Cinquième chapitre

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Mon premier jour à l'entreprise et c'est à peine si je tiens debout. Je n'ai dormi que cinq heures cette nuit. C'est peut-être amplement suffisant pour la plupart des gens, mais moi, si je n'atteins pas mon quota de sommeil, ma journée est foutue. J'ai bu trois cafés depuis ce matin et j'ai même pris des vitamines.

Je savais que je n'aurais pas dû passer chez Emily. Mais comprenez-moi, j'étais obligée, vraiment obligée, de lui raconter ma journée. Toutes ces informations à traiter n'étaient pas faites pour rester stockées dans mon cerveau. J'ai promis à Daniel que je ne dirai rien à mon père, mais je n'ai pas mentionné que j'emporterai le secret avec moi dans ma tombe. Pour ça, il aurait dû m'assommer à la sortie du restaurant.

Emily a ri de la situation, chose que j'aurais faite si je ne m'étais pas malencontreusement retrouvée mêlée à ce tas de problèmes. J'ai réfléchi au cas où mon père viendrait à l'apprendre, ce qui ne m'étonnerait pas vu la discrétion de Kate et Daniel. Si je les ai surpris aux toilettes, à quelques mètres seulement du bureau de mon père, je me demande comment il n'a pas réussi à les attraper. Peut-être que leur liaison est toute récente. Ou peut-être même qu'ils couchent ensemble depuis qu'ils se connaissent. S'ils travaillaient tous les deux ici, c'est peut-être même possible qu'ils se soient rencontrés avant que Kate ne commence à fréquenter mon père.

Et si je m'étais retrouvée dans un genre de drame familial, où Kate et Daniel sont en réalité amants depuis de longues années et planifient de tuer mon père pour hériter de sa fortune? Dans ce cas, c'est moi qu'ils devraient éliminer parce que je suis quasiment sûre d'hériter plus-bien plus même-que Kate. Et puis même, ça serait stupide en sachant qu'elle a elle même grandi dans le luxe. Elle n'a définitivement pas besoin de cet argent. Mon cerveau va trop loin. J'ai beau faire croire à Daniel que son histoire avec Kate ne me concerne pas, je brûle quand même d'envie de savoir. Pourquoi, comment... Toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête, elles ont indispensablement besoin de réponses. Emily a établi que c'était tout simplement deux vauriens- bon d'accord, elle a employé un autre mot, mais j'essaie de retranscrire sa pensée sans sa grossièreté.

Je sursaute lorsque je sens qu'on me touche l'épaule et renverse la moitié de mon café brûlant.

-Je suis désolée, je ne voulais pas vous faire peur, s'excuse une femme en tailleur.

-C'est rien, je vais m'en occuper, réponds-je alors qu'elle se charge de papier pour absorber le café qui décore à présent le sol.

Je m'agenouille à mon tour et tapote le sol.

-Anne, se présente-t-elle en libérant une main pour me la tendre.

Je la saisis tout sourires:

-Margaret. Mais appelez-moi Mare, j'ajoute, comme à chaque fois.

-Vous êtes la nouvelle à ce qu'on dit.

-Exact, répliqué-je sans trop savoir quoi ajouter.

-On dirait que vous avez l'attention de tous aujourd'hui.

Elle lance un regard autour de nous et je fais de même, toujours accroupie, réalisant enfin que la plupart des regards sont tournés vers le désastre que nous venons de causer.

-C'est juste un peu de café, ils s'en remettront, réponds-je avec un petit sourire.

-Oh détrompez-vous, ils sont comme ça depuis ce matin, dit-elle en riant. Votre arrivée ne passe pas inaperçue.

Je fronce les sourcils pour signifier mon incompréhension mais elle passe à autre chose, pas vraiment de la manière la plus subtile qui soit.

-Je déjeune à midi et quart avec quelques collègues, vous voudriez bien vous joindre à nous?

Le silence est une trahisonWhere stories live. Discover now