Chapitre 4

343 114 68
                                    

- Fais attention à toi.

J'arrête ma course et me retourne brusquement pensant que c'est elle qui a dit ces mots d'affection. Ces mots que je n'avais jamais encore entendus auparavant de sa part, mais mon espoir s'envole lorsque je vois que la porte est fermée.

Je pense que ce n'est pas le genre de phrase qu'elle pourrait me dire.

J'ai dû rêver, encore, pour me donner de la force peut- être, suis-je vraiment si faible que ça ?
Je cours le plus vite possible vers la voiture de mon père et monte rapidement sur le siège conducteur.

Je démarre prestement le moteur et sors par le portail, mon père oublie souvent de le fermer.

Je regarde une dernière fois derrière moi avant de partir, la porte de la maison est toujours fermée. Ma mère a dû remonter se coucher.

Mes pseudo-parents n'ont même pas essayé de me rattraper pour m'empêcher de partir. On dirait qu'ils s'en fichent, je crois qu'ils pensent que je vais revenir et qu'ils n'ont pas à s'inquiéter car c'est juste une crise d'adolescence.

Alors c'est vrai, ils ne m'ont jamais appreciée.

Quand j'étais petite, j'avais déjà l'impression qu'ils ne me désiraient pas. Dès que je voulais leur dire quelque chose, c'était toujours la même réponse qui sortait de leur bouche: "Plus tard Naya".

Toujours cette phrase, cette même phrase qui me brisait le cœur.

Mais à chaque fois je leur répondais avec un sourire aussi faux que l'amour qu'ils portaient pour moi.

C'est à cause d'eux que je me suis renfermée sur moi-même.

Tout ça est de leur faute.

Ça fait au moins dix minutes que je roule, sans être vraiment certaine de savoir où aller.

Mais une chose est sûre: je suis enfin libre.

Je n'ai plus toutes ces pensées négatives qui s'étaient accumulées pendant tant d'années.

Je m'arrête finalement près d'un lac. Je descends de la voiture, ferme les yeux, lève la tête vers le ciel et inspire un bon coup. Je n'ai jamais encore eu ce sentiment, ce sentiment de légèreté. Je prends la décision de m'asseoir sur l'herbe au bord du lac, j'admire le reflet de la lune. 

Peut-être que c'est le moment de la lire. Je me remets sur mes jambes et me dirige vers la voiture. Je l'ouvre, prends mon sac puis fouille dedans. C'est bon je l'ai trouvée. Je me rassis au bord du lac, puis je l'ouvre, cette fameuse lettre. L'écriture est très fine mais reste lisible, comme si elle était écrite à la hâte.

Je commence à la lire :

"Naya,
Si tu lis cette lettre, sache avant tout que je t'aime et que je n'ai jamais voulu t'abandonner.
J'espère que tout se passe pour le mieux pour toi et que ma sœur s'occupe bien de toi."

Je m'arrête soudainement de lire.
Je sens mon cœur battre de plus en plus fort.

"Ma sœur" ? Alors celle que je pensais être ma mère depuis mon berceau est en fait ma tante ?

Je sens mes yeux se mouiller mais je retiens mes larmes de toutes mes forces. Du bout de mes doigts, je tente de garder la lettre entre mes mains tremblantes :

" Je pense qu'elle ne te l'a pas dit, pour ne pas que tu te poses trop de questions.

Ne lui en veux pas s'il te plaît, ce n'est pas de sa faute, elle n'a jamais voulu avoir d'enfants.
Je sais qu'elle peut être rude à certains moments mais c'est juste son caractère. Ce n'est pas de sa faute mais de la mienne.

Tout est de ma faute.

Au moment où tu liras cette lettre je serai sûrement dans la même situation catastrophique. Je ne te dirai pas laquelle pour que tu ne te fasses pas une mauvaise image de moi.

Je ne veux pas que tu me vois comme une mauvaise mère. Je ne veux pas que tu me détestes.

Même si je crois que c'est trop tard.

Ta mère qui t'aime fort.
Lille 08/09/04. "

C'en est trop, mes larmes coulent à flots. C'est la première fois de ma vie que je pleure autant. Je les essuie rapidement de mon visage. Trop de sentiments confus se mélangent en moi.

Je veux en savoir plus sur elle, je veux savoir pourquoi sa sœur m'a adoptée. J'aimerai tant pouvoir entendre sa voix, lui parler et la voir.

Je pense que je ne peux pas avoir les réponses à mes questions seule. Mais je ne veux pas avoir l'aide de ma tante, je ne veux pas retourner dans mon ancienne maison. Déjà qu'elle ne voulait pas me dire pourquoi elle m'a adoptée, je suis sûre qu'elle n'aurait pas eu le courage de montrer cette lettre.

Je me lève et pars en direction de la voiture. Je redémarre la voiture et continue mon chemin vers l'inconnu. Mais ma tête se cogne brusquement contre le dossier de la Jeep, heureusement que les freins d'urgence se sont enclenchés ;  quelqu'un est au milieu de la route, devant ma voiture.

Avis ?

Adopted.Where stories live. Discover now