Chapitre 4 - Cellule JKP

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Au cœur d'une pièce sphérique, deux silhouettes translucides prennent teintes au fur et à mesure. Les traits se dessinent d'une telle rapidité que si l'on ferme les yeux plus de deux secondes, l'apparition de ces deux corps nous donnent l'impression de prendre d'un seul coup. Hors, les jumelles semblent avoir subi une matérialisation corporelle.

Les voici assises dos l'un contre l'autre, toutes deux en position fœtal. Pétrifiées par la peur, les fillettes ne réalisent pas encore qu'elles viennent d'apparaître dans un endroit qui leur est inconnu.

Béhi bouleversée par l'événement sanglote la tête dans ses bras. Sa main humide relève une mèche blonde qui s'est échappée d'une natte. Elle se maintient la tête en n'osant ouvrir les yeux. Le silence règne et Iga reste paralysée par la terreur. La pauvre préférerait disparaître plutôt que de comprendre, ce qui vient de se passer.

Béhi se retourne vers sa sœur les paupières toujours soudées, a

ttrape son dos et l'enlace très fort, tout en collant sa joue contre sa nuque.

C'est bien elle, c'est bien elle... songe-t-elle en lâchant un soupir de soulagement.

Elle descelle doucement ses deux paupières, tout en ouvrant la bouche abasourdit par cette étrange vision.

— I...Ig...Iga ! bégaye-t-elle en tapotant l'épaule de sa sœur.

Celle-ci lui répond d'un faible râle sans même lui jeter un regard.

— Iga, sors ta tête de tes bras. Je crois que l'on est dans une sorte de prison, regarde ! Dit-elle en la secouant.

La brune lève doucement la tête. Son sang ne fait qu'un tour à la découverte de cet étrange endroit. Son souffle se coupe quand elle pose son regard sur l'un des coussins blanc collé au mur arrondi. Elle reprend sa respiration et se met debout. Elle agite sa tête de tous les côtés pour examiner la pièce dans sa globalité, Béhi fait de même, tout en étant assise.

La pièce est recouverte de coussins, tous blancs et carrés. Leurs surfaces ressemblent au cuir de certains canapés. Mais les jeunes filles ne devinent pas cette matière. La prison blanche est en forme de cloche, le sol est recouvert de d'oreillers gris. Il est salit par des traces partant du marron au noir, ainsi que de poussière. Le plafond, est recouvert d'un néon blanc épousant la forme circulaire.

— On est où, bordel ?! Comment on a atterri ici ! Je me souviens des hommes enragés, dis-moi ils nous ont mis en prison ? On est écorchée de partout ! Tu as vu quelque chose Béhi ? l'interroge-t-elle tout en lui lançant un regard accusateur.

Béhi se lève à son tour et se met face à sa sœur.

— C'est toi, qui m'as dit de te suivre dans cette eau ! Je me sentais plus moi-même, je t'ai fait confiance. Tu m'accuses de quoi ? C'est plutôt à moi de te poser des questions. Qu'est ce qui ne va pas chez toi, Iga ! Dans quel pétrin, tu nous a mises ? Qu'est-ce qu'on va devenir ?! Vocifère-t-elle tout en poussant sa sœur de sa main gauche.

Iga laisse son corps prendre les petits accoues, jusqu'à ce que son dos touche le mur douillet. Sa paume caresse le tissu froid, ses yeux se remplissent de larmes. Elle ferme les yeux comme pour disparaître et empoigne les épaules de sa sœur.

— Trouvons la porte ! Aucune serrure est indestructible, commande Iga.

Les deux sœurs partent l'une à l'opposé de l'autre, et tapotent les poufs, glissent leurs doigts dans les fentes, avec l'espoir de trouver une faille.

Au bout de deux minutes, Béhi se tourne en direction de sa sœur pour exprimer son désarroi. Mais à sa grande surprise, elle perçoit une silhouette translucide au cœur de la cloche.

Les entre-mondesWhere stories live. Discover now