miss clarke ? (camren)

Chapitre n°22

- PDV de Camila -

Je ne saurais pas dire combien de temps j'étais restée là, debout au milieu du couloir et incapable d'effectuer ne serait-ce qu'un mouvement de bras. Les membres engourdis, je me sentais affaiblie, triste, coupable et surtout atrocement confuse. Lauren pleurait. Elle pleurait à cause de moi pour une raison qui, pourtant, m'échappait totalement. Le pire était sans doute qu'elle avait fui pour ne pas avoir à m'expliquer, et que je n'avais même pas bougé le petit doigt pour la rattraper. Elle en était arrivée jusqu'à venir me chercher chez moi en pleine nuit dans le but de me changer les idées, et dans le cas présent c'était à peine si j'avais haussé un sourcil. Je me sentais stupide. Et je m'en voulais. Je m'en voulais, mais je ne savais pas comment revenir en arrière. Je ne pouvais pas, sans doute, et c'est cette réalité qui me serra brutalement le cœur. D'accord, c'était elle qui était partie, et qui ne voulait pas me parler. D'accord, je n'avais pas le droit de m'y opposer. Mais je me sentais responsable malgré tout. J'avais tout sauf envie de rejoindre ma salle de cours et d'avoir à me conduire comme si de rien n'était. Mais il le fallait, je n'avais pas le choix. Hors de question de manquer à nouveau au règlement: J'avais déjà bien assez de préoccupations comme ça.

Après avoir heurté la porte à deux reprises, j'abaissai la poignée et entrai en traînant les pieds. Je devrais, sûrement, mais je n'avais pas envie de soigner mon apparence. Mon attitude pouvait bien déranger la terre entière, je n'avais aucunement l'intention de sourire.

- Peut-on savoir où vous étiez, Mademoiselle Cabello ? m'interpela Madame Stewart, le ton aussi méprisant qu'à son habitude

- Dans le couloir, lâchai-je sans prendre la peine de me trouver une excuse

- Et peut-on savoir pour quelle raison ?

Je haussai négligemment les épaules.

- Non.

- Pardon ? s'étonna-t-elle, les sourcils haussés si haut qu'ils disparaissaient quasiment entre les plis de son front

- J'ai dit: non. Je n'ai pas d'excuse. J'étais juste... Dans le couloir, achevai-je en jetant un bref regard à ma meilleure amie qui me fixait d'un air inquiet depuis que j'avais fait mon apparition

La surprise qui se lisait sur le visage de mon interlocutrice montrait bien qu'elle ne s'attendait pas à une telle réponse, surtout venant de moi, mais je n'avais rien d'autre à lui dire. Les faits s'étant produits quelques instants auparavant ne la regardaient pas, et ils ne concernaient pas non plus les autres élèves assis dans la salle.

- Bien. Allez chercher un billet de retard, dans ce cas, rétorqua-t-elle mollement en reportant son attention sur les feuilles qu'elle tenait entre ses mains beaucoup trop grandes

A mon tour d'être surprise, cette fois: Madame Stewart n'était pas vraiment connue pour sa négligence concernant le règlement intérieur. Son autorité excessive avait fait le tour du lycée le jour-même où elle y avait mis les pieds. Cependant, sur l'instant, sa rigueur habituelle semblait avoir déserté les lieux, pour mon plus grand soulagement.

J'acquiesçai donc d'un hochement de tête peu assuré et fit demi-tour pour rejoindre le bureau. Et, alors que je marchais d'un pas rapide afin de minimiser mon absence, je croisai dans les escaliers une des dernières personnes avec lesquelles j'avais envie de m'attarder. Justin. Il ne dit rien, mais son regard perçant et son sourire malveillant lorsqu'il se rendit compte de ma présence suffit à me faire violemment tressaillir. Son expression trahissait ses pensées. Ses pensées qui me criaient : "Je sais ce que tu as fait." Je me mis alors à courir, laissant le bruit de mes pas résonner dans l'immense hall. Je saluai nerveusement le secrétaire et expliquai d'une voix tremblante la situation qui m'amenait. Il me tendit un morceau de papier jaune que je serrai entre mes doigts, avant de m'enfuir, les jambes en coton.