Partie 14, connard

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- Retour en arrière -

Je suis dans la voiture de Bilel, je fixe la fenêtre. Y a quelques jours je me suis embrouillée avec une meuf pour une histoire de regards. Aujourd'hui en sortant du lycée son mec m'attendait de pieds ferme à la sortie, il m'est tombé dessus. J'ai appelé Bilel en pleure, il est venu me récupérer fou de rage en voyant mon visage ensanglanté. Je lui ai décris le mec, il a su immédiatement où le trouver. Il a démarré en trombe et s'est arrêté devant une petite chicha perdue dans une rue.

- Tu ne bouges pas.

Il est entré à l'intérieur et depuis je fixe la fenêtre angoissée. J'espère le voir réapparaître. Il ressort quelques minutes après avec le mec qui le suit les mains dans les poches. Il a l'air détendu, pas inquiet. Je ne sais pas ce que Bilel lui a raconté pour le tirer hors de la chicha et qu'il soit aussi serein. Une fois proche de la voiture, il voit mon visage à travers la vitre. Il se retourne vers Bilel en panique il commence à comprendre. La seconde d'après son crâne vient se fracasser contre le capot de voiture. Il répète l'action plusieurs fois, le capot est immaculé de sang.

- Bileeeeeeel !

Je sors de la voiture et m'interpose essayant de le calmer. Bilel relève le crâne du mec et me pointe du doigt.

- Elle te dit quelque chose elle ?! Hein fils de pute ?! Tu sais qui t'as touché là !! T'es mort aujourd'hui je vais te fumer !

Il continue de lui éclater le crane contre le capot. J'essaye de m'interposer mais il me repousse en arrière violemment. Le mec s'écroule au sol, il continue de le rouer de coups. Je suis impuissante, passive comme d'habitude. Je vois le sol devenir rougeâtre, c'est l'horreur sous mes yeux. Une fois le mec inerte, il finit par le lâcher et lui crache dessus.

Il s'installe côté conducteur, je monte à mon tour dans la voiture. Tremblotante après la scène d'horreur que je viens de vivre. Ne sachant pas si le type est mort ou vivant, je ne peux m'arrêter de penser que tout est de ma faute. Il roule vite, les mains pleines de sang, le visage rouge et contracté de rage.

Il s'arrête derrière ma tour et agrippe mon cou violemment, il sert si fort que je ne peux pas le repousser :

- JE FAIS ÇA POUR TOI LUISA TU COMPRENDS ? JE LE FAIS POUR TOI ?

Je place ma main sur son visage pour lui faire comprendre que je peux plus respirer, il desserre progressivement ses main et m'attire dans ses bras :

- J'suis là Luisa, je suis là pour te protéger, si y a encore un fils de pute qui te touche je le flingue.

- Retour au présent -


Je me repasse cette scène en boucle dans ma tête. Je l'avais vu comme une preuve d'amour, preuve qu'il était la personne qui me protégeait. Mais c'était un signe annonciateur, annonciateur de la face incontrôlable de sa personnalité, la face démoniaque. Après ce jour la violence chez lui est montée crescendo et j'ai tout accepté, sans rien dire.

**

J'ai reçu un appel de Majid, après notre conversation d'il y a quelques jours, il a essayé de résonner Bilel, mais j'ai bien compris que ça n'avait pas marché. Majid m'a dit un truc du style "Luisa j'ai pas envie de devoir faire des trucs que je regretterais après, fais ce qu'il te demande". Alors j'ai suivi ses conseils.

Un après-midi Ghita insiste pour que je l'accompagne au Lounge, la boite d'Issam et Kader. Elle est sur son 31, en robe et talon, moi j'ai enfilé un vieux jean avec des baskets. On passe par la porte de derrière, la boite est fermée la journée, mais nous sommes devenues des habituées. A l'intérieur s'est blindé de mecs et de meufs avec des chichas. On longe le couloir et entre dans un bureau, un mec est allongé devant la télé :

- Il est où Kader?

- En haut


Je suis Ghita qui connait visiblement mieux les lieux que moi. Elle pousse la porte d'une pièce, Kader est assis derrière un bureau, Karim dos à nous se tient debout. Il se retourne et me mate rapidement.

- J'suis venue pour tu sais quoi


Ghita trafique je ne sais pas quoi avec Kader depuis quelques semaines. J'ai cru comprendre qu'ils s'attiraient. Mais Ghita a son Nico et Kader est loin de faire le poids. Alors à mon avis il doit ramer pour essayer d'avoir un peu d'attention de la belle Ghita.


- Ah oué suis moi

Il me salue rapidement et sortent tous les deux du bureau. Je me retrouve comme une conne face à Karim, toujours dos à moi en train de fouiller dans les papiers. Vas-y Luisa lance toi essayes de lui parler, vu comment tu t'es barrée comme une voleuse la dernière fois, tu lui dois bien ça.


- Euh Karim

Il se retourne et lève un sourcil :

- T'es toujours là toi ?


J'ai envie de lui éclater sa tête dans le bureau, mais je me contiens, je fais un dernier effort.

- Ouais j'voulais m'excuser de m'être barrée comme une voleuse la dernière fois, on parlait et tout et je sais pas j'ai pas..


Il me coupe :

- Je m'en bas les couilles, on est pas shabs. On a discuté tranquille, arrête de croire je t'ai passé la bague au doigt.

- J'ai pas dis qu'on était potes, je voulais m'excuser c'est tout

- T'excuse pas, je m'en bas la race. Les meufs dans ton style je les baise je prends pas leurs excuses. Bref bouge j'ai du taf là


Je sors en lui lâchant un : Connard

Je passe la porte en l'entendant dire :

- T'AS DIT QUOI LA ?

Je travers le couloir en répétant le : CONNARD. Je continue mon chemin. Non en fait, je me suis pas trompée c'est un connard comme tous les autres !

La rose fane mais pas ses épinesWhere stories live. Discover now