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Je pose la bouteille entre nous, il jette son joint par la fenêtre avant de se plaindre.

- Tu vois me dit-il, je peux même pas continuer tellement j'ai perdu l'habitude.
- C'est une bonne chose, mais t'as déjà l'air défoncé.

Il rigole et attrape la bouteille pour boire un coup. Petit à petit, Ken commence à être dans un état "second", de même pour moi et sans s'en rendre compte, les confidences s'installent comme les premières soirées, celles sur le toits que je n'oublierai jamais.

- Pourquoi tu m'as choisis ? Me demande t-il une cigarette dans la main.

Je n'avais même pas remarqué qu'il était entrain de fumer, la deuxième bouteille entamée est déjà à moitié vide. Mais bizarrement, cet état me convient.

- J'en sais rien, sûrement le destin, dis-je sûr de moi.
- Tu penses que dans notre vite on rencontre notre moitié?

Il a beaucoup de mal à parler, beaucoup plus que moi. Je lui demande gentiment de répéter, il souffle et reprend une gorgée, je fais la même chose. Je me trouve beaucoup trop sérieuse pour ce moment.

- Bah genre explique t-il, un jour j'ai lu une théorie, je ne sais plus de qui ni quand ni où.

Je rigole et attend qu'il finisse son explication.

- Et tu vois, en fait tu naît en quelque sorte  "complet", mais au fur est à mesure tu perds ta moitié tu vois? Et normalement tu passes ta vie à retrouver cette moitié pour te compléter.

Je le regarde sans rien dire car il me faut un instant avant de déchiffrer cette théorie, il attrape sa casquette pour la mettre.

- C'est possible, j'en ai aucune idée... Mais je pense bien que chaque personne est faite pour une seule et unique personne.

Il hoche la tête alors qu'il n'a pas compris, et me tape dans la main pour rejoindre mon avis.

- T'as déjà souffert ?
- En amour ?
- Non me lâche t-il, en général.
- Oui, je pense que tout le monde à déjà souffert une fois.

Il boit encore et éteint sa cigarette qui s'est consumée trop vite.

- Et toi?
- Carrément.

Sa réponse et froide, mais je sais qu'au fond il ne m'a pas encore tout dit.

- Mais vraiment tu vois, genre au point de douter du Ciel.
- Mais tu t'en es remis alors pas besoin d'en douter.

J'attrape le paquet pour en allumer une à mon tour.

- Mouais baille t-il, façon la foi c'est tout ce qu'il te reste quand tout est usé.

Je n'ajoute rien de plus afin d'éviter le sujet de religion -bien que j'y crois- mais cela risque de partir loin et de ne jamais se terminer.

- Je pense qu'avec toute les galères qu'on a eu, on mérite le bonheur, non? Lui demandais-je sincèrement.

Il me tire le bras pour que je me place sur lui, sa main se balade dans mes cheveux. Je peux penser que c'est l'heure de dormir mais pourtant la conversation n'est pas fini.

- Personne à un bonheur, vraiment.

Je me relève un peu, il commence à carrément dire n'importe quoi.

- Pourquoi?
- J'sais pas, les hommes détruisent tout ce qu'ils veulent s'approprier m'expliquent t-ils même ce qui les rendent heureux.

J'hausse les épaules puis m'installe de la même façon que tout à l'heure, en tailleur avec la tête collée contre le lit, c'est plus confortable. Il se lève à son tour mais sort sur le balcon.

- Il fait trop froid râlais-je.

Je l'entends soupiré puis fermé la porte et les rideaux ensuite. Il m'attrape par la taille et me
jette sur son épaule avant de me claquer sur le lit.

- On fait quoi demain?

Son bras est posé sur mon ventre et sa jambe droite m'écrase complètement, je replace l'oreiller pour essayer de me mettre à l'aise.

- Je suis absolument pas dans un état pour t'expliquer le programme bafouille t-il.
- Dans cet état là, tu ne peux rien m'expliquer en fait.
- Alors ne pose pas de questions bébé.

Il insiste sur le dernier mot pour me faire réagir, mais cette fois-ci ça ne marche.

- Alors bonne nuit.

En sursautant, il se place à l'autre bout de la
chambre.

- Nan nan, on est à Amsterdam il est seulement... Trois heures du matin! Hors de question de dormir maintenant.

J'allume une deuxième petite lumière, je ne comprends vraiment pas ces sauts d'humeurs ce soir et ça me fatigue.

- Qu'est-ce que tu veux faire?
- M'éclater, affirme t-il, avant de reprendre les concerts.
- Tu t'éclates déjà en tournée Ken!
- Oui mais t'es pas là.

Il me lance un clin d'œil et enfile un sweat avec des New balance, je ne savais même pas qu'il en avait. Je reçois un pull en pleine tête et une paire de chaussure juste après.

- Aïe, criais-je.
- Habilles-toi dépêche.

Je l'écoute sans demander d'explications, l'alcool à l'air de descendre de mon côté heureusement pour nous, car j'ai aucune idée dans quoi Ken va m'embarquer et ce n'est pas le bon jour ni la bonne heure pour déconner.

- Tu veux aller où?
- T'inquiète.

Il se met de dos à moi, les genoux fléchis avec les mains sur les côtés.

- Bah monte, s'exclame t-il peu de temps après.

Je m'agrippe à son coup en riant et entoure sa taille de mes petites jambes couverte d'un survêtement trop grand. Il claque la porte sans se préoccuper des autres qui essaient probablement de dormir. Le couloir est éclairé de petits lampadaires accrochés au mur, mais le sol est très glissant, ça par contre, risque d'être un gros problème.

- Oh putain Jenna.

Il me lâche et met ses mains sur sa bouche. Il cours devant la porte de chambre et tente de l'ouvrir.

- J'ai oublié les clés à l'intérieur !

Bordel de merde. Découragée, je me glisse contre le mur et termine à terre encore une fois, je pourrais raconté à Sacha que j'ai passé mon week-end sur le sol d'un hôtel en plein Amsterdam.

- On fait quoi?
- Je vais passer par la fenêtre non?
- C'est fermé idiot.

Il jure et s'assied en face de moi, la tête entre ses mains, ses yeux fermés, on dirait un petit bébé en colère, c'est vraiment mignon et drôle à la fois, même si la situation est loin d'être favorable.

- Bon.

Il se relève de la même façon que tout à l'heure.

- J'ai une idée.

Too Late | Nekfeu / (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant