Chapitre 14

77 9 1
                                    




Kanon dévisagea Minos en réprimant une furieuse envie de le frapper. Le dernier à lui avoir parlé ainsi avait eu deux jours d'hôpital pour le regretter.

- Très bien, je t'écoute, finit-il par dire. Qu'est-ce que je dois savoir de si important sur les immortels qui excuserait ton frangin ?
- Pas l'excuser, mais comprendre la situation et la scène à laquelle tu as assisté avant que Valentine n'aille bouder.
- Mouais, la précédente guerre sainte, et patati... Fit le chevalier d'un geste blasé.
- Non, pas la précédente, mais la première. C'est là que tout à commencer à s'emmêler.

Kanon émit un sifflement stupéfait.

- Eh ben ! Ça date ! Commenta-t-il.
- C'est ce que je veux que tu comprennes. Pour les immortels et pseudo-immortels, la notion de temps n'est pas la même pour les simples mortels. Les siècles, les années ne semblent pas durer plus que les mois ou les jours pour les humains, d'accord ?
- D'accord, répéta lentement le Gémeaux en détachant les syllabes pour se laisser le temps d'assimiler l'information. Donc, si je suis ton raisonnement une rupture qui s'est produit il y a... mettons six siècles pour un dieu équivaut à une rupture de six mois pour mortel.
- Oui, en gros c'est ça. L'accident que tu qualifies de viol, c'est produit une quinzaine années après la première guerre. Et il faut que tu saches qu'Hadès était certain de sa victoire et que la défaite à été cuisante.
- Comme d'hab !

Kanon qui avait haussé les épaules en disant cela, affichait maintenant un sourire narquois. Minos préféra ne pas relever. Si cela n'avait pas été pour la Harpie qu'il appréciait beaucoup, il aurait depuis longtemps remis l'effronté à sa place. Il poursuivit donc avec un calme qui déçu le chevalier.

- Plus encore cette fois-ci, il est le fils de Cronos et disposait une centaine de spectres contre à peine un cinquante de chevaliers et une gamine...
- Qui avait déjà vaincu Poséidon si mes souvenirs sont bons.
- Certes, mais Poséidon est une bille. Je ne t'apprend rien là dessus, répliqua le juge avec un sourire sardonique. Un enfant de quatre ans pourrait le vaincre.
- Mouais... Se renfrogna le Grec vexé par la contre-attaque.

Ravi de sa petite victoire, le Griffon reprit.

- Styx, qui aime beaucoup son cousin était de notre côté et Niké avait promis de ne pas intervenir.
- Son cousin ?
- Hadès, voyons ! Bref, Niké a promis mais pas juré, et sans doute sur l'insistance de Zeus, elle s'est rangée du côté d'Athéna....
- Bien sûr ! La petite fille chérie à son papa ! Il n'aurait surtout pas fallu qu'il lui arrive bobo.

Le juge pouffa. Si le grand pope l'entendait, il en aurait fait une attaque. Cependant, pour le spectre habitué à lire la vérité derrière les mots, il était évident que l'attaque était en fait dirigée contre le roi des dieux.

- Oui, sans doute, du moins en apparence, mais en réalité c'était à cause de nous. Zeus déteste Hadès... Ne me demande pas pourquoi, je l'ignore, anticipa Minos. Bref, quand il nous a nommé juge, notre cher père ne nous a pas seulement présenter le poste comme une récompense. A l'entendre nous étions les sauveurs des âmes défuntes, leur garantissant un jugement loyal, équitable, sous-entendant que ce n'était pas le cas actuellement. Ça le rendait malade de ne pas savoir ce que se passait aux enfers et il pensait que nous serions ses espions. Ce qu'il n'avait pas prévu, aveuglé par sa haine, s'était qu'Hadès, soulagé d'avoir du renfort, nous accueillerait à bras ouverts. Nous nous sommes pris d'affection pour ce dieu, rejeté par les siens et ne demandant qu'à être aimer. Il était tellement simple, tellement sincère, tellement humain...

Et toi tellement amoureux, songea Kanon avec un petit sourire amusé. Néanmoins, il garda le silence. L'histoire commençait sérieusement à l'intéresser et il n'avait plus envie de l'interrompre.

La valse des sentimentsWhere stories live. Discover now