11. Apprendre à se protéger.

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Lorsque je me réveille, je prends conscience du bazar que nous avons parsemé sur mon lit. Un certain nombre de produits de beauté et de paquets de bonbons vides sont étalés autour de moi. Léa, quant à elle, a déjà disparu.

Je jette un œil à mon réveil et me rends compte qu'il est treize heures. Malgré la tonne de sucreries ingurgitée la veille, mon estomac crie famine.

Alors que je sors de la chambre pour descendre au rez-de-chaussée, je croise Léa dans le couloir qui sort de la salle de bain.

- Salut Charlie ! Bien dormi ?

- Oui et toi ?

- Bien dormi aussi, même si j'aurais aimé dormir encore un peu.

- Tu repars quand ? je lui demande, soudainement attristée.

- Je vais pas tarder à partir. Ton père va me conduire à l'aéroport d'ici vingt minutes. Tu veux m'accompagner ?

- Bien sûr, quelle question !

La voir partir me peine et m'inquiète à la fois. Maintenant que je sais qu'elle lutte quotidiennement pour que le campus où elle étudie reste un lieu de paix, je ne peux m'empêcher d'avoir peur pour elle.

- Oh Charlie, ne fais pas cette tête. On se reverra bientôt ! Et puis, tu sais très bien que tu peux m'appeler dès que tu veux.

- Oui, je sais, mais j'aurais aimé que tu restes plus longtemps.

- J'aurais aussi aimé pouvoir le faire.

Sur ces mots, Léa m'enlace. Elle sait très bien que c'est ce dont j'ai besoin pour aller mieux.

- Ta mère est en train de nous préparer des sandwichs pour qu'on les mange dans la voiture. Tu as le temps d'aller prendre une douche si tu veux avant qu'on ne parte.

- D'accord, j'y vais.

Après une douche express, il est déjà temps pour nous de rejoindre la voiture. Léa dit au revoir aux Martins et à ma mère puis nous prenons place dans la voiture aux côtés de mon père.

Le trajet est silencieux. Les mots sont superflus. Nous n'avons pas besoin d'ouvrir la bouche pour savoir à quel point cette séparation nous pèse. Léa est comme la sœur que je n'ai jamais eue. Elle a toujours été la personne sur laquelle je prenais exemple. Elle a toujours été celle qui m'éclairait sur les expériences qui m'attendaient. Et je m'aperçois à présent qu'elle aura à jouer ce rôle dans un tout nouveau registre. Celui du surnaturel.

Une larme coule sur ma joue, silencieuse. Léa, assise à l'avant, me voit dans le rétroviseur et se retourne pour me saisir la main et me sourire. Elle me réconforte comme elle peut alors que nous sommes bientôt arrivés au terminal de l'aéroport. Son terminal.

Dans le hall de l'aéroport, nous nous disons au revoir de manière pudique, mais nous n'en pensons pas moins. Je sais qu'elle retient ses larmes pour demeurer la plus forte de nous deux. Et j'essaye d'en faire autant. La voir s'éloigner est difficile, mais je tente de rationaliser en me disant que je la revois bientôt. En tout cas, je l'espère.

De retour à la villa, nous trouvons les Martin et ma mère devant la télévision. Ils ont tous une mine dépitée.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demande mon père.

Pour toute réponse, ma mère lui désigne l'écran du bout du doigt. Ils regardent une chaine d'informations en continu et on peut lire en gros titre « Un tueur en série dans les Landes ? ». Il est annoncé trois victimes, toutes de sexe féminin et âgées de moins de trente ans. Deux d'entre elles ont été tuées alors qu'elles faisaient leur footing matinal. La dernière a été tuée sur le parking d'une discothèque. Elles ont toutes les trois été vidées de leur sang.

Witchcraft - Tome 1 : Rencontrer la magieOnde histórias criam vida. Descubra agora