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Alaska
Je foule le sol de mes pattes blanches. J'entends tous, je vois tous, je sens tous, je me sens libre, je me sens en symbiose avec la nature, je me sens enfin moi-même. Je me sens louve.
Je cours.
Je cours jusqu'à une cascade, je cours jusqu'à atteindre le dessus du rocher qui la surplombe. Un autre loup est présent, un loup noir que je connais.
Comment je le sais? Aucune idée.
La bête est debout, fière, la tête relevée. et semble regarder l'horizon. M'approchant de lui à pas de velours et d'une grâce purement animale , je me couche sans ménagement dénotant avec l'allure féline précédente puis pose ma tête sous ses flancs chauds et velus. Léchant mon museau, il s'allonge, détendu, m'entourant de ses pattes.
Je ressens le lien qui nous relie, il est fort, extrêmement fort et vibrant. Je ressens ses sentiments, son amour pour moi, son besoin de me protéger. Je ressens aussi la plénitude qui me berce. Je sais enfin qui je suis et où je suis.
À ma place...
Je me sens secouer dans tout les sens d'une manière très peu agréable. Le seul auteur possible pour cet acte horrible est mon si tendre jumeau.
Maudit soit-il.
"Allez debout p'tite marmotte. Hop hop hop, dit Sean euphorique en ouvrant mes rideaux laissant ainsi le soleil s'incruster."
Je remonte donc rapidement ma couette et cache ma tête sous mon oreiller en grognant tel un ours. Ma couette vole un instant plus tard à mes pieds et ne me protégeant plus du froid matinal, la chair de poule gagne toute ma peau et je grogne une nouvelle fois.
"Va en enfer Lown, gromelai-je -Nan pas aujourd'hui Aya. Je te rappelle que tu es aussi une Lown et que nous avons un bus à prendre dans 45 minutes et qu'il faudrait peut-être que tu bouge ton joli p'tit cul de là. -Hum hum... -C'est bon, j'ai compris."
Il m'attrape soudainement par les hanches et me fout sur son épaule en mode sac à patates tout en se dirigeant vers la salle de bain. Je martèle de mes petits poings son dos plutôt musclé au passage en lui exigeant de me relâcher. "Sean Kylen Aaron Lown! -C'est bien moi. -Lâche moi. -Humm, il fait mine de réfléchir, non! -Lâche moi, lâche moi, lâche moi, lâche moi, lâche moi, lâche moi... Je répète inlassablement ces deux mots dans l'espoir qu'il cède et me repose au sol. Je ne m'arrête même pas lorsqu'il passe le seuil de la porte de la salle de bain et me mets même a couiner d'une manière plus animale qu'humaine ce qui me surprends énormément.
Je stoppe tout mouvements de résistance lorsqu'il me dépose sur les galets froids de la douche à l'italienne. Mon destin est scellé, je suis destinée à me prendre le jet d'eau glacé ce matin, sur la tête, de la part de mon jumeau. Sean sait ô combien je haïs çà et je trouve qu'il en profite un peu trop à mon goût. Je compte bien me venger et au contraire de lui, elle sera caliente.
[...]
J'observe une dernière fois ma chambre. J'observe mon lit à baldaquin qui va immensément me manquer, mon tapis à poils blanc, mon bureau aussi et pour finir, je m'observe moi, je m'observe par le biais de mon miroir. Je regarde attentivement mes cheveux d'un blond argenté que possède également Sean et Nawel, je regarde aussi mes yeux que je qualifierai d'hypnotique à cause ou bien grâce à leur couleur améthyste et je regarde mon corps. En rondeur, un peu trop selon moi et une toute petite taille. Si Nawel aurait été là, elle m'aurait réprimandant en me disant que je suis minuscule, Sean l'aurait dit lui aussi, à croire que ce deux-là était contre moi. Nawel était grande, Sean l'est également à mon plus grand malheur puisque ces deux là passaient leur temps à s'en vanter.
"Alaska descend, crie Sue, vous allez être en retard.
-Oui maman, j'arrive.
-Et n'oublie pas tes valises petite Aya!
-Moi et ma taille t'emmerdons Sean!"
Je l'entends ricaner tandis que ma mère me reproche mon langage. Je quitte alors mon reflet, empoigne mes deux valises et descend.
C'est notre père, Marks, qui nous emmène à la gare routière.
[...]
J'ai devancé Sean et j'ai donc pu avoir la place côté fenêtre. Il dort d'ailleurs présentement sur mon épaule pendant que ma musique défile dans mes oreilles à travers mes écouteurs. Cela doit bien faire une bonne vingtaine de minutes que le bus a démarré et à défaut de trouver le sommeil à cause d'un voisin ronfleur, aussi nommé Sean, je regarde le paysage de la bordure de la départementale californienne qui va nous mener tout droit à l'internat qui est situé à Helton.
Il doit rester peut-être 2 heures 20 de voyage et je réalise que ce trajet met derrière moi mon passé et avance vers mon futur.
J'abandonne ma Nella, mon tiers, ma sœur, mon cœur, ici et, en y étant forcé, j'essaye d'avancer...
Je prends un nouveau départ.
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