Quatrième partie (4/4)

501 70 112
                                    


   C'est avec enthousiasme que David revint une semaine plus tard, pressé de revoir André, inquiété de ne pas réussir à lui plaire et, au fond de lui, désireux de goûter à des plaisirs qu'il n'avait jusqu'alors jamais connus.

Il portait son plus beau costume, celui qu'il devait habituellement mettre uniquement pour la messe du dimanche. Non pas que ses parents ne pouvaient lui en acheter d'autres, mais celui-ci requérait de rester propre et en bon état. Exceptionnellement, sa mère l'avait autorisé à le vêtir ce soir, le croyant en rendez-vous galant avec Denise, la fille aînée du banquier, qui de surcroît lui parut être un bon parti. C'était cette demoiselle qui avait proposé l'idée à David ; lorsque celle-ci comprit à force d'incessantes questions qu'il avait rendez-vous avec un homme, elle lui offrit de servir de couverture. Le jeune homme n'était pas très fier d'avoir été démasqué aussi facilement par Denise, mais il savait pouvoir compter sur son amie pour n'en parler à personne.

Ce fut donc ainsi vêtu que l'adolescent se présenta à nouveau devant le colosse qui ne cacha pas sa surprise de le voir arriver dans cet accoutrement.


— Pas si vite, mon garçon, où crois-tu aller comme ça ? Tu veux qu'ils te sautent tous dessus ? Je ne pourrais pas tous les en empêcher !

— Je ne viens que pour une seule personne, répondit-il amusé, j'en ai trop fait ?

— On n'en fait jamais trop ! Tu es très bien comme ça, quel qu'il soit il ne pourra pas te résister, sois-en sûr.


À peine rassuré par les paroles du grand homme, David marchait doucement dans le couloir, le pas hésitant. Des palpitations commençaient à se faire ressentir dans son ventre et grandissaient à mesure qu'il avançait. Celui-ci se demandait si son cœur n'allait pas tout simplement lâcher quand il verrait André.

Lorsqu'il ouvrit la porte, il crut s'effondrer quand il s'aperçut que le jeune homme n'était pas encore arrivé. Toute la pression qu'il accumulait depuis qu'il était parti de chez lui s'évapora en un instant. David s'assit alors à sa place habituelle et commanda une bière, afin de se remettre de ses émotions.


— Qu'est-ce qu'il t'arrive gamin ? On dirait que t'as vu un fantôme, lui lança René le sortant de ses pensées.

— Désolé, à dire vrai je pensais retrouver quelqu'un.

— André, c'est ça ?

— Ouais, André, lâcha-t-il amèrement.

— Ne t'en fais pas il va arriver. Bien joué pour la dernière fois, je ne l'avais jamais vu autant parler avec qui que ce soit. Toi non plus d'ailleurs, qu'est-ce qui t'a pris ?

— Il faut croire qu'il me plait bien.

— Tu m'étonnes ! s'amusa le vieillard.


Le serveur déposa un demi devant David puis s'accouda contre le bar, face à lui.


— Cadeau de la maison ! Tu n'auras pas besoin de payer aujourd'hui, dit-il.

— Comment ça ? s'enquit l'adolescent surpris par l'offre.

— Il faut vider les stocks ! On ferme, c'est la dernière ce soir.

— Pardon ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Il se passe que ça devient trop dangereux, répondit René, ces salauds vont finir par nous trouver si l'on reste ici.

Juste le temps d'un demiWhere stories live. Discover now