Chapitre 9- La lumière ne brillera pas ce soir...

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Je me relève discrètement et observe le long couloir qui s'offre à moi. Personne. Je mords ma lèvre jusqu'à sang et hésite un instant, réflexion qui ne dure pas bien longtemps. Je finis par m'élancer en son sein et cours à perdre haleine. C'est à peine si mes pieds touchent le sol. Je ne me retourne pas pour voir le chemin parcouru.

Je tourne dans plusieurs couloirs et monte une série d'escaliers, guidée par mes sens. Jusqu'à ce que, sans prévenir, de hautes portes blanches s'élèvent devant moi. Pourtant, je ne freine pas ma course. Je fonce tête baissée à leur encontre et, à mon grand bonheur, celles-ci se dématérialisent instantanément.

La brise chaude de Tre s'insère entre mes cheveux, balayant mon visage. Je suis dehors, couverte par le ciel nocturne. Je ne prends pas le temps de regarder derrière moi et traverse plus vite que jamais la forêt urbaine très vite remplacée par les grands arbres du Cercle Naturel.

Je remarque seulement, qu'aucun drone ne m'a suivie. Mon évasion s'est avérée être un vrai jeu d'enfant. Est-ce que je rêve ? Est-ce un piège ? Je m'attendais à rencontrer plus de difficultés. Un sentiment désagréable s'empare de moi à cette pensée, très vite évincé par ce que je perçois devant moi.

Le cube de ma mère est ouvert. Ses portes ont été dématérialisées. Ce qui est strictement anormal étant donné que nous sommes en plein milieu de la nuit. Je suis submergée par une sensation d'effroi. Quelque chose ne va pas. Des picotements désagréables s'emparent de ma nuque.

– Maman, tu es là ? tenté-je d'une voix tremblante.

Personne ne me répond, mais je perçois un bruit sourd en provenance du fond de la pièce. Je m'y précipite complètement affolée et retrouve ma mère étendue sur le sol. Une tâche rouge s'étend lentement sur sa chemise de nuit. Une femme à la peau hâlée et aux longs cheveux noirs est penchée sur son corps. Quand elle m'entend, elle relève vivement la tête.

Je suis frappée par l'étrangeté de ses yeux. Ses iris sont fendus de la même manière que celle d'un chat. Celles-ci possèdent une couleur indéfinissable. Entre le jaune et l'anis. Elle est accroupie au dessus du corps de ma mère dans une posture féline, donnant l'impression qu'elle est prête à bondir. 

Une mutante ?

– Dahlia je suis désolée, j'ai été impuissante... balbutie-t-elle

Sa voix est claire et laisse une impression de chaleur. Elle penche la tête sur le côté et reste sur ses gardes, épiant mes moindres faits et gestes.

– Qui êtes-vous ? Qu'avez-vous fait ? hurlé-je, choquée par la scène qui s'étend devant mes yeux.

La colère me submerge, cette femme a tué ma mère. La seule personne qui me restait. Elle va le regretter amèrement.

– J'étais venue te chercher, je m'appelle Sha. Je suis comme toi. Et je... je suis sincèrement désolée.

Cette femme est sûrement un membre du Stand, ce groupe de mutants qui souhaite renverser le pouvoir. À cet instant, la maison commence à trembler. Les cheveux de la mutante se hissent sur sa tête. Les objets autour d'elle entrent en lévitation.

Ma rage ne cesse de s'accroître. Les objets tourbillonnent dangereusement autour d'elle jusqu'à ce qu'une chaise la percute violemment. Elle s'affale lourdement sur le sol. Quand elle relève la tête, un filet de sang apparaît sur sa lèvre inférieure.

– Je suis désolée, réitère-t-elle avant de s'évaporer.

– Reviens, espèce de lâche, m'égosillé-je.

Ultra (sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now