Un amour interdit [Relation élève/surveillant]

Chapitre 36

(Point de vue de Ilona)

Mes joues étaient trempées, noyées. Mon nez saignant, j'étais partagée entre larmes et sang. Je courais je ne sais trop où, je ne savais même pas si Mark me courait après, ou si il continuait de taper sur Quentin. C'était peut-être ça la stratégie de Quentin. Attendre que Mark s'énerve, s'énerve tellement fort qu'il finisse par me frapper. Et comme ça il n'aurait rien à se reprocher, puisque ce n'est pas lui qui m'a touché. Mark est quelqu'un d'attentionné, de gentil. Il est toujours là dans le besoin, toujours. Il avait su me câliner, m'embrasser, essuyer mes larmes.

Mais cette fois, Mark m'avait frappée. Mark m'avait, en une seule seconde, donné l'envie de disparaître. Tout le monde m'en voulait, tout le collège était contre moi, et la personne qui m'éberge, la personne qui me câline, la personne qui m'embrasse, simplement la personne que j'aime, venait de me mettre son poing au visage.

Je déteste ce que je suis devenue. Dépendante de lui, de ses gestes. C'est lui qui m'a frappée, mais pourtant, je me sens comme un monstre. J'ai l'impression que c'est de ma faute, et que dans le fond, je l'ai mérité, et que après tout, je n'avais pas à m'interposer entre les deux.

Où est-ce que je pouvais aller maintenant ? Je ne pouvais pas retourner chez mes parents. Ni chez Mark. Mais, peut-être que je pouvais appeler Violette...

Je me suis faufilée dans une ruelle et sorti mon téléphone. Je faisais défiler mes contacts en tremblant un peu. J'arrivais dans les V, puis sur Violette. J'appuyais avec difficulté sur l'écran mouillé. J'avais l'impression de ne plus avoir de force.

Bip... bip...

-Ouaip ? Répondit la voix familière de Violette, qui me rassura.

-Violette, j'ai un petit problème, un gros même...

-Non sans rire ? Pour qu'tu m'appelles à 23h30, doit vraiment avoir un truc qui cloche !

-Oui tu me connais bien dis donc..

-Aller accouche. Qu'est-ce qui s'passe ?

-C'est Mark...

-Mark quoi ? Il t'as larguée ???

-Mais non grosse conne ! Mark m'a frappée...

-Attends QUOI ? Finalement j'aurai préféré qu'il te largue tiens ! Pourquoi il a fait ça cet enfoiré ?

-On a croisé Quentin et... voilà... ils se battaient presque... Je me suis mise entre les deux et en voulant me faire partir Mark m'a mit son poing dans la figure...

-Quelle idée d'se mettre entre les deux aussi... ouais et qu'est-c'que j'peux faire pour toi choupette ?

-Tu pourrais me laisser dormir chez toi pour cette nuit... Je me suis barrée tout de suite après, mais j'ai nul part où dormir, tu comprends..

-Évidemment. J'aurai fait pareil à ta place ! J'sais que c'est pas simple en ce moment. Passer un moment à deux nous f'ra pas d'mal. Mes darons sont en vac' toute façon, donc no soucy. Tu peux v'nir jusque chez moi où t'as b'soin que j'vienne te chercher ?

-Non, je suis chez toi dans même pas cinq minutes. Je ne sais pas où est Mark, si il me cherche... bref. J'arrive tout de suite.

-Ok choupette. Fais gaffe à toi.

-T'inquiète.

Je racrochais. Direction la maison de Violette. Elle avait bien raison : passer un moment avec elle ne me ferait pas de mal.

(Point de vue de Mark)

Putain. Putain putain putain. Où est ce qu'elle est MERDE ? Ça fait trente minutes que je tourne en rond !

-Excusez moi, monsieur... dit soudain une voix.

Je me retournai vers la personne m'appelant. C'était un homme d'une cinquantaine d'année, qui avait l'air bien intentionné.

-Ça fait dix minutes que je vous vois tourner en rond, quelque chose de va pas ? Vous avez perdu quelqu'un ?

-Je, euh.. oui... j'ai perdu quelqu'un.. une fille, avec les cheveux ondulés, les yeux bleus, habillée en noir... je l'ai frappée par inadvertance et elle est partie en courant... Je ne sais pas où elle est, il faut que je la retrouve...

-J'ai vu une petite partir en courant par là bas, répondit il en montrant une rue vers la gauche. Je ne sais pas si ça vous aidera à la retrouver, mais j'espère que ça vous aidera tout de même...

Je remerciai ce monsieur plus que tout et partit en courant vers cette rue. C'était une longue avenue, toute droite. Ilona ne devait plus être loin. Il fallait que je me dépêche. J'ai couru, en regardant à droite, puis à gauche. Les nuages noircissaient au dessus de moi, un orage, une averse se préparaient.

-Ilona ! Criais-je à travers la rue déserte et sombre, sortant presque d'un film d'horreur.

Mais à part ma voix qui résonnait, personne ne répondit. Je commençais à sentir les gouttes tomber sur moi et perler sur mes joues, et je commençais à sentir monter mes larmes.

-Ilona... Je t'en prit.. I.. Ilona..

C'était trop tard. J'étais dévasté. Où était-elle, où était cette ci jolie créature ?

Mes larmes se fondaient dans les gouttes de pluie. J'étais seul. Seul au monde. J'étais un monstre, j'étais le pire monstre qui existait.

Où était-elle quand j'avais besoin d'elle ?

Et où étais-je quand elle avait besoin de moi ?

" Ilona je t'en supplie ne m'abandonne pas, pas maintenant... "