Witchcraft - Tome 1 : Rencontrer la magie

Épilogue

La tête collée contre la vitre arrière de la voiture, je regarde pour la dernière fois la villa.

Cela fait une semaine que j'ai perdu mes pouvoirs. Et cette semaine a été épouvantable.

Tenter de trouver une solution à mon problème est devenu une obsession. Jour et nuit, enfermée dans ma chambre, je parcourais encore et encore le Liber Magicus, armée de mon dictionnaire pour les traductions.

J'ai traduit tous les titres de toutes les formules. Puis, j'ai traduit les formules qui étaient susceptibles de m'aider, de près ou de loin. J'y ai passé des journées et des nuits entières. Je ne me reposais pas ou très peu. A peine une heure ou deux, par ci par là. Un vrai zombie.

Mon père a fini par venir dans ma chambre un soir pour me parler. Il m'a fait comprendre qu'il n'y avait aucune solution et que nous devions commencer à accepter la situation. J'avais l'impression que chacun de ses mots représentait une lame de rasoir venue taillader mon cœur.

Je suis passée par tous les stades possibles et imaginables. Le déni. La colère. La tristesse. Le désespoir. Puis, à la fin de cette conversation, agrémentée de larmes des deux côtés, j'ai fini par passer au stade de l'acceptation.

Pourquoi instaurer de telles sanctions quand on enfreint une règle, si c'est pour pouvoir facilement se tirer d'affaire ? Ça n'aurait aucun sens. Et je fais les frais de cette rigueur aujourd'hui et pour le reste de ma vie.

Je suis peu à peu sortie de mon isolement. C'est alors que je me suis rendue compte que j'avais délaissé Lucas. Nous avons longuement discuté et il m'a fait comprendre que quoi qu'il arrive, peu importe la distance, il serait là pour m'épauler. Il ne me tient pas rigueur de ces derniers jours si éprouvants. Personnellement, je culpabilise de l'avoir laissé à l'écart alors que j'ai pleuré sa pseudo-mort pendant ma captivité.

Entre ces quatre murs, j'ai cru que j'allais devenir folle. Tout me rappelait ma nouvelle identité déjà perdue. C'est ici qu'on m'a fait cette annonce qui a changé ma vie. C'est également dans ce coin que ma vie est retournée à la normale, contre ma volonté. La villa est devenue synonyme de perte. Elle demeurera à jamais une parenthèse surnaturelle dans ma vie.

Cette idée m'étouffait. Je n'y tenais plus. Nous avions encore une semaine de vacances. Je ne l'aurais pas supporté.

Hier soir, j'ai réuni tout le monde dans le salon et je leur ai expliqué mon état d'esprit. Je leur ai montré qu'il m'était impossible de rester dans cet environnement qui me rendait folle.

Ils ont tous compris. D'eux-mêmes, ils ont déclaré que nous allions faire nos valises et partir au petit matin.

Et nous y voilà.

Les deux voitures sont chargées. Nous sommes prêts à partir.

Une main sur la vitre, je dis adieu silencieusement à cette villa, que je ne verrai plus jamais de la même manière désormais. Je vais reprendre ma vie à Nantes, là où je l'ai laissée.

A la différence près que cette fois-ci, le surnaturel n'en ferait définitivement plus partie.