8. Before the storm

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Le lendemain, je me réveille très tard. Il est midi quand j'émerge de sous ma couette, une odeur de pancakes flotte dans la maison. Profitant de ma dernière grasse matinée avant le week-end prochain, j'attrape mon téléphone, branche mes écouteurs et me remets  au lit. 

Emportée par la musique dans mes oreilles, je me repasse mentalement les événements depuis que je suis arrivée. Jusque là, tout s'est bien passé, le plus dur à gérer commence demain. Comme chaque fois que je dois passer une nouvelle étape de ma vie, un nœud se forme dans mon ventre, je sais qu'il ne me quittera pas tant que je n'aurai pas commencé à bosser. Mais là, je préférerai mourir que de renoncer à une telle opportunité. C'est Live Nation, quoi, pas le supermarché du coin! Live Nation, c'est U2, Shakira, Jay-Z, et des centaines de concerts dans le monde. Je me doute bien que je ne prendrai pas le café avec eux chaque matin, je suis même persuadée que je ne les croiserai probablement jamais, mais ça reste quand même énorme de bosser dans une telle boîte. Chris m'a prévenue que mon responsable est un type exigeant, et je ne serai presque pas rémunérée (même pas 400 dollars mensuels) mais je m'en fiche, pour évoluer dans le monde de la musique, je l'aurai même fait gratuitement.

Quand je me décide à me bouger enfin, l'appartement est silencieux. J'ai un vague souvenir de Tara me parlant de sport avec Chris aujourd'hui. Vu la tête que j'ai du faire, elle a bien du comprendre que le sport n'est pas vraiment ma tasse de thé. Quand j'étais petite et que mon père était encore à la maison, j'ai fait deux ou trois ans de danse, mais j'ai vite préféré les bouquins. De toute façon, je n'étais ni assez gracieuse, ni assez motivée pour persister.
Dans la cuisine, une assiette de pancakes m'attend, un pot de Nutella est posé à côté. Chris ma bonne fée est passé par là, on dirait.

Apres avoir avalé deux pancakes, je profite de ma solitude pour m'occuper de moi et me sentir au top demain.  Je prends une douche énorme, je fais un masque pour mes cheveux et mon visage, et enfin je m'épile entièrement. 

Une fois habillée, je décide de faire une ballade à pied dans le quartier : avant de commencer mon stage, il faudrait au moins que je sache me repérer un peu. Je découvre une petite épicerie ouverte non-stop, et une petite boutique de fringues super sympa. Je me promets d'y faire un tour des que j'en aurai l'occasion. 

La journée passe très vite : entre cette ballade, une longue conversation avec Théo et une série de texto échangés avec ma mère, je n'ai pas vu le temps passer. Au dîner, Chris propose de me déposer en voiture à mon stage, pour que je n'aie pas le stress des transports en commun pour ma première journée. J'accepte avec reconnaissance, ça me fera un souci de moins.

Avant de me mettre au lit, je prépare ma tenue pour le lendemain et je vérifie une énième fois que tout est prêt. Je me couche un peu anxieuse et me retourne dans mon lit un nombre incalculable de fois avant de m'endormir. 

Après une nuit agitée, un peu avant neuf heures, Chris me dépose devant les portes en verre de Live Nation et me souhaite bonne chance. Je tends aux agents de sécurité mon contrat d'embauche et une pièce d'identité. Ils me font penser aux douaniers de l'aéroport, ils n'ont pas l'air de plaisanter eux non plus.  Le hall est immense. Au sol, de faux pavés me donne l'impression de marcher dans une rue piétonne, chez moi. De grands canapés en cuir noir sont géométriquement disposés dans toute la pièce et le comptoir d'accueil en laqué blanc est surplombé par un plafond lumineux. Quand je me présente à l'accueil, une hôtesse blonde, souriante et fringuée comme dans un clip vidéo me dit avec un sourire faux : 

- Le bureau de Chuck Lawrence est au douzième étage, au fond à gauche. Il vous attend.

Je ne sais pas pourquoi elle appuie autant sur cette dernière phrase, mais ça ne me dit rien qui vaille. En la remerciant, je ne peux pas m'empêcher de la fixer quelques secondes : elle porte un minishort noir, un tee-shirt blanc et large, et ses cheveux blonds platine sont maintenus par une casquette des Chicago Bulls à l'envers. Non mais elle est dingue, d'aller bosser dans une tenue pareille ? J'espère qu'elle l'est vraiment, parce que sinon, je n'ai pas choisi la tenue la plus appropriée: un slim noir, un chemisier crème, un blazer noir lui aussi, et une paire d'escarpins à talons. Classique, pro, discret, du moins selon mes critères. Et apparemment, je n'ai pas les mêmes que cette fille.

Alive - Tome 1 - Edité aux éditions HLabWhere stories live. Discover now