Florent et Jade

Chapitre 1

       Je suis agoraphobe et glossophobe, ce qui signifie que j'ai peur de me retrouver dans une foule et de parler en public. Je fais preuve aussi d'une timidité sans failles, et d'une capacité à envoyer les gens bouler... Bref, je suis ce qu'on appelle une antisociale. Le fait que les gens essaient toujours d'entamer une discussion avec moi m'énerve au plus haut point, presque autant que quand j'avais un appareil dentaire et que dès que je mangeais des épinards, ils se coinçaient dedans. Les gens ne comprennent pas que quand je ne leur répond pas, c'est certes, que je ne veux pas leur parler, mais aussi en grande partie parce que je ne peux pas leur parler.

     Au collège et en seconde, j'étais la fille timide accrochée à sa meilleure amie comme un enfant à son doudou. J'avais 18 de moyenne et étais la préférée des profs. Capu dit que si j'avais été une sorcière et que je devais aller à Poudlard, je serais sûrement aller à Serdaigle, la maison des intellos comme elle aime l'appeler. Mais cette année, je suis prête à combattre le feu par les flammes ! J'ai décidé de devenir comme ma meilleure amie Capucine, une fonceuse, une gryffondore !!

     Je sais que tout le monde se demande ce que fait une fille comme Capu avec une fille comme moi ! Mais ils ne me connaissent pas et, bien que Capu et Moi soyons si différentes, nous nous complétons en quelque sorte. Par exemple, dans Harry Potter j'adore Ron Weasley, Hagrid, Neville, Rogue, Fred, Georges... En faite, tout les monde ! Même vous-savez-qui ! alors que Capu, ba... Elle aime pas Harry Potter ! Et d'ailleurs je la déteste pour ses goûts de merde !  A nous deux, nous regroupons donc tous les personnages de Harry Potter !  

Bref, tous les ans c'est la même histoire, Capu et moi sommes dans la même classe, nous sommes collées comme des siamoises, mais elle va quelques fois voir ses autres amis (bien que je sois sa préférée), et généralement, je passe mon temps libre à la bibliothèque du lycée à faire des recherches pour notre prochain exposé ou à lire.

D'ailleurs, hier était le dernier jour avant les vacances de Noël, je devais attendre Capu pour qu'elle me ramène chez moi.

- Tu m'attends ?

- Ba oui, je vais pas rentrer à pied !

- Ba c'est vrai que tu aurais des ampoules à force de marcher longtemps !

- Grave ! Tu vas faire quoi déjà ?

- Je vais au parc avec des potes, on sèche le cours de théâtre !

- Ok, reviens pile pour 17 heures, je n'ai pas envi d'expliquer à ta mère où tu es passée ! Et si tu me cherches je suis...

- Plongée dans tes bouquins à la bibliothèque ! Je sais !

Je la laisse et part dans la direction oposée. Arrivée à la bibliothèque, je commence à chercher des livres sur l'exposé de la vaccination à faire pour la rentrée. Après avoir trouvé quelques livres intéressants sur le sujet, je me dirigeais vers les romans quand une pile de livre qui venait du rayon d'en face me tomba dessus. Un garçon arriva près de moi.

- Salut ! Désolé, je t'ai fais mal ?

Je baissai la tête.

Evidemment ! tu as failli me casser le crane en deux connard !!!

- Je suis vraiment désolé, je ne pensais pas qu'il y aurait encore des gens à cette heure-là ! Mais c'est que tu es tellement discrète !

Ba arrête de te prendre pour le nombril du monde et réfléchis !

- Tu es nouvelle ? Je ne t'ai jamais vu avant aujourd'hui !

Je fis non de la tête.

- Tu vas bien ?

Je hochai la tête.

Nous ramassons les livres restés par terre puis je pris mon sac et partis. Je ne voulais pas rester une minute de plus en sa présence, c'était trop gênant, il avait dû penser que j'étais un peu attardée sur le plan mental. En partant, il me fit un signe de la main, mais je l'ignorai (encore une fois). Cela ne lui faisait donc ni chaud ni froid de dialoguer tout seul ?

PDV Florent

J'étais à la bibliothèque pour passer le temps, quand, en voulant sortir un livre, j'en fis tomber une dizaine de l'autre côté du rayon. J'entendis « aïe » et « putain ». Je rejoignis cette personne. C'était une fille, en seconde ou en première je dirais, même si elle faisait beaucoup plus jeune. Elle était châtain foncé, avec une grande majorité de reflets blonds vénissiens très jolis. Elle avait de grand yeux bleus-gris ronds, un nez légèrement arqué et une bouche petite mais pulpeuse. Son manque de confiance en elle sortait tellement de sa peau que j'aurais pu le renifler à trois kilomètres. Elle était jolie, mais elle l'était encore plus car elle ne le savait pas.

Je m'excusais des millions de fois, mais elle ne me répondait pas, elle fuyait même mon regard. C'était vraiment bizarre car d'habitude, les filles se pressaient pour me parler. Je ne me la pète pas hein, au contraire ! Mais tant qu'à faire, autant être réaliste.

Bref, nous étions en train de ramasser les livres quand j'avais soudain envie d'entendre sa voix, de connaître tout de sa vie (ou du moins les grandes lignes), je voulais savoir comment elle s'appelait, combien elle avait de frères et de sœurs, si ses parents étaient séparés ou pas, où elle vivait ! Je luis demandai si elle était nouvelle, mais je savais très bien que non, je l'avais croisé quelques fois à la cafétéria, elle était discrète, mais pas invisible. Vu qu'elle ne me répondait pas, j'allais lui poser une autre question, mais je me retins. A quoi cela me menait-il ? Elle n'allait pas me répondre, je le savais. Pourtant, je n'avais jamais été d'une grande timidité et je n'avais eu peur du ridicule ni de me prendre des vents ! Et pourtant la liste de mes hontes et des gros vents qu'on m'a mis est longue ! Mais avec elle, je n'en avais pas envie. En faite, je crois que ce genre de filles n'est pas fait pour moi, trop timide ! Et trop sérieuse, elle ne sait pas s'amuser. Alors je lui fis un signe de la main avant qu'elle parte.