fronce les sourcils.

- Ah bon, tu n'es pas au courant? J'envisage de devenir groupie ! Me dit-elle, très sérieuse.

Il y a comme un léger flottement dans l'air. Puis, un lent sourire se dessine sur le visage de Meghan.

- Je t'ai eu!

Et elle explose de rire.

Il faut que je réplique, ma petite soeur ne peut pas se jouer de moi comme ça. Et le célèbre chatouillis des Sanders lui tombe dessus jusqu'à ce qu'elle implore ma pitié. Soit. Je serais clément dans mon immense bonté.

- Voilà! Sache que tu n'auras jamais le dessus avec moi... et que tu ne pourras jamais être groupie. D'ailleurs n'imagine pas que je n'ai pas vu ton petit manège avec Darren !

Toute essoufflée encore, Meghan rougit jusqu'à la racine de ses cheveux qu'elle porte relâchés ce soir.

- Il est mignon et sympa, admet-elle.

- Oui, mais il joue dans un groupe qui va très certainement connaître du succès, ils sont jeunes et il risque de faire pas mal de conneries ! Et en plus, il a pas mal de bagages derrière lui!

- Tout comme toi, Neil?

Attrapé à son propre piège, le frère ! Elle grandit ma petite sœur...

- Oui, comme moi et c'est pourquoi j'aimerais que tu ne t'en approches pas!

- Arrête de m'appeler alors !

La réalité me revient à grand fracas. Pimprenelle.

- Comment va-t-elle? demandé-je redevenu sérieux.

Meghan se redresse avec une petite moue songeuse.

- Pas très bien, si tu veux mon avis. Elle ne m'a rien dit. Sauf cette histoire d'interview dont tu m'avais déjà parlé. Tu en as discuté avec Dylan ?

- Oui, il va prendre les mesures nécessaires.

Je n'ai pas envie de voir la vie privée de mes amis s'étaler dans la presse alors qu'ils entament une carrière prometteuse. Meghan se réinstalle confortablement sur mon lit.

- Si tu m'expliquais pourquoi tu m'as appelé ?

- Je te l'ai dit, Emilie...

- Je t'arrête tout de suite, m'interrompt-elle, et tu me donnes la vraie raison. Moi, j'adore Emilie mais toi ? Tu l'aimes bien ou il y a plus?

Dois-je continuer cette mascarade ? Ma soeur a le droit de savoir. Elle est là sur un simple coup de fil.

Jim et Lorenzo m'ont demandé à plusieurs reprises depuis hier de leur faire confiance et de leur parler en voyant ma tête renfrognée. Les autres, je pourrais leur faire confiance à eux aussi. Je pourrais leur en parler même si ça ne m'avancera pas. Même si la situation me paraît inextricable. Mais je ne suis pas seul cette fois.

Je déballe tout à Meghan. Je ne voulais pas qu'elle sache pour notre père. Mais tant qu'à faire, je préfèrerai que ça vienne de moi. Toute cette histoire commence à me gaver, Luna n'en parlons pas.

Je voudrais que ce soit simple, juste Emilie et moi. Je ne pourrais plus revenir en arrière et faire semblant de ne pas l'avoir touchée ou embrassée. Je ne peux plus nier ce que je ressens pour elle.

Les émotions qui défilent sur le visage de Meghan pendant mon récit, parlent pour elle. A l'annonce de ce qu'a fait mon père, des larmes silencieuses coulent sur ses joues. Quand j'en arrive au chantage de Luna, elle s'anime.

-NON ! Mais non, Neil ! Tu ne peux pas la laisser faire ! J'ai du mal à croire que papa l'ait forcée à quoi que ce soit ; il ne l'aime pas du tout! Parles-en à papa s'il te plaît ! me supplie-t-elle.

Elle me prend dans ses bras et me serre très fort.

-Je suis tellement désolée, je ne savais pas... il a tout gâché pour toi! Tu sais, Maeva venait beaucoup à la maison même quand tu n'y étais pas. Elle n'avait que 16 ans... mais elle l'a peut-être rendu fou ! Oh mon Dieu, papa... qu'est-ce que tu as dû souffrir. Ils ont abusés de ta confiance ! Quant à Luna, je ne l'aime pas et je ne lui fais pas confiance. Il faut qu'on parle à papa !

Elle recule légèrement pour me regarder dans les yeux.

-Dis-moi qu'on le fera.

Je hoche la tête. C'est le bordel là-dedans mais je suis soulagé. J'avais besoin que quelqu'un me dise ces choses-là. Meghan est plus jeune mais parfois plus mature que moi.

Elle détache ses bras et se lève.

- Je comprends mieux l'ambiance à la maison à cette époque-là. Et j'ai bien vu qu'il se passait quelque chose avec Emi ! Il faut te battre, Neil ! Tu es de retour et c'est grâce à elle ! La cachottière ! Va la rejoindre !

Son visage est ardent et me montre comme elle est attaché à Emilie, elle aussi.

....

Je suis devant la porte d'Emilie quand je me rends compte qu'elle est entrouverte. Je la pousse tout doucement. Ma belle Pimprenelle, endormie dans son lit, recroquevillée en position fœtale. La couverture a glissée et laisse ses cuisses à découvert. Je ne suis qu'un mec après tout et complètement fasciné, je m'approche du lit. Mes doigts sont mués par une volonté autre que la mienne et se posent sur ses cuisses nues. Sa peau est si douce, si tendre...

Une main se pose sur la mienne.

Je lève mes yeux et rencontre un regard vert animé de mille paillettes. La main glisse lentement vers mon poignet et me tire vers le lit.

-Pimprenelle...

Elle pose son doigt sur mes lèvres.

- Chuuut... demain.

Et sa bouche remplace son index.

Pendant notre baiser, je sens qu'elle déboutonne ma chemise.

- J'ai tellement besoin de toi, Emilie. Murmuré-je tout contre sa bouche.

- Je sais.


Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)Where stories live. Discover now