11. Le secret en haut de l'escalier

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— Qui êtes-vous, Monsieur Lenris ? Et que nous cachez-vous ?

aMa voix a tremblé malgré moi. Il lève les mains en signe d'apaisement.

— Je ne suis personne qui doit t'inquiéter. Et je ne cache rien de nature à t'alarmer.

« Rien de nature à t'alarmer. »

— Mais vous cachez quelque chose, insisté-je.

Il hoche la tête. Des images toutes plus terrifiantes les unes que les autres tourbillonnent dans mon esprit.

— Vous êtes un criminel ?

— Je suis un hors-la-loi, mais ça, tu le sais déjà.

J'ouvre la bouche pour une question, mais il se lève et m'invite d'un signe à le suivre.

— Viens. Tu ne me laisseras pas tranquille tant que tu ne sauras pas, hein ?

Je hausse les épaules. Il me fait sortir par une porte située derrière le bar. Un escalier métallique s'enroule autour d'un pylône. Nous gravissons les marches en silence jusqu'à un panneau d'acier renforcé et muni d'une serrure à cinq points.

Mon cœur accélère brutalement. Avoir remarqué ce détail ne me rassure guère.

Le battant pivote et dévoile un appartement aux lignes épurées.

Valn Lenris me précède dans l'entrée.

— Alwena ? Je suis rentré, mon amour.

Il se dirige vers ce que je devine être le salon et je le suis.

Assis dans un fauteuil tendu de velours, au cœur d'une semi-pénombre, se tient une femme. Elle contemple un écran géant face à elle sur lequel défilent les images d'une forêt au printemps.

C'est un bois comme on en trouve en Eusolane.

Avec des feuillus et des chants d'oiseaux.

Une odeur de mousse et d'humus. Celle de la terre

gorgée d'eau.

L'émotion me serre la poitrine. J'imagine que beaucoup d'enfants ont ce genre de souvenirs. Mais rien ne remonte à ma mémoire.

— Yana est avec moi. Tu sais, c'est la jeune fille que j'ai accueillie.

— Je sais.

La voix de la femme est douce, un peu rauque.

Elle se lève avec lenteur. Sa main pâle cherche quelque chose à côté d'elle que je ne discerne pas.

Puis elle s'avance vers son mari, et, à la lumière du vestibule, je comprends.

Elle s'appuie pour marcher sur un déambulateur. Ses jambes peinent à supporter son effort, malgré sa silhouette élancée.

Valn Lenris comble les cinq mètres qui les séparent pour l'enlacer. Leurs lèvres se frôlent avant de s'unir un court instant. Un mince sourire éclaire le visage d'Alwena qui pose une main sur la joue de son époux. Puis elle se détache de lui pour reporter son attention sur moi.

— Heureuse de te rencontrer, Yana.

Une vague d'émotion me traverse.

Et pas seulement parce que, dans sa fragilité,

ses longs cheveux noirs qui encadrent

son teint de porcelaine, elle est le pendant magnifique de Valn taillé dans le roc.

Pas seulement parce qu'ils forment tous les deux un couple splendide.

Mais parce que pour la première fois j'ai face à moi quelqu'un qui me ressemble.

OblivanoWhere stories live. Discover now