Écriture #2 : Le renard bagnard

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Date : 13/10/2016

Objet d'étude : La question de l'homme dans les genres de l'argumentation

Consigne : Vous écrirez un apologue en prose de deux pages qui illustrera la moralité suivante : "les menteurs ne gagnent qu'une chose, c'est de ne pas être cru, même lorsqu'ils disent la vérité" (Ésope). Le héros devra être un renard.


Écriture d'invention :

À mon cher lecteur,

Si tu lis cette lettre, c'est que je suis probablement mort. Peut être de vieillesse, mais certainement pendu.

Cet environnement mal famé et les murmures insidieux de ma famille, bien que leurs voix fut un délice auditif de leur vivant, me sont de plus en plus insupportables.

J'écris cela depuis ma cellule afin de ne pas disparaître dans l'oubli une fois passé de l'autre côté, je tiens à laisser une marque de mon passage avant de rejoindre les bas-fonds.

Qui suis je? Pas grand chose. Un simple renard bagnard enveloppé d'une douleur plus vive qu'un poignard, rempli de grandes vertus humaines tel que la malhonnêteté, la fourberie, l'hypocrisie et j'en passe.

En effet, j'ai été touché du doigt par le diable en personne à ma naissance. Il en a été décidé que moi, renard lambda, deviendrait sa représentation terrestre semble t-il. Néanmoins, il m'a également doté du mensonge.

Vous riez? Vous pensez que, sous prétexte que tous les humains le partagent, ce n'est pas aussi grave que ce que vous appelez les "sept péchés capitaux"?

Vous devez être soit très bon, soit très stupide pour penser ça.

Mentir, c'est se modeler à sa guise. Mentir, c'est changer notre image à notre convenance. Bien sûr, cela ne change pas qui nous sommes réellement, mais, dans la société, cela n'a aucune importance. Tout le monde ayant vu des spectacles grecs vous dira que, ce qui lui importe, c'est le masque, et non le comédien. Mentir, c'est avoir la main mise sur notre destin.

Du moins c'est ce que je croyais.

Tout à basculé un soir, tandis que, pensant que ma famille dormait paisiblement, je comptabilisais le butin de mon dernier larcin. Car oui, en plus d'être un maitre menteur et modeleur de masques en tout genre, j'avais également des compétences tout à fait respectables en termes de vol. Un vol à l'arraché par ci, un vol de bijouterie par là...

Et lorsque je me faisais pincer, aucune importance, il me suffisait d'inventer une jolie petite histoire qu'un témoin manipulé était ravi de confirmer. Bref, je me portais bien et évaluait sereinement la valeur des bijoux qui étincelaient dans la paume de ma main.

Quand soudain, un bruit de verre cassé attira mon attention, je levais les yeux un instant d'un magnifique collier de rubis avant de le rééxaminer, pensant avoir imaginé le bruit.

BAM !

Un coup de feu retentit, celui là, je ne l'avais pas rêvé, j'en étais sûr. Je me levai précipitamment de mon siège.

BAM ! BAM !

Deux autres coups retentirent. Je me précipitai dans la chambre à coucher et vit la fenêtre brisée et un homme, armé d'un fusil de chasse encore fumant, et le cadavre de ma femme et de mes enfants.

Je fonçai sur lui, toutes griffes dehors, prêt à en découdre, lorsque je vis la lueur meurtrière caractéristique du genre humain animer ses yeux. Je me ravisai et sautai plutôt par la fenêtre et dévalai la rue, cherchant de l'aide.

Je hélai d'abord les passants, mais ils se contentèrent de me jeter un regard méprisant. "Pourquoi cette réaction?!" me disais-je.

Puis j'aperçus un policier et le supplia de m'aider, mais celui ci me répondit :

"En voilà une belle histoire, et je suis prêt à parier qu'une fois là bas, je ne trouverais ni cadavres ni mon portefeuille. Tu nous as causé trop de soucis, c'est fini maintenant."

Je n'eus guère le temps d'argumenter qu'il m'avait déjà saisi par la peau du coup et jeté en prison, sans procès.

Si tu as quelque chose à tirer de l'expérience de quelqu'un comme moi, c'est bien que tout se paye en ce bas monde, et que le masque finit toujours par tomber.

Un simple renard


Note finale :  11/16

Appréciation : Vous avez de réelles qualités d'écriture : elles sont mises à l'œuvre ici. Mais attention au sujet : un apologue !

Recueil : Écritures d'InventionWhere stories live. Discover now