Le secret du Roi (tome 2 de la sœur du Roi)

5: stupéfaction

PDV James:

Tout le manoir dormait encore. Les soldats n'étaient pas rentrés très tôt et il leur fallait un peu de temps pour récupérer la soirée qu'ils venaient de passer. Quant à moi, je n'avais pu fermer l'oeil de la nuit. Encore une fois. Je ne pouvais chasser cette impression de perte et d'incompréhension qui me tiraillait. Je ne savais pas d'où elle me venait ni pourquoi elle se manifestait mais j'étais persuadé qu'elle avait un rapport avec la disparition de Woody. Je décidai alors de quitter le Manoir afin d'atteindre le garage où étaient stockées les boîtes de cendres des vampires défunts. Je pris bien évidemment le tunnel sous-terrain pour m'y rendre. Le soleil, très peu pour moi. Autrefois, j'aimais sortir en fin de journée et profiter un minimum de la chaleur de l'astre brulant mais plus je prenais de l'âge et moins je supportais l'ardeur qui me consumait la peau. Je n'avais pu resté à l'extérieur en plein jour que deux heures au maximum mais toutes les minutes que j'avais pu avoir, je les avais prises. Désormais, je fuyais le soleil telle la peste. En poussant la porte du garage, j'arrivais moi-même à m'interroger sur l'utilité de mes démarches. Plus je cherchais et moins je semblais y parvenir. J'avais peut-être bel et bien perdu la tête. Mais pour l'instant, je me refusais encore de le croire. Il fallait que je trouve quelque chose. Même une simple petite piste me suffisait.

Les boîtes étaient classées par ordre alphabétique des noms de familles. Mais comme la plupart des êtres sanguinaires, Woody ne s'était jamais résolu à le donner. Beaucoup de créatures nocturnes coupaient définitivement les ponts avec leur parents, ou vivaient depuis tellement d'années, qu'il ne prenaient même plus la peine de garder leu nom de famille. Et il y avait une certaine parti du peuple qui ne savait même pas d'où elle venait. Nombreux étaient ceux qui avaient dû apprendre à vivre seul. Élever un vampire n'était pas chose facile. Les enfants avaient des envies incontrôlables qu'ils ne géraient qu'une fois adulte et le destin de notre espèce se faisait de plus en plus funeste avec peu de perspectives depuis certaines années maintenant. Alors, nous avions répertorié chaque urne de famille inconnue sous la date du décès. Je cherchai donc le 16 novembre de l'année dernière. Ce jour là contenait quatre jarres: pour Stark, Alec, Fayren et Woody. Si seulement le Chef avait été dans la quatrième boîte! Mais les choses étaient ainsi et rien ne pourrait les changer. Je pris la boîte et la portai jusqu'à une table au fond de la pièce. Une fine couche de poussière s'était déjà installée sur le dessus. Chaque personne était différente et possédait par conséquent des cendres uniques. Plus leur couleur se faisait sombre plus la poussière reflétait la noirceur de l'âme. Les plus claires démontraient la pureté du défunt. En général, les membres de la famille royale se transformaient en ce qu'on appelait la poudre céleste. Teinte d'un jaune ensoleillé, les restes illuminaient suffisamment les urnes pour les remarquer dans l'obscurité de la cave. J'ouvrais le couvercle et examinai son contenu.

Noir.

Une funeste noirceur se trouvait dans l'urne de Woody. Une indication d'une personnalité abrupt et austère. Le parfait contraire de la femme qu'elle avait été. Je restais un moment perplexe, ne sachant que faire. Ce n'était pas normal. Bien sûr, je n'avais pas connu sa vie avant de l'engager mais c'était étrange. Très étrange. J'avais besoin d'une explication. En fait, une discussion avec un certain homme s'imposait. Et tout de suite!

Je rangeai la boîte en hâte et me précipitai vers le Manoir pour atteindre mon bureau. Heureusement pour moi, Alec était venu régler quelques affaires vis à vis du peuple et séjournait donc pour le week-end avec nous. En trombe, je ne pris pas la peine de faire attention à ma démarche et au bruit que je pouvais faire. Je claquai la porte derrière moi une fois arrivé dans mon office. Je m'assis sur ma chaise et composai le numéro de la chambre qu'Alec empruntait. Dès qu'il décrocha, je me mis à lui hurler: