Chapitre 61

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Lorsque je me réveille dans la salle d'attente, j'ai une drôle de sensation.

Un frisson s'empare de tout mon corps. Le soleil vient à peine de se lever, mais j'ai l'impression d'être dans la noirceur la plus totale.

Je lève le visage vers la chambre de mon père, la porte est ouverte.
Je me mets debout sentant mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Je l'entends vibrer à une vitesse impressionnante.
Plus j'avance vers la pièce et plus je le sens s'affoler. J'ai l'impression qu'il me crie de faire demi-tour.

Je pose un pied dans la pièce, mon cœur est à deux doigts d'exploser par sa vitesse.
Je découvre deux personnes autour du lit. Mais je ne distingue pas mon père. Le dos du personnel me le cache.
Le docteur Parker me repère directement. Il s'avance vers moi alors que je tremble. Je ne me contrôle pas. J'ai froid aussi.
Non, je ne vais pas bien.
J'arrive à distinguer le corps endormie de mon père par dessus l'épaule du médecin.

-Louis?

Le médecin pose sa main sur mon épaule. Comme il l'avait fait quand il m'avait annoncé une mauvaise nouvelle.
Je le regarde et ce que je lis sur son visage me donne directement la réponse:

-Ton père est mort dans son sommeil.

Ses mots résonnent dans la pièce. Ils arrivent lentement jusqu'à mon cerveau. Celui-ci les écoutent et a aussitôt envie d'exploser.

-Son cœur épuisé n'a pas réussi à passer le cap des deux jours. Je suis désolé.

Le monde s'effondre. Un violent coup de poing percute mon estomac.
Je sens mon cœur s'éteindre.
Mon visage devient livide.
Ma vue se brouille, comme le son.
Je n'entends plus rien. Même plus les paroles du docteur Parker. Tout est lointain.

Je me retire de son geste, de sa main sur mon épaule. J'ignore l'interrogation dans son regard, de ce qu'il cherche dans mes yeux fantômes.
Je recule. Instinctivement, je fais un pas en arrière pour quitter ce lieu. Un deuxième avec autant de prudence. Mon regard se porte sur mes pieds, je ne veux pas voir son corps. Je ne suis pas près. Non. 
Je quitte alors la chambre avec une envie de vomir.

Je ne veux plus rien voir, plus rien entendre, plus rien ressentir.

Je fuis. J'échappe à ce spectacle effroyable, glaçant, foudroyant.
Une fois sorti de la chambre, je pars dans un couloir. Mais je n'arrive pas à supporter ces murs blancs, cette odeur d'hôpital.
Pour ne plus supporter cette merde, je me mets à courir. Je trébuche maladroitement, mais mes pieds me portent je ne sais où. Je cours pour m'échapper de cet endroit misérable. Je ne fais même pas attention où je vais. Mon cerveau s'est mis en mode passif. Mon cœur est glacé. Je suis mon instinct.

Je continue de courir. Je crois que je sors de l'hôpital et que j'entre dans le centre-ville. Je n'en suis même pas sûr. Je fixe le vide.
Je traverse la place. J'entends le bruit de la fontaine, des conversations sur les terrasses du bar. Un de mes amis s'y trouve. Je crois que c'est Oli. Nous nous croisons. Il m'arrête en me prenant par le bras et en me demandant:

-Louis? Ça va?

Il voit sur mon visage que je suis aussi pâle qu'un mort. Mais je ne veux pas lui dire. Aucun son ne peut sortir de ma bouche.
Alors je l'ignore. Je me dégage de son étreinte.

-Louis?

Oli me rappelle, mais je ne me retourne pas. Je continue mon chemin. Je me dirige vers le port. Mon corps est poussé dans cette direction.
Des marins me croisent et froncent les sourcils. Je m'en fous que ma présence les gêne.
Je me précipite jusque dans les bateaux abandonnés, au bout du port. Dans la coque à bateau où nous avons l'habitude d'aller avec Styles.

Meilleur ennemiWhere stories live. Discover now