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Es-tu là ? Me regardes-tu en ce moment même ? Me vois-tu, triste, brisé, le coeur en morceaux arrachés ? En quittant ce monde, tu as emporté avec toi ma joie, mon bonheur, le sens de ma vie. Mais pas les souvenirs. C'est cela qui fait le plus mal.

Je me souviens très bien de notre première rencontre, je faisais un petit boulot d'été pour me faire de l'argent de poche et payer mes futures études, j'étais serveur, j'avais 16 ans.

Je suis allé chercher une livraison pour la déballer et ranger la nourriture dans les cuisines. Quand je suis allé chercher le deuxième paquet, je me suis cogné et j'ai fais tomber le paquet avec moi, la tête ailleurs.

Quand j'ai relevé la tête, c'est à ce moment-là que je t'ai vu.

Tu étais là, les cheveux longs et bruns, avec de magnifiques reflets roux, qui me font rappeler la beauté de l'automne. Tes yeux rieurs, tes lèvres pulpeuses et ton visage enfantin m'ont tout de suite fait tomber sous ton charme. Tu me regardais, ahurie, comme si tu avais vu un fantôme. Je devais certainement te regarder de la même façon.

Aucun de nous ne bougeait, je n'arrivais pas à faire sortir un son de mes lèvres, et on continuait à se regarder.  Tout ce que j'entendais était mon coeur en train de jouer aux percussions. Il n'y avait plus rien autour de nous, plus aucun son, juste toi et moi.

Je t'ai alors demandé si tu allais bien, en m'excusant d'avoir été si maladroit. Je m'inclinai une bonne dizaine de fois, terriblement mal à l'aise. Tu m'as alors rassuré en souriant timidement.

Je t'aidais à te relever, et on continuait à se regarder, nos coeurs battaient à l'unisson, faisant un concert à eux tout seul, je te tenais toujours la main.

Quand le chef arriva, je le regardai, terrifié, il me semblait pas très content, donc je m'inclinai encore et je ramassai le colis et rentrai à toute vitesse dans la cuisine.

Je l'ouvris, quelques plats étaient déchirés et dégoulinaient, mais les autres étaient en bon état, donc je les nettoyai et les rangai, et jetai les autres.

Je sortis mon portefeuille pour rembourser les plats endommagés et me dirigeai vers le chef, qui m'attendait à l'entrée, avec toi. Je m'excusais une énième fois devant vous et donnai l'argent au chef. Mais tu stoppa mon geste, repoussa délicatement mon bras vers moi et sortis ton porte-feuille en disant que tout ça était de ta faute.

Le chef prit l'argent, te remercia, à peine poli et retourna en cuisine. Je te regardais, perplexe. Je ne savais pas quoi dire, je perdais tous mes moyens devant toi, on était tous les deux gênés, mais je finis par te proposer de sortir tous les deux en tête à tête. Tu as accepté avec ton plus grand sourire irrésistible.

Je sentais mon coeur exploser, prêt à sortir de ma cage thoracique, je rougis et souris bêtement.

Comme j'avais fini mon service, on s'était promené dans le parc d'à côté. On discutait, on ne voyait pas les heures passer, elles défilaient avec une vitesse surprenante. On avait fait connaissance, on riait ensemble, cassant le silence et la tranquillité du grand parc illuminé par les étoiles. On parlait tellement qu'à la fin, on avait mal à la langue, c'était la première fois que ça m'arrivait.

Quand nous avions vu l'heure, on s'était décidé à rentrer, je t'accompagnais jusqu'à chez toi.

Il s'était passé tellement de choses qu'il me faudrait des heures pour tout raconter, je me souviens de chaque petit détail de cette journée.

C'était une journée inoubliable, elle sera toujours gravée dans ma tête. Je n'ai jamais été aussi souriant, aucune personne ne m'avait fait ressentir ça, le bonheur. Je l'avais peut-être ressenti avec ma profonde amitié avec Minhyuk, depuis tout petit, mais jamais autant, c'était un autre bonheur, totalement différent.

Je me souviendrai de ton rire qui sonnait comme celui d'un ange, de ton sourire contagieux qui illuminait ton visage et toutes les personnes qui le regardaient. Quand j'y repense, je souris tristement, quelques larmes coulent sur mes joues.

J'allume mon téléphone et écris un message, ce que j'ai l'habitude de faire tous les soirs.
Ça m'aide à faire mon deuil, de penser que tu lirais mes messages, dans l'au-delà, même si je sais bien que tu ne me répondras pas.
Et aujourd'hui, je t'écris juste:

- Tu me manques

mon ange gardien ; changkiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant