Il suffit d'un instant.

Chapitre 10 | Un vilain défaut

《 On ne force pas une curiosité, on l'éveille. 》
- Daniel Pennac

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- La rouge, ou la bleue claire ? Demandais-je en agitant les deux robes devant moi simultanément. Ou alors je mets la noire, pour cacher un peu plus mon ventre...

Je repose rapidement les deux robes sur mon lit, alors que Zara est au bord du fou rire. Je ne vois pas vraiment ce qui est drôle dans tout ça. Je n'ai aucune tenue convenable pour ce dîner qui ne trahirait pas ma grossesse. Ça m'apprendra d'accepter un dîner alors que je ne devrais pas...

- Ha non ! Pas la noire, on dirait que tu vas à un enterrement avec celle-là, confit-elle en grimaçant.

Je balance la robe à côté des autres et souffle longuement. Je n'ai aucune idée de ce que je pourrai porter ce soir et ça commence à m'énerver.

- Détend toi Sissa, me rassure ma meilleure amie. En plus, c'est pas comme si c'était un rencart... ajoute-t-elle sur une pointe d'ironie.

- Je ne sais pas... peut-être qu'il veut juste discuter du travail

- Quoi ? s'exclame-t-elle en se relevant brutalement du lit. Tu rigoles j'espère ? Tu vas quand même pas croire cette connerie ? C'est évident que c'est un rencart, réplique-t-elle presque abasourdie par ce que je viens de dire.

- Je me demande si j'ai bien fais d'accepter ce rendez vous. C'est encore trop tôt pour moi ce genre de chose. Bryan est parti depuis à peine 3 mois..

"À peine" et pourtant il me semble que cela fait une éternité qu'il m'a quitté.

- Écoute Sissa, dans un sens tu as raison c'est tôt, mais Sasha ne t'a rien demandé. Dis-toi que ce n'est juste qu'un simple rendez-vous entre deux personnes. Il ne t'a pas mis la bague au doigt, et tu n'as rien à te sentir obligé de faire que tu ne voudrais pas faire.

J'écoute silencieusement les mots rassurants de Zara, et j'avoue que ça me détend un peu. Elle a raison, je ne dois pas me prendre la tête comme ça tout le temps.

- Tiens, je pense que tu devrais mettre la bleue claire, ajoute-t-elle en me tendant le cintre sur lequel est accroché la robe. Je te dirais bien la rouge mais celle-là fait vraiment femme fatale, dans le style "Sexy même enceinte et célibataire", explique-t-elle tout en imitant une courbure parfaite en plaquant la robe contre elle. La bleue reste un peu plus soft dans le genre " J'ai accepté ce rencart mais je n'embrasse pas le premier soir", finit-elle par dire en me désignant du doigt comme pour un avertissement.

L'explication de Zara est assez originale et si je n'étais pas aussi stressée, je m'amuserai sûrement à la charrier. Je prend la robe et la regarde. Cette robe, c'était celle que préférait Bryan. Il adorait la teinte bleu ciel du tissu, et la matière en dentelle.
Je chasse aussitôt cette pensée de mon esprit. Je ne dois pas penser à lui ce soir.

- J'espère que tu as raison, et qu'elle ne dira pas plutôt "Bébé a bord, laissez passer, femme enceinte"...

Zara me regarde à la fois amusée et agacée par ma réplique. Je sors de ma chambre et file à la salle de bain pour enfiler la robe. Ça se révèle plus compliqué que prévu. J'ai tellement peur de craquer le tissu ou alors finalement d'être déçue de me retrouver de nouveau avec l'un de ses vêtements qui me serre. J'essaie de me faufiler le plus délicatement possible, et au bout de quelques minutes je parviens enfin à remonter la fermeture éclaire dans mon dos.