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La sonnerie de mon réveil me hissa péniblement de mon sommeil. Il me fallut une bonne dizaine de minutes avant de pouvoir me lever, je pris une bonne douche chaude pour me réveiller pleinement avant de rejoindre la cuisine pour me préparer un petit-déjeuner comme je les aimais : un café, un jus d'orange et une tranche de pain grillé avec du beurre.

La journée qui m'attendait allait être pénible et éprouvante, je le savais d'avance. Le problème n'était pas mon travail, c'était plus l'horrible patron de celui-ci. Il avait conscience que ses allusions grossières à propos de mon physique plus ou moins avantageux étaient clairement inappropriées mais cela ne l'empêchait pourtant pas de me les dire tous les jours. Je haïssais ce genre de personnages mais je n'avais pas tellement le choix étant donné que c'était un stage obligatoire afin de pouvoir ensuite ouvrir ma propre maison d'édition. C'était mon rêve depuis que j'étais gamine et ce stage dans l'une des maisons les plus réputées de Paris me permettrait de réussir ce rêve.

Sur la route, j'écoutais la radio sans grand intérêt. En réalité, je n'aimais pas être dans un silence complet, j'avais tout le temps au moins de la musique dans les oreilles. La musique était l'une de mes passions et je n'avais pas une voix de casserole lorsque je chantais, j'aurais adoré devenir une chanteuse reconnue mondialement pour mon talent.

Après avoir garé correctement ma voiture, je sortis de celle-ci pour me rendre dans les locaux de mon travail. Et la première chose que j'entendis une fois après avoir traversé la porte, ce fut la voix agaçante de Nathan, mon patron.

-    Elia, chérie, tu es ravissante aujourd'hui.

Je ne répondis rien à cette remarque avant de m'asseoir confortablement sur la chaise de mon bureau. Nathan était jeune, à peine sept ans de plus que moi et pourtant, il se croyait tout permis, sans aucune exception. S'il continuait ainsi, je savais d'avance qu'il allait un jour peut-être aller plus loin que les paroles envers moi. Et avec la chance que j'avais dans la vie, je ne saurais absolument quoi faire pour me sortir de la situation à part en parler avec mon meilleur ami, Tom qui habitait dans le même appartement que moi dans le 16ème arrondissement de Paris. Ses parents nous avaient pris cet appartement qui se trouvait dans l'endroit le plus riche de la ville. Même si cela m'avait dérangé au début, j'étais à présent heureuse de l'avoir à mes côtés et ce, tout le temps. Il m'accompagnait dans chacune de mes démarches, dans tous les domaines possibles et imaginables.

Tom était mon seul ami et c'était assez pathétique à avouer. Quand j'étais plus jeune, je n'avais jamais été le genre de filles à avoir des tonnes de copines à qui parler ou autre, j'étais quelqu'un de réservé et solitaire. Il avait été celui qui avait réussi à me sortir de ma coquille avec beaucoup de mal au début, je n'allais pas le cacher. Je pensais qu'il était comme la plupart des lycéens et qu'il ne voulait qu'une seule chose : me mettre dans son lit. J'avais été stupide de penser ça et je le regrettais aujourd'hui.

A la fin de la journée à supporter les commentaires insupportables de Nathan, je me dirigeai vers une petite librairie du quartier que je portais tout particulièrement dans mon cœur. Une fois à l'intérieur, je fouillais les rayons de cette librairie étroite pourtant si chaleureuse à la recherche de mon bonheur.

-    Excusez-moi, vous n'auriez pas Guerre et Paix de Tolstoï ?

Cette voix masculine me tira hors de mes pensées, je crus qu'il s'adressait à moi mais je remis vite les pieds sur terre en me rendant compte qu'il parlait au propriétaire. Mon regard scanna rapidement ce jeune homme qui avait la petite vingtaine pas plus, un look complètement décalé par rapport à ce lieu. Il portait une casquette rose pâle, un sweat avec une inscription qui m'était totalement inconnue et un bombers kaki. Il lisait du Tolstoï ? C'était assez surprenant mais peut-être que c'était pour offrir. Il dut comprendre que je le fixais puisque son regard croisa le mien.

Bon sang Elia, tu ne peux pas être discrète pour une fois dans ta vie ? Je détournais rapidement les yeux vers le rayon en face, faisant mine de chercher un livre. J'entendis un léger ricanement de la part de ce garçon. Maintenant c'était sûr, il m'avait cramé. Je voulus me taper le crâne contre ce rayon pour me réveiller mais malheureusement ce n'était pas possible.

Un « Merci, bonne journée » parvint à mes oreilles ce qui me fit le regarder à nouveau et cette fois il sortait de la librairie, son achat en main. Avant de quitter l'endroit, je fus surprise de croiser une nouvelle fois son regard, il me fit un rapide clin d'œil avant de partir pour de bon, un sourire insolent au coin des lèvres.

Nekkestu ( Nekfeu )Where stories live. Discover now