chapitre 1

388 41 89
                                    

Il est là, debout, comme chaque soir. Il prononce toujours les mêmes paroles.
- Ne m'oublie pas ...
Je ne vois pas son visage, seulement une silhouette dans l'ombre.
Ensuite, vint une lumière verte.
Puis il n'y a plus rien.

Je me réveille, le front perlant de sueur.
Comme toutes les nuits depuis maintenant un ans, ce rêve me hante.
Ce garçon, ou peut-être cet homme, je ne vois que sa silhouette et j'entends sa voix. C'est tout.
Et pourtant... Je ne connais pas son physique mais j'ai l'impression de l'avoir déjà vu.
Et sa voix... Lorsqu'il parle quelque chose vibre en moi, comme une sensation indescriptible dans mon ventre.

  Je sors de mes pensées et me prépare pour aller en cours. J'attrape un jean noir, un haut léger à fleurs et une paire de bottines. Je met un peu de BB crème, du mascara, me fait une tresse, m'empare de mon sac et m'empresse d'aller au lycée.
Je sors de ma chambre et emprunte l'escalier. Je me retrouve dans le hall du foyer dans lequel je vis.
Tous les mineurs de notre population vivent dans un foyer avec d'autres mineurs. Les foyers sont tous les mêmes, très grands et monotones. De façade, ils sont fait en béton peint d'une couleur jaunâtre. On ne peut pas dire qu'ils soient très attrayants.
Lorsque l'on regarde le foyer de l'extérieur, on voit pleins de fenêtres qui correspondent aux chambres.
L'entrée du bâtiment est marquée par une grande porte en bois au dessus de laquelle est écrit le numéro du foyer car chaque foyer à son numéro.
Un peu comme une maison en fait, nous habitons dans une maison lorsque nous avons quitté le foyer, c'est à dire lorsque nous sommes majeurs et avons un travail.
Moi, j'habite au foyer 654. La façade est la même pour chaque foyer de France.
Quand on entre dans le bâtiment, il y a un grand hall. Au sol se trouve un gigantesque tapis à motifs ethniques choisi par la directrice du foyer. Je pense qu'il n'y a que dans mon foyer que l'on trouve un tel tapis.
À droite du hall se trouve un réfectoire, c'est là où nous mangeons . Il y a d'ailleurs toujours une odeur de nourriture qui flotte dans l'air dans mon foyer, autant vous dire que je ne suis pas ravie lorsque c'est une odeur de poisson.
Dans le hall , il y a le bureau du directeur. Dans mon foyer, ce n'est pas un directeur mais une directrice nommé Anna, qui est soit dit-en passant plutôt psychorigide.
Au fond du hall, il y a des escaliers en bois menant aux chambres des résidents. J'habite au troisième étage. Je dois donc monter à pied trois étages avant d'atteindre la chambre. Quand je rentre d'une longue journée, c'est assez épuisant ! J'ai toujours pensé qu'il devrait y avoir des ascenseurs, mais il n'y en a dans aucun foyer en France alors pourquoi y en aurait-il dans le mien ?
Tout le monde semble satisfait de vivre dans un foyer, moi aussi d'ailleurs, mais je me demande toujours comment sommes-nous venus au monde? C'est vrai que nous vivons dans un foyer depuis notre plus tendre enfance et que nous ne savons rien de nos origines.
Aucun prof n'a jamais répondu à ma question, peut-être ignorent-ils eux aussi la réponse. Un jour, je crois avoir entendu parler de quelque chose qui se nomme "parents", peut-être que c'est cette chose qui a fait que nous existions. En tout cas, je pense que certaines personnes nous cachent des choses. La vérité sembles être bien plus sombre.

  Je sors du foyer et commence à marcher. Le chemin vers le lycée n'est pas très long mais plutôt ennuyeux.
Les bâtiments qui m'entourent sont pour la plupart gris, les autres lycéens que je croise sur le chemin (qui sont rares) marchent tous au même rythme, la tête droite. Tous les mêmes. Heureusement que le port de l'uniforme n'est plus obligatoire ! Sinon, nous serions vraiment tous semblables !

  Arrivée devant le lycée, j'aperçois Marion, la fille avec qui je reste au lycée.

-Marion !!!
-Salut Tessa.

  Marion est plutôt grande, fine au teint hâlé. Elle a aujourd'hui lâché ses longs cheveux bruns et s'est parée d'une somptueuse robe rose pastel. Je fais vraiment tâche à côté d'elle.

Réinitialisée Where stories live. Discover now