9: Une solitude, une femme, un fils, un chat (Drago).

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Pour EugeHP désolée du retard !










Drago Malfoy rêvait d'être un moldu. Là où le nom de Voldemort était inconnu et sonnait étrange, là où la bataille de Poudlard n'évoquait rien.

Il aurait voulu effacer ces derniers mois, et recommencer. On était dans le monde des sorciers, ce n'était pas du tout inimaginable.

Mais l'issue du combat plaisait à Drago. Plus de Voldemort, plus de guerre, plus ce Poudlard étrange et oppressant. Ce Poudlard si différent de celui qu'il avait connu...

Dans son enfance, il avait été une vraie horreur. Il le reconnaissait à présent, et il était désolé du mal qu'il avait causé. En réalité, il cherchait à attirer l'attention sur lui.

C'était bête et méchant, ce qu'il faisait subir à ses camarades, mais il se sentait fort en rabaissant les autres.

À présent, il avait bien changé. Ou du moins, il espérait avoir bien changé. Mais dès qu'il sortait de chez lui, il se retrouvait face à ces dizaines de lettres d'insultes, à ces sorciers en colère, révoltés, qui le reconnaissaient dans la rue, il faisait face à toutes ces moqueries. On se moquait de sa lâcheté de Serpentard, de son regard éteint, de sa famille.

Qu'on l'insulte, cela ne lui faisait plus rien. Il s'était construit une carapace dure comme fer.
Mais tous ces gloussements niais à longueur de journées l'énervaient au plus haut point.
Alors il se terrait dans sa chambre, comme un rat dans sa cage. Il avait choisi l'option la plus facile, pas la meilleure.

Et quand il descendait au salon, les souvenirs affluaient. Weasley, Potter, Lovegood, Ollivander et Gripsec prisonniers dans la cave. Les cris de souffrance de Granger. Peter Pettigrow mort. Le sauvetage du groupe par Dobby. Dobby mort. L'engueulade de son père. Le regard triste de sa mère. C'était insoutenable.

Lâche qu'il était, il ne voulait pas affronter les conséquences. Les conséquences de ses actes, les conséquences des actes de sa chère famille.

Il préférerait de loin vivre dans la semi-obscurité de sa chambre et éviter autant que possible le contact avec d'autres gens.

Son père résidait depuis la fin de la guerre à Azkaban, tandis que sa mère avait été relâchée pour avoir sauvé la vie de Potter. Depuis, elle ne sortait elle non plus quasiment jamais de sa chambre.
Ils n'en avaient pas la force.

Ils avaient choisi la solitude, comme toujours.









Drago entendit un hibou gratter à la fenêtre de sa chambre. Cela faisait bientôt deux ans que la guerre était finie, et il n'avait encore jamais reçu de lettre. Il s'empressa d'ouvrir, et un hibou noir avec des tâches blanches qu'il ne connaissait pas rentra dans sa chambre.

Drago le nourrit, et prit la lettre qu'il lui avait amenée. Qui pourrait lui écrire une lettre, à lui ? Le hibou s'enfuit tandis que Drago tournait l'enveloppe dans tous les sens.
Et puis, il se décida à l'ouvrir.

Il lut, en pleurant, ces lignes écrites par quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Quelqu'un qu'il n'avait jamais écouté, quelqu'un qu'il avait toujours embêté, quelqu'un dont il s'était toujours moqué. Il pensait la connaître, mais il s'était trompé. Il s'était fourré le doigt dans l'œil.

Il relut la lettre à voix haute, pour être sûr de ne pas avoir rêvé.

"Cher Drago,
Oui, tu dois trouver ça bizarre que je t'écrive une lettre. Après tout, je suis une sang-de-bourbe, je ne mérite sûrement pas ton attention.
Mais si tu continues à lire, sache qu'on ne t'en veut pas.
Sache qu'on sait que tu n'avais pas le choix.
Sache qu'on peut imaginer à quel point c'est dur d'avoir un père mangemort, comme le tien.
Sache qu'on sait à quel point les gens peuvent faire du mal en se moquant. On l'a vécu, nous aussi, après tout.
Sache que je considère nos querelles enfantines terminées.
Sache que je suis de tout cœur avec toi pour ta reconstruction. Ça prendra du temps, mais tu devrais y arriver, puisque la sang-de-bourbe que je suis y arrive.
J'espère que bientôt, tu auras refait ta vie. Tu seras heureux, on sera tous heureux.
Mais on devra vivre avec. Vivre avec les choix qu'on a fait ce jour-là. Vivre avec nos cauchemars et nos fantômes.
Un jour, dans ce monde meilleur, nos enfants ensemble à l'école, main dans la main (au sens figuré, bien sûr). 
Au revoir, Drago.

Les Oubliés de l'Enfant Maudit.Where stories live. Discover now