Chapitre 28

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Je ne veux pas y croire.

Je ne dois pas y croire.

Mais c'est ce que je fais parce que je n'arrive pas à répondre à cette question : Pourquoi Fahed s'est intéressé à moi ? Pourquoi ce même jour ?

J'ai pensé pendant longtemps que notre histoire d'amour était des plus belles, des plus merveilleuses histoires. Je me suis souvent imaginé vieillir près de lui, dans ses bras. Mais tout ça, ce sont des rêves, des espoirs que j'ai construit et je les vois s'effondrer à cet instant. Ils n'existent plus.

Avant, il était mon refuge, il était pour moi cette personne que j'aimais, ses bras étaient la place où je trouvais la paix perdue de ce monde. Et me voilà à fuir ce refuge qui m'a trahit.

Tout est juste un mensonge. Tout ça. Il voulait juste se rapprocher de cette pauvre fille qui a perdu son père. Il voulait corriger ses fautes, ses nombreuses fautes.

Je ne sais pas ce que je dois ressentir à cet instant. Peut-être de la tristesse ? De la nostalgie ? Ou de la colère ?
C'est cette dernière qui m'envahit.
Je le déteste ... Ou plutôt je me déteste d'avoir pensé que cette histoire était vraie. Je déteste ces six ans passés qui étaient un plan, un magnifique plan d'un criminel.

Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas balancé tout ça à la figure ? Pourquoi je n'ai pas déversé cette rage sur lui ? Pourquoi je m'enfuis loin de lui ? Tout ce que je sais c'est que j'ai peur. Peur de voir son visage d'ange et penser qu'il m'a trahit. Peur d'entendre la vérité de sa bouche.

Les traits fermés, je me suis précipité vers ma maison et j'ai rangé quelques affaires. A vrai dire je ne sais pas exactement ce que j'ai rangé. Je sais juste que je n'ai pas oublié mon passeport et mes papiers et me voilà dans un avion en direction du Maroc.

Je regarde par la vitre, les nuages dansent dans le bleu du ciel. Je les regarde et c'est là que je verse la première larme. Je sais qu'après celle-ci je ne vais sûrement pas arrêter.

Je n'essaie plus de me calmer. Je pleure, je sanglote, je respire difficilement. J'ai mal partout.
J'ai mal au cœur, ce cœur qui s'est brisé en mille morceaux. Je n'ai jamais imaginé que Fahed puisse me causer une telle souffrance. Je n'ai jamais imaginé qu'il pourrait me faire souffrir un jour. Il a bien joué le rôle de l'ange parfait qui m'aimait. Et je sais que si je remontait le temps... je le croirai encore une fois, une deuxième, une troisième et même des dizaines de fois. Jamais une fille dans ce monde n'aurait pu comprendre son jeu.

L'homme qui est assis près de moi me regarde de temps en temps. Je sens son regard posé sur moi, un regard plein de pitié.

Une jeune fille qui sanglote dans un avion, ça fait pitié non ? Je n'ai plus conscience du temps, je revis ces six ans en essayant de le mettre dans ce cadre de criminel, en essayant de lui coller le visage des méchants hommes dans les séries et les films.

Je le vois différemment, du moins j'essaie. Et je me demande pourquoi il a fait ça ? Pourquoi il m'a trahit ? Pourquoi il a tué mon père ?

Je remarque que tout était un mensonge, même les moindres détails. Sa peur des voitures, était-elle vrai ? Ses blessures ? Et même la mort de sa mère, était-ce un mensonge aussi ?

Trois heures dans le même état. J'essuie mes larmes une fois sortie de l'aéroport.

Cette place, cet air, me rappelle mon enfance. Je me vois sortir d'ici excitée de voir ma grand-mère, on venait la voir chaque été. On restait pas mal de temps avec elle. Les visites ont diminué au fil du temps après la mort de mon père. Je ne suis pas venue ici depuis presque trois ans. Et me voilà dans cette ville : Tanger, dans un seul but, m'éloigner le plus vite possible.

Ici dans cette terre se trouve la plus chère personne pour moi. Ici, se trouve la tombe de mon père. Il voulait être enterré dans la même ville où il est né. On a tout fait pour que son voeu soit exaucé.

Quand je suis venu dans cette ville il y a deux ans, je n'ai pas pu lui rendre visite, je n'avais pas la force. Mais maintenant je suis ici juste pour ça. J'ai besoin qu'il soit près de moi.

Je prends un taxi pour me rendre chez ma grand-mère, cette femme plein de bonheur qui vit seul. Je me voyais petite, demandant à mon père chaque détail, le nom de chaque rue, chaque bâtiment historique que mes yeux remarquaient. Je voulais tout savoir, tout visiter.

Maintenant, je ne vois même pas en dehors de la vitre du taxi. Mes yeux fixent mes doigts. Il fallait que je trouve un repère pour me concentrer, en essayant de m'empêcher de pleurer.

Mais je ne réussis pas à les arrêter facilement ; à chaque fois que j'essuie une larme, une autre prend le chemin de ma joue. Je pense juste à une personne, à une seule personne dont je ne veux plus entendre le nom.
Je n'essaie pas d'oublier parce que je suis convaincue qu'on ne peut pas oublier six ans de sa vie. Jamais.

Une fois devant la maison de Yemma, je me souviens que je n'ai pas la monnaie marocaine.

-Je suis désolée, j'ai juste des euros. Attendez ici s'il vous plait, je vais essayer de vous chercher quelques pièces dans la maison, je vous laisse mon bagage.

-Pas grave ma fille, tu peux y aller. Que Dieu t'aide à dépasser ta douleur, dit le conducteur.

Il se retourne et me regarde droit dans les yeux, j'ai touché encore la pitié d'une autre personne. Je n'ajoute pas un mot et sort immédiatement du taxi sans oublier le sac que j'ai avec moi.

Je toque en espérant qu'elle soit là. Des secondes s'écoulent avant que j'entende la voix de Yemma à l'autre bout de la maison.

-Ana majia, me dit-elle en arabe, m'informant qu'elle arrive.

Quand elle ouvre la porte. Son visage prend des traits de surprise, elle me regarde un instant et me lance un sourire triste avant de me prendre dans ses bras.

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Oups ! C'est tout ce que j'ai à dire 😶

Alors comment vous avez passé votre journée ? Trés bien ? J'espère que vous allez bien ❤

Que pensez-vous de ce chapitre ? Si vous avez suivi l'histoire depuis le début, vous savez bien qu'Inès s'enfuit toujours quand elle a mal, elle s'éloigne et c'est exactement ce qu'elle a fait encore une fois mais elle s'est enfui plus loin que d'habitude 😂

C'est tout 😊 Passez une belle journée.

Six ans près de toiWhere stories live. Discover now