7. Je brûle d'impatience

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Assis sur un banc dans la pénombre des vestiaires des garçons, j'entendis la clameur s'élever de l'autre côté de la porte. Les gradins du gymnase devaient être complets vu le volume des cris enthousiastes qui faisaient leur chemin jusqu'à mes oreilles. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration. Je vidai mes poumons alors que le bruit d'une clé s'introduisant dans une serrure se fit entendre, malgré le bruit de la foule que je devinais derrière les murs. Même si j'avais pu m'enfuir d'ici, je n'aurais pas pu. La peur agissait comme un puissant paralysant circulant dans mes veines, glaçant mon sang. La poignée de la porte s'abaissa et la lumière vint éclairer un coin de la pièce. Une silhouette masculine passa par l'entrebâillement et vint se poster devant moi. Son visage était caché par l'obscurité mais la dureté de ses yeux ne m'échappa pas.

— Debout, me commanda sèchement l'homme.

Je restai immobile, mes membres refusant de faire le moindre mouvement.

— J'ai dit debout ! s'énerva l'inconnu.

Restant toujours impassible à ses ordres, il m'attrapa par le col de mon tee-shirt et me força à me tenir sur mes pieds. Je sentis le souffle frais de son haleine mentholée alors qu'il approchait son visage du mien.

— Tu es cuit, petit. Tu as intérêt à te tenir à carreau. Si tu fais un seul geste ou si j'entends un seul mot de ta part, je peux t'assurer que tu le regretteras amèrement. Maintenant, avance.

Il s'écarta afin de me laisser passer. J'avançai à petits pas jusqu'à la porte entrouverte, les chaînes reliant mes chevilles m'empêchant d'avancer plus rapidement. La peur qui m'avait envahi y jouait également un rôle.

Lorsque je pénétrai sur le terrain de basketball, je fus aveuglé par la lumière des projecteurs. Je ne savais pas combien de temps j'avais passé dans le noir mais cela avait été suffisant pour me donner l'impression d'être un nouveau né découvrant pour la première fois le monde l'entourant. Comme je m'y attendais, toutes les places des gradins étaient occupées. Un attroupement de personnes attendait debout des deux côtés verticaux du terrain, laissant entre eux un espace suffisant pour former une allée.

Lorsqu'ils s'aperçurent de ma présence, ils firent silence. Je m'arrêtai et pris conscience que chaque paire d'yeux me dévisageait, leur regard me donnant l'impression d'être des aiguilles plantées dans ma chair. L'homme qui m'avait fait sortir des vestiaires me bouscula pour me forcer à avancer. Le brouhaha de la foule reprit alors de plus belle.

J'empruntai l'allée formée par les deux groupes sur le terrain. Au fur et à mesure que je progressais, je vis plus clairement vers quoi je me dirigeais. À quelques mètres devant moi se dressait une estrade sur laquelle avait été fixé un poteau en bois. Tout au long de ma marche, vociférations et insultes s'abattirent sur moi. On m'appela sorcier, fils du démon ou encore monstre. Je pris alors conscience de ce qui était en train de passer. Les personnes réunies dans le gymnase étaient là pour assister à mon procès. Si on pouvait vraiment appeler ça un procès. L'allée formée par la foule me conduisait vers une mort certaine. Le bûcher.

L'envie de m'enfuir se faisait de plus en plus insistante mais j'étais cerné. Il ne faisait aucun doute que la foule m'entourant ne me laisserait pas m'échapper. C'était sans compter sur les chaînes à mes pieds et à mes poignets. Je montai avec difficultés les quelques marches menant à l'estrade avant de me retourner vers mon public. L'homme qui m'avait suivi dans ma progression me rejoignit devant le poteau. Il décrocha un trousseau de clés accroché à sa ceinture et libéra mes chevilles avant de s'attaquer à mes poignets. Me massant ces derniers, je jetai un regard sur l'assemblée. Maintenant que mes mouvements ne pourraient plus être entravés, je cherchais activement une issue par laquelle je pourrais m'évader. Ma recherche se termina lorsque mes yeux se posèrent sur le bout de l'allée. Une silhouette féminine venait de faire son apparition. Elle s'avança d'un pas décidé, tenant dans une main une tablette tactile, et je la reconnus. Leah. Mon cœur manqua un battement et je sentis une boule se former au niveau de ma gorge. Elle finit par nous rejoindre et tendit la tablette à l'homme qui la récupéra, avant de plonger ses yeux verts dans les miens.

Rising Power (Tome 1)Where stories live. Discover now