3 - Être en accord.

16.6K 2K 483
                                    


Tess.

Je suis maudite, ce n'est pas possible autrement. Je me fends d'une chouette bonne action, et même si c'est une requête débile que demander d'envoyer l'homme parfait sonner à ma porte, il n'était pas nécessaire de me le prouver en m'expédiant une espèce de fou furieux, malpoli et colérique. Ok le ciel, sois-en sûr, je ne te demanderai plus rien !

Encore agacée par l'autre abruti, je raconte n'importe quoi. Je me prépare une tasse de thé, en espérant que cela me changera les idées. Mais rien à faire, je repense à la scène tout au long de la préparation.

Il n'est pas gâté le pauvre Elliot avec cet énergumène comme frère. J'ose croire qu'il ne se comporte pas de la sorte avec lui, mais rien n'est impossible avec un tel caractère. En tout cas, je suis tranquille pour ses fournitures scolaires et ses baskets, il ne les lui piquera pas. Quoique, vu le spécimen, va savoir s'il n'est pas capable de les revendre.

J'imaginais un frère de douze ou treize ans, je suis loin du compte. Je dirais qu'il a quelques années de plus que moi, environ vingt-sept ans. Quant à sa carrure, houlà ! Plutôt bien bâti. La largeur de ses épaules, le bombé de ses pectoraux et ses longues jambes ne m'ont pas échappé sous ses frusques dégoutantes. Il doit être mécano vu qu'il empeste la graisse de moteur, et en est recouvert jusque sur le front. Perturbée par cette tache noire, j'avais un mal fou à me concentrer sur autre chose, comme une petite lumière qui clignote, ou mieux, le bouton blanc que l'on ne peut pas oublier tant qu'on ne l'a pas pété. Bref.

C'est quand même dommage qu'il soit aussi désagréable, parce qu'il est diablement beau. Avant de me focaliser sur le cambouis, j'étais en admiration sur le vert de ses yeux. En élargissant mon champ de vision, j'ai découvert un visage très séduisant. Un ovale parfait et un menton arrondi qui lui donnent presque un air enfantin. Aucun angle vif, des lignes douces et harmonieuses jusqu'à ses lèvres charnues, qui lui servent à déverser son fiel. Il est réellement très beau, quel gâchis que ce caractère de dogue !

Même les grandes cicatrices qui lui barrent la partie gauche du visage ne parviennent pas à l'enlaidir, pourtant, elles sont longues et larges. Vu les dégâts, il a dû beaucoup souffrir. Malgré tout et étrangement, elles lui vont bien. C'est un fait, puisque je le trouve attirant.

Il serait parfait s'il était muet. Cela dit, je dois avouer que je n'ai pas été très sympa non plus, mais à ma décharge, il l'a bien cherché. Je n'ai jamais été réputée pour mon caractère doux, mais plutôt pour mon côté aimable, jusqu'à ce que l'on me marche sur les pieds. Je deviens rapidement acerbe si nécessaire. Abruti en a eu la preuve, planquée sous mon apparence angélique, je sais grogner, aboyer, et même mordre.

J'espère que les parents sont plus sympathiques que lui, sinon, la vie ne doit pas être joyeuse pour ce pauvre Elliot. Je ris toute seule en pensant que si l'abruti m'entendait, il me répondrait que je ferais mieux de m'occuper de mes fesses.

Bon, ce n'est pas tout cela, j'étais en train de travailler avant sa visite de courtoisie. Je préfère cent fois recevoir les témoins de Jehova et parler d'apocalypse toute la soirée. La récré est terminée, je dois rendre un texte traduit en deux langues pour demain, alors je ne dois pas m'éparpiller.

Le lendemain, la traduction envoyée à l'éditeur, je me prépare à sortir. Un passage au supermarché s'impose, puisqu'Elliot a accaparé mon temps et mon caddy la dernière fois.

Après mon deuxième kilomètre dans le magasin, je me dirige vers les caisses avec tout ce qu'il me faut. En traversant le rayon des vêtements, une jolie veste à capuche bleu ciel accroche mon regard, le motif est le héros favori d'Elliot.

Sublimes cicatrices (Disponible en édition)Where stories live. Discover now