Talyara //Tome 1:Porteuse//

La phase de transe....

Je déglutis, comment pouvais-je être si essoufflée après un rêve ? Et cette voix, à qui était-elle ?

J'étais si déboussolée et sous le choc, que lorsque je vis Hylan et Jason entourés de trois sacs de voyages et quelques provisions, dans une grotte aussi vide que lorsque j'étais arrivée la première fois, je ne pus réagir rapidement car ma tête était encore embuée de l'émotion et de la transcendance que j'avais ressentis dans mon rêve.

Lorsque je repris complètement conscience de ce qui se passait vraiment autour de moi, j'étais d'ores et déjà en route pour un autre domaine. Silencieuse, je me demandais ce qui m'était arrivée. Depuis ce rêve étrange et ce passage en hypnose, j'avais la nette impression de ne pas avoir eu l'entière possession de mon corps... Comme si je regardais l'environnement d'un œil nouveau après des années de sommeil... Je ne savais plus ce qui m'arrivait, j'étais perdue.

- Talia ?

- Oui ? Dis-je en frissonnant.

- Ça va ? Tu n'as pas l'air bien. Dis Jason.

- Elle a peut-être une migraine ? Elle est souvent perdue après le réveil. Elle va vite regagner son caractère de pierre. Dit Hylan.

Il se retourna inquiet pour ma santé. S'approchant de moi et il leva ma tête. Lorsque je vis sa main se colorer de reflets bleus, je me dégageai brusquement en pensant à mon père. La magie existait bel et bien...

- Où nous emmènes-tu ? Je dis froidement.

- Effectivement, elle a tout de suite retrouvé son charme...Je croyais qu'Hylan te l'avait déjà dit.

- Hylan ?

- Euh... J'ai dû oublier. Dit-il en regardant en l'air.

Je me tournai vers Jason.

- Hylan a voulu sortir de ce domaine et découvrir d'autre chose que du vert. Quand je lui ai dit que j'allais partir aujourd'hui et il a voulu venir avec moi.

- Sans m'en parler ?

- Talia ! Tu n'as rien dit ce matin !

- C'est parce que...

Je ravalai ce que je voulais dire, puis après une pause, je ravalais ma fierté décidant de ne plus ouvrir la bouche en compagnie de cet individu. Je savais qu'Hylan était têtu... mais pas à ce point ! Comment pouvaient-ils décider de partir aussi facilement, quitter le lieu où on avait vécu plus d'une dizaine d'année ? Un grognement résonna entre les arbres, et je vis Blizz se ruer sur moi maladroitement. Jason surpris, hurla de nous méfier et il sortit de nulle part, une épée le pointant vers Blizz. En pleine admiration pour cette lame en fer, brodée d'inscriptions en or sur le manche, je ne vis pas Blizz se diriger droit sur Jason, le regard meurtrier.

- Blizz non !

Il grogna de rage et Jason tomba à terre déboussolé, Hylan se dirigea vers son nouvel ami pour l'aider et moi j'allais, à l'opposé, rassurer Blizz. Après avoir dit, tant bien que mal à Jason que l'ours n'était pas dangereux, nous repartîmes et cette fois-ci, je restai derrière avec Blizz. La complicité qui les unissait me fit un drôle d'effet, la jalousie ?
Tout en caressant les poils de l'ours je repartais flâner dans mes pensées.

- Tu sais ce qui m'est arrivée tout à l'heure Blizz ?

Il grogna, je le pris pour un non.

- J'ai fait un drôle de rêve... Et...

Il expira, lâchant une tonne d'air.

- Oui je sais... Mais ce rêve-là était plus bizarre et plus intense.

J'attendis que Jason se remit à marcher après avoir ramassé un fruit tombé du sac, puis je continuais de raconter mon récit, du rêve et jusqu'à la transcendance que j'avais eu quelques minutes auparavant. Blizz ne fit pas un son. Cela me permit de réfléchir par moi-même et de m'analyser à travers mes propres paroles. Mais la conclusion était encore floue, je n'avais pas d'explication.

- On s'arrête pour aujourd'hui. Déclara Jason lorsque le soleil commençait à décliner.

- La nuit n'est même pas tombée, Je dis en regardant le ciel coloré.

- Oui je sais, mais il faut bien s'arrêter pour le malade, dit-il en décoiffant Hylan qui lui sourit, on ne va tout de même pas épuiser toute ses forces !

Je tournai la tête honteuse, qu'est-ce qui me prenait ? J'aurais dû y penser bien avant lui ! Je regardai autour de moi et je vis un arbre à quelques mètres où je déposais mes affaires.

- Je vais chercher du bois.

- Je viens avec toi, dit Jason

- Non ! Enfin je veux dire il faut que quelqu'un surveille Hylan... Et je pense que c'est évident que ce soit toi.

Je m'éloignais d'eux, me dirigeant vers le lieu où j'avais remarqué plusieurs bouts de bois de bonne qualité. Tout en les ramassant, je sentis une douleur sur ma jambe gauche, je me mis à genoux un instant.

Que m'arrivait-t-il ?

Je me relevai en prenant appuis sur l'autre jambe.

- Ça va aller ?

Surprise, je me retournai en attrapant la petite lame qui me retenait les cheveux, prête à le lancer. C'était en fait Jason. Je me remis à chercher non sans souffler grossièrement.

-Tu as faillis y passer.

-Oh, ça m'étonnerait.

-Comment ça ? Demandai-je en levant un sourcil.

-Eh bien, les objets lancés ne sont pas un danger pour moi, je saurais tous les éviter sans bouger un petit doigt. Tu ne peux pas me blesser, je suis meilleur que toi. Se vanta-t-il en haussant les épaules.

Étonnée, je ne dis pas un mot, en attendant que ses paroles me montèrent au cerveau. Puis je ris à pleine gorgée. Lorsque je repris mes esprits, je repoussai mes mèches en arrière et je me remis à ramasser les branches sans un regard pour lui.

-Tu es plutôt belle quand tu ris.

Ma main s'arrêta en pleine action et mes joues se réchauffèrent, effrayée par cette chaleur déclenchée par ses mots, je sortis un couteau de ma botte.

Une force en moi se libéra. Une force puissante, qui m'insuffla confiance. Je me retrouvai derrière Jason le couteau sur sa gorge ... Encore une fois.

- Je ne sais pas ce que tu veux, et je ne sais toujours pas pourquoi tu es ici. Mais ce que je sais c'est que ton petit jeu de séduction ne marchera pas avec moi. Parce que contrairement à ce que tu penses, je sais comment sont les hommes et la définition d'une femme pour un homme ! Et ce n'est pas parce que je vis seule à l'écart de tous que je ne sais rien de ce monde. Au contraire, j'ai su observer et apprendre à la connaitre.
Je regardais sa gorge avec mépris mêlé d'un sentiment encore plus effrayant. Il contracta sa joue et l'os de son cou sur le côté se montra, de même qu'une de ses veines.