40. Une fille (part 2)

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Clémence dormit pendant tout le vol qui les ramenait chez eux. Martin, se perdit dans ses pensées en la regardant.

Ça y est la partie la plus difficile était derrière lui, hormis l'incident de la bague, la demande s'était bien passée, il n'avait pas pleuré, pas oublié son texte, pas bafouillé et personne n'avait interrompu leur moment. Et le plus important de tout, elle avait dit oui.

Il savait qu'elle allait dire oui. Elle avait déjà à moitié accepté au mariage de Pauline et François mais ça ne l'avait pas empêché de stresser comme un malade. Il en avait parlé à son père qui lui avait dit " Si elle ne te terrifie pas un peu, ce n'est pas la bonne". Pas de doute, Clémence était bien la bonne.

Il se maudissait quand même d'avoir oublié sa bague. Il espérait vraiment qu'elle allait lui plaire. Il avait pris un gros risque en la choisissant.

Il s'était rendu chez un grand bijoutier New Yorkais avec Hugo, la veille de l'élection de Trump. Au début, il avait essayé de penser comme Clémence. Qu'est ce qu'elle choisirait si elle était là ? Il la connaissait assez pour savoir qu'elle aurait sélectionné la bague la plus fine et délicate de la boutique, très minimaliste et discrète. Surement un anneau en or, peut-être rose, orné d'un tout petit diamant. Ou un truc du genre.

La vendeuse lui avait présenté trois modèles, tous très jolis, qui plairaient sans aucun doute à sa chérie. Mais il trouvait qu'elles étaient un peu pareilles, il pouvait à peine voir la différence entre les trois. Aucune n'avait ce petit truc en plus qu'il espérait. Aucune ne lui faisait vraiment penser à Clémence.

Ils étaient ressortis bredouille, une heure plus tard. Hugo était légèrement agacé et lui avait lâché "Tu sais, si tu cherches à tout prix à prendre ce que Clémence aurait choisi, autant la laisser faire. Elle fera un bien meilleur job. On est jamais mieux servi que par soi-même."

Il y était retourné quelques jours plus tard, après être allé rechercher Lucille à l'école. Il lui avait dit que c'était le cadeau de Noël de sa maman et qu'elle ne pouvait absolument rien dire. Il avait confiance en la petite.

Cette fois, il avait pris en compte la remarque d'Hugo et avait changé de perspective. Il n'essayait plus de penser comme Clémence, mais de penser à Clémence. De choisir ce qui lui plaisait à lui, et qui lui rappelait sa copine.

Il eut rapidement un coup de cœur sur un modèle aux antipodes de ce qu'il avait repéré la dernière fois. Une bague un peu plus grosse, au charme antique, typique des années 1930, un anneau en or jaune, orné d'une opale au reflet bleuté, qui était entourée de quelques minuscules diamants. Elle lui rappelait celle de sa grand-mère, décédée quelques années auparavant.
Elle dégageait quelque chose de spécial, une beauté classique et intemporelle. Comme Clémence.

Il consulta Lucille, en lui montrant une des bagues qu'il avait repérées la dernière fois et puis celle-là. La petite choisi immédiatement le coup de cœur de Martin. Ça l'avait énormément conforté dans son choix. Pour certains, demander l'avis d'une fillette de sept ans pouvait sembler ridicule. Mais pour lui, non. Lucille était une partie de Clémence.

Il adorait la bague et ne regrettait pas du tout son choix. Il croisait les doigts pour qu'elle l'aime autant que lui.

L'annonce de la descente sur l'aéroport de New York- LaGuardia interrompit sa rêverie.

À peine arrivés, ils se dépêchèrent d'aller rechercher Lucille chez Harriet. Ils remercièrent chaleureusement les parents qui avaient pris soin d'elle durant ces quelques jours, sans eux, rien n'aurait été possible. Le couple américain complimenta Clémence et Martin sur l'anglais de leur petite fille.

L'interview Where stories live. Discover now