16. Invasion de héros : faufilons-nous dans les couloirs

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Les jours s'écoulèrent. Le Nord et ses paysages sauvages se découvraient peu à peu et Lizzie se surprenait à apprécier leur charme rude et casanier. Le château d'Henry avait disparu loin derrière eux depuis longtemps, frontière entre le Nord et le Sud. Ne restait plus rien, plus rien qu'un paysage désertique, des montagnes abruptes. L'Ecosse n'était pas loin, le repaire de Margaret non plus. Et le volcan par conséquent.

— Halte, ordonna Darcy en levant la main.

L'équipe s'arrêta, obéissante. Le colonel anglais n'avait pas imposé son autorité par la force mais par son charisme certain. Elizabeth et Nicolas admettaient son statut de chef tandis que le jeune homme avait reconnu l'importance d'être une équipe soudée. Et si quelques piques s'échangeaient ici et là, le respect était gagné.

— Vous voyez cette chaîne de montagnes ?

Ils hochèrent la tête. Elle se détachait, sombre et menaçante. Le ciel lui-même se couvrait de nuées noires. Lizzie frissonna. Ils étaient proches.

— Le repaire de la sorcière est au pied des montagnes. Tout autour, un campement de zombies monte la garde pour l'alerter du moindre problème.

— Combien sont-ils ?

— Deux mille selon les dernières informations.

— Et comment allons-nous faire pour franchir cet obstacle ? Frissonna Nicolas.

— Grâce à vous.

— Quoi ?!

Darcy sourit et son acolyte écarquilla les yeux. Cela n'augurait rien de bon.

**********

Il traversa le campement endormi en sentant sa sueur couler le long de sa nuque jusque dans son dos. Darcy avait assommé un zombie un peu trop curieux d'explorer les alentours et Nicolas avait enfilé l'espèce d'uniforme que chaque mort-vivant ici semblait devoir porter. Depuis, il était trois pas devant ses compagnons, tel un éclaireur vérifiant l'absence de danger. Mais tous dormaient.

— Ils n'ont aucun goût, grogna-t-il en avançant vers la lourde porte noire. N'y a-t-il pas de couturière parmi les victimes de Margaret ?

— On s'en moque Nicolas, répliqua sèchement Darcy en avançant à ses côtés, casquette vissée sur le crâne.

Le zombie grommela et jeta un coup d'œil à son camarade. Parmi les tentes, le colonel avait trouvé cette casquette et ne la quittait plus. L'odeur infecte des morts-vivants avait imprégné l'accessoire et camouflait tant bien que mal l'odeur de chair fraîche qu'il traînait.
Derrière eux, Lizzie chipa un large manteau et s'enveloppa dedans, pressée de les rejoindre. Ici, entourée d'ennemis, elle n'était guère à l'aise.

— J'aurais pu dire que vous étiez mes prisonniers, marmonna Nicolas, raide.

— Il suffit que l'un d'eux ne résiste pas à la tentation et nous finirons ici à servir Margaret. Non merci.

Lizzie hocha vigoureusement la tête, tressaillit lorsqu'un zombie émit des grognements sourds dans son sommeil, et sa main trouva aussitôt celle de Darcy parmi les amples replis de sa cape. Il baissa les yeux sur cette petite main et sourit, plus ému qu'il ne voulait l'admettre. Son pouce caressa doucement la peau satinée et il chuchota :

— Nous sommes bientôt arrivés Lizzie. Courage.

Elle se redressa fièrement mais n'ajouta rien. Mieux valait ne pas blesser son amour-propre et lui rétorquer qu'elle n'avait pas plus peur que lui.
Et elle appréciait trop qu'il utilise son surnom pour le froisser.

Au Cœur des Ténèbres ~ Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant