Chapitre 22

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Je me relevai lentement, en soupirant.

-Que fait-on du corps..? Questionnais-je.

-..Fus Ro Dah ? Proposa timidement Ma'Rakha.

-Pas une bonne idée. Répondit Rath'irä.

-Prise de conscience soudaine de ta part ? Grommela mon frère. Tu l'as assassiné sous notre nez !

-Ça n'est pas moi ! Se défendit la jeune femme. Je n'ai rien fait, il a commencé à devenir pâle quand-...

-Mehrunes. Coupais-je. Si ça n'est pas toi, ça ne peut être que l'oeuvre d'un daedra.

Rath'irä parut surprise.

-Tu me crois innocente..?

J'haussais les épaules, puis soupirais.

-En fait, c'est bien la première fois que je te vois mal être une meurtrière.

-...A cause de la nuit dernière..? Pouffa t-elle.

-Chht...Dis-je avec un sourire en coin.

Ne pouvant faire autrement, nous dûmes maquiller ce meurtre en suicide. Ça ne me plaisait pas particulièrement de faire ça, mais avions-nous réellement le choix ? Le temps que nous perdions était très précieux. Plus nous attendions, plus mon Père se rapprochait de la folie...si tenté qu'il est encore à peu près sain d'esprit.

Une fois que nous eûmes fini, nous pûmes redescendre. Nous achetâmes rapidement de nouvelles armures pour ne plus avoir à se protéger avec de simples bouts d'aciers rouillés, et reprîmes la route aussi vite que possible. Rath'irä avait eu beau faire le travail d'une scénariste de génie en changeant le meurtre d'Eorlund Grisetoison en suicide, personne ne savait si cela tromperait une ribambelle de gardes bien entraînés. Nous n'étions plus en sécurité entre les remparts de Blancherive. Aussi, partir bien loin de cette châtellerie était la seule solution.

-...Où va t-on ? Demanda Ma'Rakha, qui était déjà essoufflé, hagard.

-A ton avis ? Répondis-je. Loin de tout ça !

-Mais qu'est-ce qu'on fera après..? Dit mon frère.

Je levais les yeux au ciel, comme si il allait me donner une réponse. Je n'avais aucune idée d'où nous allions.

-..Je ne sais pas. Finis-je par répondre.

-J'ai peut-être une idée. Ajouta Rath'irä. Quoique....non. Mauvaise idée.

-Dis toujours...Soupirais-je.

-...On pourrait faire une invocation. Tu as de sacrées compétences en conjuration, Ma'Rakha

-Me refait pas le coup de l'Académie des Mages, c'est à cause de toi, si j'suis recherché là-bas ! Gronda celui-ci.

-La dernière fois, Rajhin a vraiment été invoqué, mais ça a mal tourné. Soupira la jeune femme.

-Pardon ? Tu m'as laissé en plan ! Continua mon frère. Tout ce que j'ai eu le temps de voir, c'est une brume noire, et le temps de ça, t'as disparue !!

-C'était Rajhin !!! Hurla Rath'irä. Je l'ai poursuivi, mais qu'est-ce que tu voulais que je fasse contre un PUTAIN DE DIEU KHAJIITI ?!! 

-...

Le silence revint quelques minutes, jusqu'à ce que je décide de le briser.

-On va à l'Académie des Mages. Tranchais-je.

-QUOI ?!! S'écrièrent en cœur Rath'irä et Ma'Rakha.

-Je me fous bien que l'un ou l'autre soit recherché, nous, on doit invoquer un drémora, et il est pas question que ça foire. Continuais-je fermement.

-Mais je suis...Balbutia mon frère.

-J'en ai rien à foutre !!

Je me remis à marcher d'un pas bien décidé. Mes compagnons, qui rebutèrent d'abord mon idée, furent bien obligés de me suivre. Laisser Ma'Rakha mener sa petite conjuration au risque de tous finir tués par un drémora incontrôlable ? Très peu pour moi. En tout cas, je préfère avoir ma tête au bout d'une pique devant l'Académie des Mages plutôt que ça.

Nous repartîmes donc vers Fortdhiver. Nous passions notre temps à faire des aller-retours entre les châtelleries, mais c'était nécessaire. De toute façon, nous y serions revenus un jour.

-Ma'Rakha ! Appelais-je alors que le soleil commençait déjà à se coucher.

-Oui..?

-Prends ça !

Je lui lançai une cape couleur fauve plutôt épaisse. Elle était plus lourde qu'une simple cape en soie, et était particulièrement longue. Elle devait être faite avec la fourrure d'un smilodon, puisque quelques tâches semblables à celle d'un de ces félins s'y glissaient.

-Quand on arrivera à Fortdhiver, t'auras qu'à mettre ça...Soupirais-je.

-...

Nous continuâmes notre périple, jusqu'à ce que la nuit tombe. Une fois que nous ne pûmes plus rien voir, notre seul choix fût de monter un camp, comme à l'accoutumée. Ce fut un peu plus dur cette fois, puisque nous étions dans la neige. Les pics des tentes se délogeaient assez facilement, et il n'était, cette fois, pas question de dormir à la belle étoile. Les loups rôdaient souvent dans ces régions reculées, et les ours se trouvaient parfois chassés de leurs zones de pêche, que ce soit par la main des hommes, ou celle d'une autre bête sauvage. Ainsi, en ayant pris le double du temps habituel, nous pûmes monter nos abris. Nous en fîmes uniquement trois, puisque, autrement, nous aurions pris bien plus longtemps. Il fut donc décidé que Rath'irä dormirait avec moi, et que Ma'Rakha et Ajira dormiraient dans leurs tentes respectives.

Après notre dur labeur, nous fîmes un petit feu. Il n'y avait pas de tempête de neige, et tout était très calme. Trop calme, même. Ainsi, nous pûmes manger dans une ambiance bon enfant, bien au chaud malgré la température glaciale des contrées de Bordeciel. 

Une fois arrivés aux termes de notre festin, chacun alla dormir. Les tentes étaient un peu petites, mais confortables. De plus, dormir dans les bras d'une personne aimée est...étrangement agréable. Si, par le passé, on m'avait dit que je me retrouverais dans ce genre de situation j'aurais ri, et probablement pensé que c'est une situation gênante, plus dérangeante qu'autre chose. Pourtant, en cet instant, glisser dans les bras de Morphée était plus simple que tout ce que j'aurais pu penser, et bien rapidement, je sombrai en un long et profond sommeil...

Ma'isha : Sur les traces d'un Pyro-Barbare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant