PROLOGUE- Partie 1- (corrigé)

5.6K 242 117
                                    

~ 3 ans plus tôt ~

Minuit sonnait. La chaleur de l'été, étouffante, s'était incrustée dans la large chambre au papier bleu et aux décorations enfantines. Impossible de dormir. J'avais beau me retourner dans mon lit, retaper mon oreiller, jeter les couvertures en travers, rien ne pouvait me faire tomber dans les bras de Morphée. Je décidais alors, à petit pas, d'ouvrir la fenêtre de ma chambre pour tenter de faire rentrer un peu d'air, en vain. Le ciel était noir et avait retiré son large manteau d'étoiles. Je restais là, dans le silence de la nuit à observer le paysage tranquille en espérant que le marchand de sable vienne rapidement à ma fenêtre. Cette dernière faisait face au jardin du manoir, entretenu avec soin et passion par la jardinier de mon père, le Comte de Whitney, directeur d'une grande entreprise de biscuit. Mon père le payait beaucoup, assurant que c'était l'endroit le plus beau du manoir et qu'il ne devait pas être laissé à l'abandon et encore moins sous des mains débutantes. Les haies se suivaient, s'entremêlaient et se séparaient dans un labyrinthe de fleur et de fougères qui avaient vu le jour au printemps dernier.  Des papillons de nuit dansaient autour des lampes à huile oubliées. Un autre, aussi rouge que le sang, s'était posé sur la table où j'avais l'habitude de subir les discussions ennuyantes de ma tante sur la bonne conduite d'une "Lady" : un mot que je n'aimais vraiment, mais vraiment pas. Entre les duels à l'épée et les bals (à l'exception du banquet), c'était vite choisi pour moi. 


Ce papillon m'intrigua soudainement. 

J'allai me hisser sur la pointe des pieds pour grimper sur le rebord et mieux voir cet insecte, quand un bruit résonna au fond du jardin et me fit sursauter. Dans le bois de chênes, au fond, je vis deux petits points rouges qui me fixaient. C'était surement la fatigue qui me jouait des tours mais j'eu la nette impression qu'ils m'appelaient, qu'ils m'incitaient à m'approcher du bois, tout près d'eux. 

Ma curiosité l'emporta et je décidais donc de descendre à la rencontre de cette voix imaginaire. Je sortis par la porte de derrière qui menait directement au jardin pour éviter de réveiller la maisonnée, avec pour seule lumière, mon bougeoir. Je m'engouffrai dans le labyrinthe de haies, sans vraiment faire attention, hypnotisée par ces toutes petites lumières presque imperceptibles. Le bois se rapprochait de plus en plus et, prenant mon courage à deux mains, je me mis à parler aux lumières :

- Il y a quelqu'un ? 

Rien, à l'exception du bruissement des feuilles. Un vent glacial venait soudainement de se lever. Je reculais, un peu effrayée. Pourquoi est-ce que j'étais descendu dehors, en pleine nuit, près du bois ? J'avais très envie de me mettre une bonne paire de claque pour arrêter la petite voix dans ma tête qui dictait tous mes actes débiles. Et des actes stupides, j'en avais eu beaucoup depuis le début de petite vie d'humaine.

- Ohé ? 

- Et bien, voilà une petite chose plus courageuse que je ne le pensais, dit brusquement une voix masculine.

Je sursautai, surprise et effrayée d'entendre quelqu'un me répondre. Je voulais me reculer pour courir me réfugier au manoir mais mes membres ne répondaient pas.

- Qui êtes-vous ? Que faîtes... qu'est ce que vous faîtes ici ?

- Tu le sauras bientôt... jeune humaine. Pour le moment, je voulais juste te voir.

- Attendez..."

Les points rouges s'en allèrent dans un bruit de tissus. Curieuse, mais surtout inconsciente, je décidai de poursuivre ce mystérieux individu, abandonnant alors ma seule source de lumière. Je me mis à courir à travers le bois, sans aucun visibilité, les bras en avant tandis que les branches basses me fouettèrent le visage. Qui était cet homme ?

*

Deux hommes, debout sur le toit du manoir Whitney, étaient en train de discuter. Le premier avait les cheveux courts et portait des lunettes grises qu'il avait l'habitude de redresser de son long doigt fin. Un air stricte lui tirait le visage et ses larges pupilles vertes pommes fixaient son carnet avec attention. L'autre, un sourire dragueur aux lèvres, avait de longs cheveux d'un rouge très vif et des lunettes de la même couleur. Il tenait une tronçonneuse sur une des ses épaules affaissées.

Black Butler, la fille aux papillons (Début réécriture)Where stories live. Discover now