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Il y a les moments que j'aime vivre à tes côtés et ceux que je passe sur ton dos.

Tu es un passeport pour mes rêveries. Le visa idéal pour un monde que je n'ai jamais connu. Sur ton dos le monde change, nous transformons les lieux et les époques.

Quand nous passons près des vaches et que le vent souffle dans les brins d'herbe grasse, je deviens un cow-boy. Le sentiment est si fort que je sens le manteau poussièreux sur mes épaules. Mon casque devient un stetson et tu te transformes en monture western. Je sentirais presque une flasque de whisky frelaté dans ma poche intérieure et une barbe sale me gratter les joues. D'un mouvement d'épaule tu choisis alors un chemin sur la droite, un chemin stable et confortable que nous connaissons bien l'une et l'autre. Je fais un petit bruit de baiser avec ma bouche et tu comprends aussitôt. Tu t'envoles.

Tes foulées sont magiques.

Le début de ton galop emmène le cow-boy vers de nouvelles aventures. Puis tu accèlères. Plus vite, tu nous transformes encore une fois.
Légèreté.
Tes petits pieds souples et agiles nous donnent l'avantage, au grand galop dans la plaine tu deviens un poney appaloosa et je suis un indien. On file plus vite que les cow-boys, trop lourds, trop ivres. On vole vers les canyons imaginaires, on est légères comme les plumes à mon front. 

Légères.

Quand nous ralentissons nous avons atteint le sommet de quelque chose. À chaque fois.
C'est une côte.
C'est une petite butte.
C'est une colline.
Ce n'est jamais très haut.

Je flatte et caresse ton encolure poisseuse de l'effort fourni. On s'arrête et on regarde le monde qui s'étend devant nos quatre yeux. Rien de spécial ni de spectaculaire, juste le paysage qui s'offre à nous et toi qui m'oblige à le regarder. Après une course folle sur ton dos, tu me forces toujours à prendre le temps de contempler ce qui est beau et ce qui compte. La terre. Le ciel. Le ruisseau en bas. Le temps qui passe, qui ne s'achète pas.
Et le sentiment de bonheur et d'amour que tu me pousses à ressentir.

Quand je reviens de nos rendez-vous je suis meilleure avec les autres.
Mais je ne leur dis surtout pas : ils ne pourraient pas comprendre.

Je ne parle pas trop de toi aux autresWhere stories live. Discover now